Le fait, pour le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, de pointer du doigt les tenants et les aboutissants qui perdurent dans les méandres du commerce, s’entend comme un casus belli pour déclarer la guerre à ceux qu’il qualifie à juste titre de « suceurs de sang » des Algériens.
Tayeb Zitouni, qui a réuni à la veille de la fête de l’Aïd El-Fitr, les directeurs régionaux du ministère, un rendez-vous lors duquel il a présenté le bilan des opérations visant à veiller sur les approvisionnements des marchés et la régulation des prix durant le Ramadhan, a dénoncé vertement les individus véreux qui, parmi les exportateurs, continuent à s’enrichir sur le dos du citoyen lambda en bravant l’interdit de la loi anti-spéculation. C’est le cas en effet de le dire, puisque durant le mois sacré les Algériens ont payé le prix fort sur certains produits de première nécessité. L’exemple le plus marquant est l’oignon qui a atteint les 400 dinars le kilogramme, alors que la tomate n’est pas en reste. Un acte verbal par lequel le successeur de Kamel Rezig met en garde les « suceurs de sang » pour leur faire comprendre que l’Etat continuera à frapper d’une main de fer.
C’est aussi le cas pour la banane qui a vu voir son prix reprendre le chemin de la baisse (de 800 à 400 DA le kilo) après l’intervention du ministère qui a décidé de relancer les opérations d’importation. Sur ce produit, en particulier, Zitouni désigne « cinq importateurs » qui continuent à pratiquer la spéculation illicite. «Nous connaissons, parmi les 295 importateurs de banane, ceux qui ont répondu favorablement à notre appel et sorti leurs marchandises pour la vendre à son prix », déclare-t-il de but en blanc. Et d’ajouter, en signe de mise en garde ce qui est susceptible de troubler la quiétude des affameurs des citoyens. « Nous connaissons, aussi, ceux qui voulaient sucer le sang des Algériens », a-t-il menacé. Mais pas que, puisqu’il a promis des poursuites judiciaires à l’encontre des importateurs hors-la-loi qui croient avoir la main basse dans ce créneau.
En homme de poigne qu’il s’est montré, Zitouni promet une lutte sans merci contre les importateurs qui ne respectent pas les règles du jeu. Tout en donnant des instructions pour la généralisation des plateformes numériques, y compris au niveau des services régionaux, pour faciliter les procédures d’importation et d’exportation, Zitouni a révélé la découverte de cas de spéculation des produits importés destinés à la revente en l’état.
Il convient de rappeler que, quelques jours plus tôt à la réunion du ministre, le directeur de la régulation des marchés au ministère du Commerce, Sami Koli, qui intervenait sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio algérienne, a souligné un manque de traçabilité dû à « l’absence de facturation ». Un acte qui ouvre la voie aux pratiques informelles dans le domaine. Mais, les autorités semblent décidées à en finir avec les opérateurs indélicats en procédant à une opération d’assainissement. Celle-ci, précisera le même responsable ministériel, touchera d’abord les « intermédiaires illicites » qui ont gangrené le circuit commercial.
Farid Guellil