La ville de Jénine et son camp subissent un siège militaire oppressant qui entre dans son 83e jour consécutif, marqué par des opérations systématiques de destruction, des incendies volontaires de maisons, ainsi que la transformation de nombreux logements civils en postes militaires par les forces de l’occupant sioniste.
Selon les autorités locales, notamment le gouverneur de Jénine Kamel Abou Rab, près de 600 maisons ont été entièrement détruites, et environ 3000 logements sont désormais inhabitables. Les bulldozers israéliens poursuivent leurs opérations de terrassement dans plusieurs quartiers du camp, en particulier à Joura al-Dhahab, où des routes sont creusées et élargies, changeant profondément le visage du camp. Dans le quartier al-Damj, plusieurs habitations ont été dynamitées. D’autres, notamment dans le quartier al-Hadaf, ont fait l’objet d’ordres d’évacuation, avec pour objectif de les transformer en bases militaires. L’armée israélienne continue également de déployer des renforts blindés depuis le poste de contrôle de Jalameh, tandis que des soldats d’infanterie se sont installés autour de Wadi Burqin et de la zone de Ghabez, encerclant davantage le camp vidé de ses habitants. Le drame humanitaire s’aggrave.
Plus de 21 000 Palestiniens ont été contraints de fuir leurs habitations. Parmi eux, 6 000 se trouvent dans la ville de Jénine même, 4 181 ont été accueillis à Burqin, et 11 000 sont réfugiés dans les dortoirs de l’université arabe américaine. Face à cette situation, le gouvernorat a annoncé une première phase d’installation de 200 maisons mobiles pour loger les déplacés internes. La situation humanitaire est d’autant plus dramatique que l’économie locale est à genoux : perte d’emplois, hausse rapide du taux de pauvreté, et absence d’aide internationale structurée, malgré les multiples appels lancés aux organisations humanitaires. L’agression israélienne ne se limite pas à Jénine. Dans toute la Cisjordanie occupée, les incursions nocturnes, arrestations arbitraires et violences ciblées se multiplient. Dimanche, deux Palestiniens ont été blessés à Beit Fajjar, au sud de Bethléem, lors d’affrontements avec les forces d’occupation. À Naplouse, plusieurs localités ont été encerclées et mises sous couvre-feu, comme Beït Iba et Qaryut, avec déploiement de troupes, tirs à balles réelles et fouilles systématiques des véhicules. À l’est de la ville, un enfant a été violemment frappé et arrêté à proximité du camp d’Askar. À Ramallah, l’armée a envahi Turmus Ayya en tirant à balles réelles et en lançant des grenades lacrymogènes contre les habitants. À Tulkarem, les blindés ont pénétré la ville de Kafr al-Labad, tandis qu’à Jénine, les journalistes subissent également la répression. Un équipage de Palestine TV a été retenu et maltraité pendant cinq heures, empêché de travailler et menacé de sanctions en cas de nouvelle tentative de couverture. L’armée sioniste poursuit même des exercices militaires en conditions réelles, utilisant des munitions réelles autour du poste de contrôle de Jalameh, dans les quartiers vidés de leurs habitants. Le nombre de martyrs à Jénine s’élève désormais à 36, alors que les campagnes d’arrestations continuent dans les villages et localités avoisinantes. Le gouverneur Abou Rab a dénoncé une stratégie de punition collective visant à briser la résistance et à anéantir la résilience sociale dans le nord de la Cisjordanie.
M. Seghilani
