En visite officielle de deux jours en Algérie, depuis dimanche, le ministre suisse de la Justice et de la Police, Beat Jans, a déclaré que la Suisse est déterminée à coopérer avec l’Algérie pour la récupération des fonds détournés.
Reçu, lundi à Alger, par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Lotfi Boudjemaa, le ministre suisse a offert des assurances au gouvernement algérien concernant la question des « fonds volés ». Lotfi Boudjemaa a précisé que la rencontre a permis d’aborder les perspectives de renforcement de la coopération bilatérale, notamment en matière de justice pénale relative au recouvrement des fonds détournés, soulignant qu' »une coopération très positive » a été enregistrée dans ce domaine. Le ministre suisse a indiqué, pour sa part, que la coopération entre les deux pays a connu « un développement significatif » ces dernières années, exprimant l’espoir de la voir se poursuivre dans la même dynamique. Pour rappel, en octobre 2023, l’écho favorable aux nombreuses commissions rogatoires lancées par l’Algérie à destination de plusieurs Etats dans le cadre de la coopération juridique internationale, dans le but de récupérer des fonds détournés et transférés à l’étranger, a été confirmé par la décision des autorités suisses de maintenir le gel des avoirs- 1,7 million d’euros détenus dans un compte bancaire à Genève- de l’ex-ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, en fuite à l’étranger depuis mai 2019 et contre lequel un mandat d’arrêt international avait été émis par le Tribunal de Sidi M’hamed (Alger). Un média suisse avait rapporté que l’ex-ministre algérien avait tenté de faire lever le gel de ses avoirs, mais le Tribunal fédéral pénal suisse a rejeté son recours. Le contraste est frappant avec l’attitude de la justice française qui refuse d’extrader Abdeslam Bouchouareb, en fuite en France. Récemment, le Gouvernement algérien a pris acte de la décision de la justice française d’opposer une fin de non-recevoir à la demande d’extradition d’Abdeslam Bouchouareb, condamné par la justice algérienne dans de multiples affaires de corruption, de malversation et de trafic d’influence causant au Trésor algérien des pertes considérables. Un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines soulignait que « dans le cadre de ses efforts visant à récupérer toutes les richesses dont elle a été spoliée, l’Algérie s’est systématiquement heurtée et se heurte toujours à des tergiversations et à des atermoiements injustifiés et inexplicables de la partie française qui ont abouti à une absence totale de réponses à vingt-cinq commissions rogatoires introduites par l’Algérie ». « Cette attitude française se singularise par rapport à celles d’autres partenaires européens qui coopèrent de manière sincère, loyale et sans arrière pensée avec les autorités algériennes sur ce dossier des biens mal acquis dont ils connaissent la sensibilité extrême pour l’Algérie », concluait le communiqué. Concernant la Suisse, le ministre suisse a qualifié ses entretiens avec Lotfi Boudjemaa de « fructueux », soulignant la volonté de son pays de renforcer la coopération bilatérale, notamment en ce qui concerne le « recouvrement des avoirs gelés ».
Dans sa visite, le ministre suisse de la Justice et de la Police était accompagné d’une délégation composée de cadres du ministère suisse de la Justice. Lundi, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, a coprésidé avec le ministre suisse de la Justice et de la Police, la cérémonie de signature d’un accord de coopération bilatérale entre les services de police des deux pays. Le même jour, le secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l’étranger, Sofiane Chaïb, a reçu Beat Jans. Les deux parties ont présidé la cérémonie de signature de la déclaration d’intention pour la création d’un mécanisme permanent d’échange autour des questions relatives à la migration en vue de partager et d’échanger les expertises et les meilleures pratiques dans ce domaine.
M’hamed Rebah