Après la prolongation de la trêve scolaire, les élèves ayant des examens de fin d’année auront, à partir de ce 5 avril, un programme spécial qui sera diffusé à la Télévision nationale et sur le Net (Youtube). Une initiative qui a été saluée par l’ensemble des syndicats de l’Éducation et l’Association des parents d’élèves. Contactés, hier, par Le Courrier d’Algérie, ces acteurs de la famille éducative jugent que cette disposition est bonne mais, elle ne peut pas remplacer l’enseignant. Pour rappel, le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé, mardi-soir, lors d’une rencontre avec des représentants d’organes de presse nationaux, la prolongation de la fermeture des écoles, des universités et des centres de formation professionnelle et ce, dans le cadre des mesures de prévention et de lutte contre la propagation du Coronavirus. Il s’agit d’une deuxième prolongation après la décision prise le 12 mars dernier concernant la fermeture des écoles des trois cycles d’enseignements, les universités et les établissements de la formation professionnelle, jusqu’à la fin de vacances de printemps le 5 avril prochain, et cela afin d’éviter la propagation du coronavirus. La décision concerne aussi les établissements de formation relevant du secteur de la Formation et de l’enseignement professionnels, ainsi que les écoles coraniques, les zaouias, les classes d’alphabétisation et tous les établissements éducatifs privés et les jardins d’enfants.
Meziane Meriane : « le scénario d’une année blanche est à écarter »
Joint par téléphone, Meziane Meriane, Coordinateur national du SNAPEST, voit que la situation est encore « maitrisable ». « La télévision est un apport et on aurait dû la mettre à disposition des élèves tout au long de l’année, mais elle reste insuffisante car elle ne peut pas remplacer l’enseignant dans la salle des cours », a souligné Meriane. Revenant au troisième trimestre qui est composé d’un mois et 10 jours, l’interlocuteur voit qu’ « il reste toujours rattrapable et les examens peuvent être faits après le 15 juin ». Cela dépend de la date de la reprise des cours qui est fixé pour le 19 avril. Donc, selon lui, cela reste possible si les cours seront repris le 19 avril, « mais si le confinement sera prolongé, il faut envisager d’autres solutions ». Dans ce sens, le syndicaliste dit écarter le scénario d’une année blanche, car, explique-t-il, la majorité du programme scolaire a été réalisée durant le premier et le deuxième trimestre. « On a réalisé plus de 75% du programme ; notamment le cycle secondaire et le moyen, contrairement au pallier du primaire qui a connu des perturbations dans certaines wilayas à cause du mouvement de débrayage déclenché par les enseignants du primaire. C’est encore rattrapable, si on reprend d’ici le 19 ou le 30 avril. Dans le cas contraire, il faut penser à d’autres méthodes. L’année peut être sauvée. L’année scolaire doit être validée d’une manière ou d’une autre », a-t-il recommandé. Afin d’accompagner les élèves psychologiquement, le syndicaliste préconise la communication, l’orientation pédagogique et des solutions anticipatives. Selon lui, le ministère de tutelle suit la situation de près et des échanges de points de vue s’effectuent par e-mail pour soumettre les propositions liées à cette situation. « En cas où cette situation sanitaire perdure, il faut s’organiser en fonction de l’évolution de la conjoncture actuelle. On est en train de réfléchir pour trouver des solutions pédagogiques », a-t-il noté.
Boualem Amoura : « La télévision peut capter l’attention des élèves, mais les parents doivent jouer leur rôle »
De son côté, le Secrétaire général du SATEF pense qu’exploiter la télévision s’avère une bonne mesure. Selon lui, cela peut capter l’intention des élèves si bien sûr les parents suivent leurs enfants en traçant un programme et en organisant le temps. Toutefois, souligne-t-il, cela reste insuffisant, car « le volume horaire consacré spécialement aux élèves concernés par des examens de fin d’année, est insuffisant et il faut l’améliorer au fil du temps». Quant à la possibilité de reprendre le chemin de l’école le 19 avril, M.Amoura ne croît pas à cette hypothèse. « Personnellement, et d’après les prévisions mondiales, les cours ne seront pas repris le 19 avril. Notre pays n’est pas encore arrivé au pic de la maladie. On n’a pas pris au sérieux cette pandémie depuis le début. Et si la reprise sera fixée au 20 avril, l’année est donc terminée, car le troisième trimestre est le plus court trimestre de l’année scolaire. Déjà, même les élèves du terminal abandonnent prématurément les bancs de l’école et on avait du mal à les retenir à l’école par le passé », a ajouté le syndicaliste.
Devant cette situation, le Satef s’est lancé dans une réflexion anticipative et propose, dans le cadre de cette circonstance exceptionnelle, de prendre des décisions exceptionnelles aussi. « Le Satef a bien réfléchi afin de trouver des solutions à cette trêve forcée et imposée par le Coronavirus. Pour le passage d’un niveau à un autre, nous allons considérer les moyennes des deux trimestres, (le 1er et le 2e trimestre). L’examen du 5e qui n’est pas vraiment important, nous pensons qu’il faudrait prendre en considération cette moyenne là qui ressort des deux trimestres. Même cas pour le BEM. On pourra procéder de la même manière, car c’est une situation exceptionnelle. Maintenant, il faut noter s’il y a assez de places au niveau des lycées qui seront appelés à recevoir un grand nombre d’élèves dans ce cas », détaille le SG du Satef. Quant à l’examen du BAC qui est un brevet important qui a sa crédibilité au niveau national et international, le Satef propose son report au mois de septembre prochain. « Le report de l’examen du Baccalauréat on l’a fait déjà à deux reprise, pourquoi pas cette année ? ».
Khaled Ahmed, président de l’Association des parents d’élèves : « Il n’y a pas lieu de s’affoler, la situation est encore rattrapable ! »
Le président de l’Association des parents d’élèves, Khaled Ahmed, voit qu’avoir recours à la télévision et à Internet est une bonne mesure car c’est « un pont qui peut garder le contact entre l’élève et ses leçons en parallèle avec le respect des mesures liées à la prévention contre le Coronavirus». Mais, « la télévision ne remplace pas l’enseignant », dit-il. Quant à l’usage des plateformes numériques (youtube), il considère que cette méthode n’est pas à la portée de tous les élèves. Évoquant les scénarios possibles dus à la situation actuelle, le représentant des parents d’élèves souligne que « le troisième trimestre peut être récupéré dans un mois et demi, même si cela nous demande de travailler le mois de juin pour compenser le retard qui sera enregistré en cas où la reprise n’aura pas lieu le 19 avril ». Dans ce sens, il propose d’exploiter les jours fériés, les après-midi des journées, afin de rattraper le retard pour les classes de terminale, et utiliser une moyenne de passage pour les autres paliers. M. Ahmed a noté que cette année n’a pas enregistré de perturbations ou d’arrêts de cours, chose qui a permis aux enseignants de bien avancer dans le programme scolaire (plus de 65%). « On s’attend cette semaine à une invitation de la part du ministère de l’Éducation pour discuter de cette situation et soumettre nos propositions. Je rassure les parents d’élèves quant à l’année blanche et je leur dis qu’on est ici pour l’intérêt des élèves. C’est une situation mondiale, la priorité est à la santé des citoyens », a-t-il conclut.
H. Hadjam