Accueil ACTUALITÉ Relogement dans la Capitale : 1 093 familles recasées à El-Harrach

Relogement dans la Capitale : 1 093 familles recasées à El-Harrach

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Le relogement des indus occupants de deux sites précaires, dans la commune de Hussein-Dey, et d’un troisième dans la commune d’El-Harrach, a été lancé, comme annoncé dans notre édition d’hier, par les services compétents dans la wilaya d’Alger. Au total, ce sont 1 093 familles qui seront recasées, au titre de la première phase.
Rendez-vous a été donné aux médias devant le cabinet du wali d’Alger. L’heure fixée était de 9h30. Les trois bus mis à la disposition de la délégation officielle accompagnée des organes de la presse écrite et audio-visuelle, armées de leurs accessoires et bagages pour cette dernière, ne démarreront que vers les coups de 11 heures. Entre temps, le chargé de communication de la wilaya remet aux présents des badges de couleur jaune, sur lesquels étaient inscrits presse en deux langues. Comme information, il nous signale que deux points sont au menu de la visite, Gaspard-de-Prony (Oued- Ouchayah), dans celle de Bachdjarah, et Rachid-Kourifa, dans la commune d’El-Harrach, tous deux relevant de la circonscription administrative d’El-Harrach. Le vrombissement des moteurs, annonçant le départ, car ces derniers ne sont nullement arrêtés durant toute la période d’attente, délivreront les journalistes de leur longue désespérance. Arrivée au premier point, dans une ambiance houleuse et empreinte de rallye, la délégation a vite fait, après quelques explications données au wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, illustrées par des démonstrations manuelles, de reprendre sa place dans les bus. Le retour aux places assises s’est fait prestement à tel point que les journalistes, ne sachant à quel saint se vouer et à quelle source puiser leurs données, n’ont pu décrocher aucune information nécessaire à la rédaction de leur papier. Une bifurcation plus loin, on est à Rachid-Kourifa. Même topo que lors de la précédente escale: vitesse dans l’inspection, chuchotements entre responsables, propos à peine audibles pour des raisons du soufflement du vent fort généré par la vitesse des véhicules sur la double voie. Dans le champ de vision, des familles plantées devant les camions emplis d’indicateurs divers de déménagement. D’autre part, des doigts d’autres personnes montrent, en guise de complément d’explication, des projets de logements en chantier sur le haut d’une falaise. Et personne pour vous dire de quoi il s’agit. Vite, on repart de plus belle !

«El-Harrach : des protestations avec des bébés dans les bras»
Croyant qu’ils seront de retour chez leurs rédactions, les journalistes ont été informés de se diriger vers un troisième point, toujours à El-Harrach, au lieu-dit Rachid-Kourifa. Vers le site d’accueil. Une cité immense, mi-réceptionnée, «mi-en construction», aux couleurs chatoyantes. Ici, on annonce la réception de 600 logements. Le nombre de familles relogées a atteint, quant à lui, les 158 familles sur les 400 prévues. Des dizaines de camions sont stationnés le long d’une allée poussiéreuse. À la vue du cortège officiel, une masse compacte humaine se dirige pour lui souhaiter la bienvenue. Pas de la façon requise. Des dossiers à la main, des jeunes survoltés crient avoir fait l’objet d’une injustice dans l’attribution des logements. Le dispositif de sécurité quadrille le wali, empêchant les contestataires de s’en approcher. D’autres jeunes crient à qui veut les entendre de laisser ces derniers éclairer les lanternes du wali. En vain. Des accélérations pédestres sont au menu, effectuées nerveusement par des mécontents, pour suivre le rythme de la marche de la délégation et transmettre à des mains accueillantes, la preuve de leur désarroi. Le wali attentif, parfois y répond : «Faites un recours, des bureaux créés à cet effet existent. Une commission (présidée par le directeur du logement de la wilaya d’Alger, ndlr) se chargera de les étudier au cas par cas. Celui qui a été lésé sera, en toute logique, rétabli dans ses droits». Le bruit des protestations est souvent noyé dans celui des tirs de baroud, une troupe folklorique équestre s’en occupe indifféremment. Celle-ci contribue, souvent, à la provocation d’autres intonations, féminines cette fois-ci, témoignant d’une panique réactionnaire. Graduellement, la masse humaine chargée de l’hospitalité s’agrandit. Des femmes s’y mettent à leur tour. Évanouissements et crises d’hystérie meublent leur grogne. Leurs enfants sur la poitrine ou à la main, lorsqu’ils sont plus grands, ont été exploités comme attrait de compassion à leur égard. Leur revendication est qu’elles n’ont pas figuré dans la liste de recasement. La pression qu’elles font est énorme, ce qui a dissuadé la garde rapprochée du wali et les éléments de la police judiciaire, en nombre important, de les interdire de rencontrer Abdelkader Zoukh. Quelque temps après, dans une ambiance électrique, le chef de l’exécutif en a parlé avec l’une d’elles, celle qui a produit beaucoup de larmes et bénéficié de l’appui de ses proches et voisins. Ce qui ne fut pas le cas de quelques jeunes. L’un d’eux brandit même un nouveau-né de trois jours, emmitouflé dans un drap en laine, blanc et rose. Il le porte tendrement dans ses bras, se tenant à distance de la concentration humaine, évitant ainsi à son enfant qu’il soit, selon toute vraisemblance, touché par le déplacement quantitatif des organes. Le jeune, bien bâti, apostrophe le parcours du wali, au pied de l’immeuble que celui-ci a visité, inspection un logement-témoin. La tentative qu’il aurait pris de soin de concocter pour s’attirer les regards ne sera qu’infructueuse. Comme celle, d’ailleurs, d’un autre jeune, en larmes, celui-là, qui gesticulait dans tous les sens, opposant une farouche résistance aux ambitions des forces de l’ordre de le calmer. Celui qui se déclare son frère insistait, pour sa part, violemment des fois, pour la voix du calvaire, soit entendue et les droits qu’ils réclament résolus par qui de droit. Sans logement et sans ressources, sans parents, la liste des facteurs attentatoires à un cadre de vie serein, a été énumérée, le hoquet en ponctuation, dans une ambiance tragique. Les images pathétiques de femmes, dont quelques-unes n’ont pas atteint la trentaine, entraînant dans le sillage de la manifestation de la douleur, leurs enfants, des fillettes bien enveloppées dans des habits qui les préservent du froid, courant dans tous les sens, quelquefois plus vite que les responsables qu’elles veulent qu’ils leur parlent, est désolante à plus d’un titre. Elles témoignent d’une révolte ayant couvé durant des années dans le cœur d’une population meurtrie, à laquelle on a trop promis et miroité l’espoir d’un toit décent, et qu’au bout du compte on laisse, encore, conjuguer les verbes de la délivrance à tous les temps. Les courses-poursuites que la presse a engagées durant cette sortie, afin de toujours atteindre la délégation officielle qui se déplaçait d’un pas alerte, a eu des conséquences négatives sur l’objectif d’accéder à l’information, que l’on veut, pour des impératifs sécuritaires, noyer dans les non-dits.
Zaid Zoheir

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