D’année en année, la question des subventions alimente les débats dans notre pays. En effet, depuis le déclenchement de la crise financière, en juin 2014, le gouvernement ne cesse d’évoquer son intention de revoir sa copie en ce qui concerne sa politique de soutien des prix. Mais pour ce faire, celui-ci veut compter sur les recommandations de la Banque mondiale. C’est ce qui a été confirmé par le ministre des Finances Mohamed Loukal, à l’APN, qui a annoncé que cette révision sera à «court terme». Assurant que «la réforme de l’aide sociale en passant de l’aide généralisée à l’aide ciblée visant exclusivement les catégories vulnérables, contribuera largement à réduire le déficit budgétaire». Le premier argentier du pays a annoncé «le recours à l’aide technique» de la Banque mondiale dans ce dossier. Ceci permettra, selon ses dires de «définir les meilleurs mécanismes à adopter dans cette réforme à court terme». Pour expliquer ce choix, le ministre a souligné que la réforme des transferts «est une opération longue, compliquée et sensible sur les plans économique et social, nécessitant une méthode globale de réforme et un examen rigoureux pour définir ses répercussions sur les citoyens».
Loukal a précisé, entre autres, que la réforme de l’aide sociale globale est impérative au regard du grand fardeau qu’elle constitue sur le budget de l’État.
Chiffres à l’appui, il a précisé que l’État affecte annuellement près de 1800 milliards de DA de transferts sociaux directs et le même montant de transferts implicites. «Le déficit du budget de l’État avoisine les 1500 milliards de DA/an et si nous réduisons le montant de l’aide directe et indirecte de moitié, nous pouvons facilement combler ce déficit», a-t-il encore argumenté. Pour rappel, la Banque mondiale a précisé dans son dernier rapport qu’il «n’existe pas d’estimations récentes de la pauvreté dans le pays, mais les chiffres officiels de 2010/2011 montrent que 5,5 % de la population était considérée comme pauvre». Malgré ce, elle a précisé qu’elle «met à la disposition du gouvernement algérien son expérience internationale, son expertise analytique, ses moyens intellectuels et ses ressources pour l’aider à mettre en œuvre des réformes engagées».
Le recours à la planche à billets n’est pas à écarter
Par ailleurs, le ministre des Finances a affirmé qu’il est tout de même «possible de recourir, le cas échéant, au financement non conventionnel», puisque, «le fardeau du financement non conventionnel sur le Trésor public n’est pas aussi important». Ainsi, le premier argentier du pays a réaffirmé que ce financement, gelé depuis mai dernier jusqu’à la fin de l’année 2020, demeure en vigueur et il est possible d’y recourir le cas échéant». Sur un total de 6 556,2 milliards de DA alloués à la fin de janvier 2019 dans le cadre de ce financement, un montant global de 5 945,5 milliards de DA a été injecté dans l’économie jusqu’à la fin de septembre. Le ministre a indiqué que ce financement non conventionnel constitue une dette à long terme pour le Trésor public qui la remboursera sur 30 ans avec un taux d’intérêt ne dépassant pas 0,5 %.
Un déficit de 800 MDA à la CNR en 2021
L’autre déficit qui pèse aussi sur le Trésor et qui sera difficile à combler, selon le ministre, est celui dont souffre la Caisse nationale des retraites et qui s’élèvera à 800 milliards de dinars en 2021. «La CNR connaît un déséquilibre structurel aigu depuis 2014, s’élevant à 600 mds DA en 2018». Avec l’absence de réserves à court terme et la non application de réformes à moyen et long termes, ce déficit pourrait atteindre les 800 milliards Da en 2021 et se creusera avec une moyenne annuelle de 2,5% voire 3% tout au long de la prochaine décennie, a-t-il indiqué. »Il n’est plus possible de compter sur le concours du budget de l’État pour couvrir ce déficit de manière entière et permanente », a-t-il soutenu. À noter que le financement non conventionnel a servi au traitement de la dette de la CNR à hauteur de 500 mds de DA.
Les prix des véhicules de moins de 3 ans seront «raisonnables»
Évoquant l’autorisation d’importation des véhicules d’occasion de moins de 3 ans, selon le projet de loi, le ministre des Finances a affirmé que leurs prix seront raisonnables vu qu’ils sont exempts de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) dans le pays d’origine et feront l’objet de dédouanement en Algérie, d’autant que les taxes douanières et la TVA appliquées seront calculées sur la base du taux de change officiel.
Lamia Boufassa