Accueil ACTUALITÉ Réhabilitation de Khelil : Hanoune émet des réserves

Réhabilitation de Khelil : Hanoune émet des réserves

0

La patronne du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, baisse son tempérament vis-à-vis de l’ex-ministre de l’Énergie, Chakib Khelil, de retour au pays. S’exprimant, hier, avec une déclaration laconique, au sujet de l’homme politique, la dame de fer, rendue célèbre par ses positions anticapitalistes, estime, contre toute attente, qu’il s’agit d’«un non-événement».

Une réaction en soi qui n’est pas une position reflétant, plus ou moins, les propos tenus dans le passé récent par la patronne du PT, à l’adresse, surtout, de Chakib Khelil, fraîchement rentré en Algérie. En effet, pour mémoire, la responsable trotskiste ne rate pas l’occasion de descendre en flamme l’ex-ministre, accusé, lui, et son entourage familier d’être mouillés dans le scandale de l’affaire judiciaire de Sonatrach, éclatée en 2010. Lequel haut responsable, en effet, après un exil aux État-Unis qui aurait duré environ 5 ans, depuis notamment son éviction au sein du gouvernement suite à ce scandale de corruption ayant ébranlé la Compagnie pétrolière nationale, a pu regagner le pays, jeudi dernier. Celui-ci a été accueilli au salon d’honneur de l’aéroport d’Oran par le premier magistrat de cette wilaya, comme événement largement médiatisé à travers les organes de la presse nationale. Une fois n’est pas coutume, la première responsable du PT n’a pas versé dans les attaques ouvertes qui sont habituellement siennes, surtout lorsqu’il s’agit d’un responsable «cité ou impliqué» dans une affaire inhérente à la dilapidation des deniers publics.
Même si, au-delà, pour elle, de dire qu’il s’agit avant tout d’un Algérien qui a droit, en quelque sorte, de rentrer dans son pays tout comme autre citoyen lambda, Hanoune tire son argument, du seul fait que les poursuites judiciaires à l’encontre du tout-ministre ayant défrayé la chronique judiciaire, depuis l’éclatement de cette affaire, «ont été abandonnées par la Justice», apprend-on d’elle.
Pour Hanoune, du moins pour l’instant, le retour de Khelil en Algérie constitue un «non-événement», a-t-elle déclaré, vers la fin de la conférence des délégués de la wilaya d’Alger de son parti. Une rencontre, par ailleurs, qui s’inscrit en prévision de la préparation de la conférence nationale du parti comme instance statutaire faisant office du congrès du PT. D’où la grande frustration des journalistes présents en la circonstance, dans la mesure où nombreux étaient ceux qui s’attendaient notamment à une sortie tonitruante de la dame du PT, au sujet du mis en cause dans l’affaire «Sonatrach».
Ceci, d’autant plus que la SG du parti a, maintes fois, annoncé être en mesure de révéler des preuves irréfutables touchant aux dossiers de corruption. Pour rappel, la semaine dernière, c’était le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, qui avait donné les prémices d’un retour, considéré «éminent», de l’ex-premier responsable du secteur énergétique. Le chef de l’ex-parti unique, notamment, avait appelé les autorités du pays à décréter une «amnistie», à même de rendre justice, selon lui, aux cadres du pays ayant fait l’objet de «procès arbitraires ou injustement incarcérés», «y compris Chakib Khelil», a-t-il laissé entendre à la même occasion, souhaitant de fait que l’homme politique contre lequel le procureur général près la Cour d’Alger avait lancé, en août 2013, un mandat d’arrêt international, soit «amnistié» pour qu’il puisse rentrer dans le pays. Le ténor du FLN avait fait référence à l’affaire «mains propres» du milieu de la décennie 90, où environ 4 500 gestionnaires d’entreprises publiques ont été emprisonnés sous couvert de la loi criminalisant l’acte de gestion. Intervenant dans le même contexte, Hanoune a pour le moins dérogé à la règle, indiquant, à ce titre, que son parti ne fait pas dans la personnalisation de cette affaire, du moins, eu égard, a-t-elle argué, à la vision politique de sa formation, qui reste de mise, au demeurant, à croire ses propos. «Le PT ne change pas de position», a-t-elle affirmé. Comme pour illustrer une vision politique qui s’inscrit aux antipodes de toute forme de privatisation, la dame du parti a rappelé son rejet de la loi de Khelil portant sur les hydrocarbures qui a été, rappelons-le, adoptée en 2005, avant qu’elle ne soit abrogée, quelque temps plus tard, sous couvert du principe souverain de la «nationalisation». Pour elle, donc, que ce soit Khelil ou tout autre cadre incarcéré ou poursuivi dans une affaire de corruption, la décision de «réhabilitation de ces personnes relève des prérogatives de la Justice».
Cela étant dit, même si la patronne du PT a fait preuve d’une prudence inhabituelle dans ses déclarations, cela ne l’a pas empêchée pour autant de mettre en garde, encore une fois, sur ce qui paraît être «les non-dits» de cette affaire. «Mais, attention aux provocations», dira-t-elle, allusion à la nature même de la «réhabilitation» de l’ex-ministre qui était aux commandes du ministère de l’Énergie et des Mines, de 1999 jusqu’à sa destitution en 2010.
Farid Guellil

Article précédentIls menacent de boycotter le concours de recrutement :les contractuels de l’éducation crient leur désarroi
Article suivantSalon de l’automobile : la manifestation a perdu de son charme