Les parties libyennes en conflit depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 continuent de chercher une porte de sortie de la crise politique majeure dans laquelle le pays s’est enfoncé depuis près de 13 ans maintenant dans le feu de ce qui est connu historiquement sous le nom de « printemps arabe ».
Selon le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, une conférence de réconciliation nationale sur la Libye, allait se tenir sous peu sous l’égide de l’Union africaine UA. « Nous avons réuni les différentes parties et nous sommes en train de travailler avec eux sur la date et le lieu de la conférence nationale » qui se tiendra « sous l’égide du comité de haut niveau de l’Union africaine », présidé par le chef de l’Etat congolais Denis Sassou Nguesso, a poursuivi Moussa Faki Mahamat. « Une réunion préparatoire a eu lieu il y a quelques semaines à Tripoli », la capitale libyenne, a affirmé M. Faki, avant de conclure: « Le départ des mercenaires a été demandé, (…) il faut nécessairement que les Libyens se parlent, je crois que c’est une condition préalable pour aller à des élections dans un pays apaisé ». La crise libyenne est prise en otage par plusieurs facteurs dont notamment les ingérences des forces étrangères qui interférent dans les affaires internes du pays, en soutenant telle ou telle partie, mais aussi par la présence de mercenaires de différentes nationalités étrangères sur son sol. Il est ainsi évident que sans la résolution de ces questions notamment celle des mercenaires, la Libye ne connaitra jamais de salut car leurs retraits de ce pays voisin ravagé par la guerre depuis 2011 permettra à la Libye de retrouver enfin sa souveraineté et son intégrité territoriale, la paix et stabilité, et la création d’un climat politique et sécuritaire apaisé prélude à la tenue des élections dans un cadre démocratique. Des enquêtes menées les Nations unies ont d’ailleurs évoqué une éventuelle implication de ces mercenaires de tous bords ayant combattu en première ligne des deux côtés du conflit dans le pays, dans crimes de guerre. Leur retrait de la Libye constitue ainsi une solution, du moins en partie, au problème libyen qui pourrait ouvrir grande les portes d’une solution définitive et globale à cette crise qui n’a que trop duré prenant en otage toute une population réduite à la pauvreté, la clochardisation et l’insécurité au quotidien.
Le retrait des mercenaires, nécessité impérieuse
C’est dans cette optique que s’était inscrite la mission de l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Libye, Abdoulaye Bathily, qui s’est entretenu, début février, avec les représentants des pays voisins de la Libye, dont le Niger, en la personne de Issik Egh Gato, du Tchad, représenté par Tribo Abboud, ainsi que l’ambassadeur du Soudan, Ibrahim Mohammad Ahmed, afin d’obtenir leur soutien et leur coopération sur ce plan. Lors de cette rencontre l’émissaire onusien a exprimé sans équivoque la nécessité d’accroître leur soutien à la Manul (mission d’appui des Nations unies en Libye) et au Comité militaire mixte libyen (5+5) qui vise l’unification des belligérants, et ce, afin de mettre en œuvre le plan d’action lié au retrait des combattants et mercenaires issus de leurs pays dont le nombre total de combattants étrangers présents en Libye avoisine les 20 000 hommes. Selon le diplomate des Nation unies en Libye les « ambassadeurs des pays concernés ont tous confirmé leur soutien à la Libye ». « Il y a eu une convergence de vues avec les représentants du Niger, du Tchad et du Soudan, pays frontaliers avec la Libye s’agissant de la mise en place d’une plateforme commune en vue d’entamer le retrait des mercenaires issus de leurs pays », avait indiqué par le passé le Comité militaire mixte libyen dans un communiqué. Pour rappel, l’initiative du JMC 5+5, une étape cruciale vers la réconciliation inter libyenne, a été déjà lancée le 12 novembre 2021, à travers un accord soutenu par l’ONU, conclu entre les parties belligérantes dans le conflit, par le biais du Comité militaire conjoint, de 10 membres, avec cinq représentants de chaque côté, (JMC 5 + 5). Un signal fort vers l’unification des parties belligérantes dans le pays en proie à la violence, en vue d’aboutir par la suite à un processus de retrait complet de ces mercenaires et forces étrangères. Reste que le seul moyen d’instaurer la paix et la stabilité en Libye est la tenue d’élections consensuelle et inclusive comme l’a si bien signifié Abdoulaye Bathily, le 3 février dernier, lors d’une réunion avec les tenants du consensus national au Haut Conseil d’État, où il a écouté leur évaluation et leurs points de vue pour sortir de l’impasse politique grâce à une initiative qu’ils ont présentée. « Dans ce contexte, j’ai souligné la nécessité pour les dirigeants politiques de se montrer à la hauteur des attentes des 2,8 millions de Libyens qui se sont inscrits sur les listes électorales et la nécessité pour le Haut Conseil d’Etat et la Chambre des représentants de s’engager de manière positive, constructive et complète pour parvenir à une base constitutionnelle pour les élections dès que possible », a tweeté alors M. Bathily. Prévues en décembre 2021, les élections générales n’ont pas pu y avoir lieu en Libye et renvoyées ainsi aux calendes grecques en raison de désaccords entre les partis libyens sur les lois électorales.
L’Algérie rejette tout recours à la force
Dans un message lu en son nom par le Premier ministre, Aïmène Benabderrahmane, à partir de la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, à l’occasion des travaux du 36e sommet ordinaire des chefs d’État et de Gouvernement de l’Union africaine (UA) qui se sont tenus le 18 et 19 du mois en cours, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a réitéré le rejet par l’Algérie de tout recours à la force pour résoudre la question libyenne, comme elle refuse toute ingérence étrangère dans les affaires internes de ce pays, appelant les parties étrangères à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Libye. « La solution définitive et globale de la question libyenne ne pourrait intervenir que par des Libyens eux même. Et l’Algérie, avec ses partenaires, ne ménagera aucun effort pour aider les frères libyens à réaliser les premiers jalons de cette étape », a souligné le chef de l’Etat dans son message, tout en réaffirmant sa disponibilité à accompagner le processus de paix en vue de rassembler tous les Libyens et de rapprocher les points de vues des uns et des autres pour arriver à une solution politique globale, invitant, par la même, toutes les parties libyennes en conflit à s’engager pleinement dans le processus de paix pour la résolution de la crise sur la base d’un dialogue inclusif et consensuel.
B. O.