S’exprimant hier, au Forum du quotidien Liberté, Nacer Djabi a qualifié les manifestations pacifiques des citoyens que connaît le pays depuis le vendredi 22 février contre le cinquième mandat, d’événement «historique qui s’ajoute à la mémoire du peuple Algérien ».
Le sociologue a expliqué que depuis de longues années « la rue est restée vide sur le plan politique » car, a-t-il expliqué, toutes les manifestations qui se sont déroulées, auparavant étaient « axées sur des revendications sociales et économiques » sans aller jusqu’à avoir «un sens politique ». Poursuivant, il dira que les Algériens « ont longtemps marchandé leur citoyenneté par peur de débordements et de déstabilisation du pays », en renonçant longtemps à revendiquer leurs droits, notamment politique, par souci « de préserver la paix » précise l’intervenant. Toutefois, souligne l’invité du Forum de Liberté, depuis l’annonce de la candidature du président sortant, pour un cinquième mandat, « les citoyens se sont sentis humiliés, et c’est pour cette raison que nous assistons aujourd’hui à une grande mobilisation citoyenne et surtout pacifique » a-t-il affirmé. Estimant que ces actions relèvent de la citoyenneté et « sont populaires » et se déroulent pacifiquement à travers le pays, le sociologue affirme que ces manifestations « resteront gravées dans la mémoire des jeunes et, notamment collective » car les évènements survenus, dans le pays, depuis le 22 février dernier, « ont marqué l’histoire du pays et de son peuple » dira-t-il. Pour le sociologue, cette mobilisation populaire à travers le pays « doit impérativement garder son caractère pacifique » insiste hier, l’invité du forum, en indiquant qu’elle « doit, notamment être organisée, encadrée » en vue a-t-il souligné « de sortir de l’anonymat de manière à ce qu’elle puisse aller vers un changement pacifique », par « la concertation et la négociation » a-t-il ajouté. Dans ce sens, Nacer Djabi propose comme première étape l’émergence de groupes d’élite, de divers horizons et différents profils, qui participent à ces actions populaires pacifiques, en vue, a-t-il insisté, « de la garder surtout à l’abri des tentatives et manœuvres de récupération par les différents partis politiques» a-t-il déclaré. Il serait par la suite,poursuit le sociologue, « essentiel de créer un débat public et démocratique pour pouvoir canaliser les aspirations du peuple, tracer des objectifs précis, et opérer une transition pacifique », soutient le sociologue, estimant « que la poursuite de la pression des manifestations populaires repose sur les forces sociales vives, dont les femmes, les corporations, et les intellectuels, qu’il faudrait prendre en considération », estime-t-il. Notant que depuis l’annonce de la candidature du président sortant, pour un cinquième mandat, « les mouvements de contestations pacifiques se sont succédés à travers le pays, depuis le vendredi 22 février » suite à des appels anonymes lancés sur les réseaux sociaux, lesquels « prennent de plus en plus d’ampleur avec davantage de participation d’Algériens, appelant le président à renoncer à sa candidature et au changement du système politique ». Concluant qu’ après le dépôt du dossier de candidature pour un 5e mandat, dimanche au Conseil constitutionnel, « les appels se multiplient pour la poursuite de la mobilisation pacifique » a rappelé, le sociologue Nacer Djabi.
Ania Nait Chalal