Pour le Conseil des lycées d’Algérie, la réforme du système éducatif entamée en 2003 a plongé l’École algérienne dans la médiocrité. Ces réformes ont été adoptées, selon le Syndicat, à l’improviste sans tenir compte de la réalité algérienne et régionale.
C’est ce qu’affirme Bachir Hakim porte-parole du CLA et professeur de maths au Secondaire dans un document rendu public hier. Il a estimé, à cet effet, que la réforme du système éducatif entamée il y a plus de 13 ans « n’a pas atteint ses objectifs». Le constat d’échec n’est pas à démontrer, et est même reconnu par ceux qui ont veillé à son application, dira-t-il. Pour toucher du doigt les «dysfonctionnements» qui ont marqué le secteur de l’Éducation ces dernières années, le porte-parole du Conseil des lycées d’Algérie citera des exemples concrets. Comme le cas du cycle primaire, parti pour durer six ans et qui a été réduit à 5 ans «suite à des interférences d’en haut». Pis, le programme d’Éducation islamique qui a été «prolongé» suite à des «interférences» venues d’une autorité «supérieure». «Aujourd’hui, on veut poursuivre à travers les programmes de deuxième génération de la réforme entreprise, que nous savons, ne marchera pas en Algérie pour diverses raisons», a-t-il déclaré dans son analyse. Pour lui, il fallait avant d’entreprendre toute réformes établir les faiblesses, celles de notre Éducation, celles de nos moyens (infrastructures, formation…), celles de notre population, celles de nos mentalités, celles de nos régions, celle de nos langues, et celles de notre statut social.
Donc, poursuit Bachir Hakim, avant toute décision qui engage l’avenir de toute une génération, il fallait tenir compte des avis des spécialistes algériens ou maghrébins qui connaissent aussi bien cette réforme que la réalité régionale et algérienne. Et l’une des bases de cette réalité, explique-t-il, c’est le manque de moyens que possède notre pays aussi bien sur le plan matériel qu’humain. Cette réforme pour sa bonne application, si elle est réformée suivant la réalité algérienne, a besoin d’abord d’infrastructures adaptées, d’enseignants formés, de classes de moins de 25 élèves et de matériels pour chaque élève tels que tablette, tableau digital, de calculatrice programmable, d’Internet…
En outre, Bachir Hakim préconise de se fixer également sur les besoins pour ce qui est du Baccalauréat à partir de cette année, sur les futurs candidats de 2028 (leur nombre, leur spécialité, et leur niveau), puis établir le nombre de diplômés à partir de 2033, et leur assurer un poste budgétaire avant d’entreprendre toutes réformes. Il faut aussi, ajoute-t-il, revoir la formation professionnelle, l’enseignement technique, les Bacs professionnels et techniques qui sont une nécessité pour l’avenir de l’Algérie. Le pays a besoin de travailler scientifiquement politiquement et ne pas improviser ou suivre ou faire comme les autres». «Nous avons de grands chercheurs qui peuvent nous guider sur nos besoins et notre avenir», conclut le syndicaliste.
Ania Naït Chalal