Le Niger qui partage près de 1000 kms de frontière avec l’Algérie connait une instabilité institutionnelle induite par le coup d’État militaire perpétré en juillet dernier contre le président élu Mohamed Bazoum.
Pour un retour à l’ordre constitutionnel, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), poussée par Paris a menacé Niamey d’intervenir militairement pour déloger les militaires putschistes. Le Niger engage alors un bras de fer avec le bloc ouest africain et la France qui dit ne pas reconnaitre la nouvelle équipe dirigeante de Niamey. En réaction à l’attitude des Français, les militaires nigériens annoncent la suspension de tous les accords militaires passés avec Paris et réclament le départ de ses forces du Niger. La France cède alors et retire ses troupes militaires. Consciente des retombées de la crise dans ce pays subsaharien sur le pays, l’Algérie a rejeté à la fois le coup de force des militaires et la menace du blocus économique, tout en réclamant un retour à l’ordre constitutionnel en douceur. Alger estime à juste titre que l’usage de la force contre le Niger allait embraser toute la région, notamment avec le soutien apporté à ce pays par le Mali et le Burkina Faso. Ces derniers avaient clairement annoncé qu’une attaque contre Niamey est synonyme d’une déclaration de guerre contre eux aussi et, par conséquent, la riposte sera commune et forte contre tout agresseur. Pays très respecté dans la région ou ailleurs, l’Algérie propose sa médiation, et un plan de sortie de crise qui porte sur des discussions politiques pendant six mois au maximum avec la participation et l’approbation de toutes les parties au Niger sans exclusion, et ce, sous la tutelle d’une autorité civile dirigée par une personnalité consensuelle et acceptée par toute la classe politique nigérienne afin de rétablir l’ordre constitutionnel. Outre la coopération bilatérale notamment le méga projet de la route transsaharienne, qui revêt une importance capitale pour le désenclavement et le développement au Sahel, la crise au Niger était au centre des discussions qui ont eu lieu, mardi à Alger, entre le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf et son homologue nigérien Bakary Yaou Sangaré, en visite de travail en Algérie.
« L’Algérie a toujours été à nos côtés »
Dans une déclaration à la presse à l’issue de cette rencontre, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens de l’étranger s’est félicité, de la qualité des relations entre l’Algérie et son pays, évoquant des projets communs, tout en saluant le rôle d’Alger et son soutien pour sortir de la crise actuelle. À l’occasion, le chef de la diplomatie nigérienne a rappelé que « l’Algérie a toujours été du côté du Niger dans toutes les crises que le pays a eu à affronter par le passé ». « Nous avons toujours été satisfaits de la manière dont l’Algérie a servi de médiateur de bons offices à chaque fois qu’il y a eu un problème au Niger », a poursuivi Sangaré. « Nous sommes aujourd’hui en pleine médiation avec la Cédéao et je suis venu faire le point avec mon frère algérien pour lui expliquer la dynamique dans laquelle nous nous trouvons » actuellement, a précisé le chef de la diplomatie nigérienne. « La médiation avec la Cédéao est en bonne voie, nous espérons que très rapidement, nous laisserons toute cette situation derrière nous et que nous parviendrons à trouver une sortie de crise rapide par rapport à la situation que nous traversons actuellement », a-t-il ajouté. La sortie de crise espérée, » nous permettra de nous concentrer sur le travail qui nous attend pour le retour à l’ordre constitutionnel et pour les actions de développement de notre pays », a conclu le diplomate nigérien. Dans un autre registre le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) et le gouvernement nigérien ont dénoncé, dimanche dernier dans un communiqué, ce qu’ils qualifient « d’entreprise de désinformation et d’intoxication des opinions » orchestrées, selon le texte nigérien, par les autorités françaises et rapportées par RFI et France 24, faisaient état d’un accord conclu entre l’équipe dirigeante au Niger et la CEDEAO portant sur la durée de la transition ( Une transition de 15 à 18 mois. Avant, une durée de trois ans avait été envisagée.
« Il s’agit d’une tentative de distraction des Nigériens en alimentant des polémiques stériles, pour les diviser et les amener à se désolidariser du CNSP et de son Gouvernement », ont-ils ajouté. Dans autre registre, le CNSP a décidé, de rompre avec l’Organisation internationale de la francophonie OIF en réaction à la récente décision de l’OIF d’exclure le Niger suite au coup d’État militaire de ses réunions et de cesser la coopération multilatérale à l’exception des « programmes bénéficiant directement aux populations civiles ». L’Organisation internationale de la francophonie à travers ses agissements « se décrédibilise » et ne fait que confirmer que la Francophonie a toujours été utilisée par la France comme un instrument pour défendre les intérêts français et surtout pour faire avancer ses pions en Afrique, a alors réagi le Niger.
Brahim O.