Une enquête sur la consommation de drogue à l’Assemblée nationale occupe le débat politico-médiatique en France. Le document qui a mis en avant un phénomène peu connu du grand public, car selon des députés est « un tabou » a boulversé l’opinion française et susciter outre de vives réactions mais des interrogations sur la dégradation des mœurs de députés au sein de l’assemblée française et le sujet divise alors que la gauche Insoumise, comptant de nombreux députés invite, en premier lieu les responsables des institutions françaises « à sortir de la logique répressive ».
«Je trouve ça assez ridicule». La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet s’est opposé, vendredi dernier, au micro d’Ici Provence (ex-France Bleu Provence), à la proposition du maire écologiste de Grenoble Éric Piolle, qui avait appelé, 3 février dernier « à soumettre les parlementaires ainsi que les ministres à des tests de dépistage de stupéfiants ». L’élue macroniste a relevé néanmoins que des «affaires ont défrayé la chronique» au Palais Bourbon, appelant à ne «pas stigmatiser» et d’ajouter que la consommation de drogue touchait «toutes les parties de la population». Cet échange, par médias interposés, entre l’édile grenoblois et la présidente de la Chambre basse du parlement français a eu lieu alors qu’une enquête publiée le 6 février, dernier, par France Info révélait « la consommation de substances illicites à l’Assemblée nationale ».
Nombreux qui ont affirmé que «personne n’a intérêt à ce que la vérité sorte» et le média public français a présenté un ensemble de témoignages anonymes d’élus et de collaborateurs parlementaires. L’un d’eux a exprimé « la gêne » qui entoure le sujet, déclarant qu’«il n’y a pas d’intérêt à la transparence, il y a un tel tabou sur le sujet… Personne n’a intérêt à ce que la vérité sorte».
Parmi ces témoignages recueillis par France info, un membre du personnel de l’Assemblée affirme avoir surpris des députés consommer de la cocaïne. «J’ai vu de l’abus en tout, avec des comportements lourds de mecs envers les femmes et des cachetons qui circulaient» a confié un élu centriste, ajoutant avoir par la suite «refusé d’aller en soirée à cause de ce que je savais». Nommément cité, le député socialiste Arthur Delaporte a quant à lui expliqué que cette consommation s’explique par le manque de repos hebdomadaire des élus, se plaignant : «on dort peu, sans aucun temps de pause, on fait des déjeuners et des dîners de travail. C’est un tunnel permanent».
Interrogé sur ce phénomène sur le plateau de France 5, le coordinateur national des Insoumis Manuel Bompard a reproché le 6 février à Gerald Darmanin de vouloir traiter le problème des «addictions» au travers d’une «vision répressive» plutôt que d’«une politique de santé publique».
En 2023 un député macroniste avait été épinglé par les médias pour sa consommation de cocaïne
Deux jours plus tôt, le ministre de la Justice Gérald Darmanin avait déclaré son espoir de voir la Chambre basse du Parlement voter une proposition de loi transpartisane adoptée par le Sénat visant à lutter contre la consommation et le trafic de drogue. Devant la Chambre haute, l’unanimité des sénateurs ont voté en faveur de ce texte. Le phénomène de consommation de drogue à l’Assemblée nationale a commencé à sortir à la lumière, notamment l’an dernier. En 2023 c’est un député du groupe macroniste qui avait été épinglé par Mediapart « pour sa consommation de cocaïne ». Le recours à cette drogue alors qu’elle est chère a explosé en France avec un nombre de consommateurs qui, en 2024, aurait presque doublé en un an selon les estimations de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). Sur la même période, les saisies de cocaïne en France ont connu une hausse de 130% selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.
R. I.