À peine cinq jours après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu conclu à Charm el-Cheikh, les bombardements israéliens ont de nouveau frappé la bande de Ghaza, causant la mort d’au moins quatre palestiniens et en blessant plusieurs autres, selon des sources médicales locales. Ces attaques, menées par des drones et des chars, constituent une violation flagrante de l’accord de trêve signé entre la résistance palestinienne et l’occupation.
Les hôpitaux du territoire ont confirmé la réception de neuf corps depuis minuit, dont six à l’hôpital Al-Maâmadani et trois à l’hôpital Nasser, tandis qu’aucune victime n’a été signalée à Al-Shifa, Al-Aqsa ou Al-Awda. Parmi ces martyrs, sept ont été tués ce mardi, et deux autres ont succombé à des blessures antérieures. Des drones israéliens ont tiré sur un groupe de civils dans le quartier d’Al-Shuja’ya, à l’est de la ville de Ghaza, tuant trois Palestiniens et en blessant d’autres. D’autres frappes ont visé le camp de réfugiés de Halawa, dans la région de Jabalya, au nord, où plusieurs blessés ont été recensés. Au sud, un Palestinien a été tué et un autre blessé à Khan Younès après une frappe de drone sur la localité d’Al-Fakhari. Des engins explosifs ont également été largués près de la clinique d’Absan et sur la rue Abu Salah, dans la même région. Des témoins rapportent que des tirs israéliens ont également été entendus au nord-ouest de Rafah, dans la zone d’Al-Shakoush, alors que des drones survolaient à basse altitude la zone côtière d’Al-Mawasi, en violation manifeste de la trêve.
Un bilan humain toujours plus lourd
Les équipes de secours continuent de découvrir les corps de victimes ensevelies sous les ruines. Depuis l’arrêt officiel des hostilités, plus de 250 corps ont été extraits des décombres, selon la Défense civile palestinienne, qui fait face à un manque criant de matériel lourd pour déblayer les zones détruites. Plus de 10 000 personnes restent portées disparues sous les gravats. Le ministère de la Santé de Ghaza a confirmé la mobilisation complète de ses équipes médicales et de la commission chargée de la gestion des dépouilles des martyrs, se déclarant prête à recevoir et identifier les corps que l’occupation pourrait restituer dans le cadre de l’accord de trêve. Le ministère a salué la persévérance de ses personnels médicaux, paramédicaux et techniques, qui continuent leur mission « malgré les conditions extrêmes et le manque de moyens, par fidélité à la dignité humaine et au devoir de mémoire ».
Les accusations de la résistance palestinienne
La résistance palestinienne, par la voix de son porte-parole Hazem Qassem, a accusé Israël d’avoir « violé l’accord de cessez-le-feu en attaquant délibérément des civils dans plusieurs zones de la bande de Ghaza ». Dans une déclaration relayée par le réseau Quds, Qassem a dénoncé « un comportement provocateur et irresponsable » de l’armée israélienne, appelant les médiateurs régionaux à « empêcher l’occupation de se soustraire à ses engagements ». Selon le Palestinian Information Center, cinq civils ont été tués alors qu’ils inspectaient leurs maisons détruites dans le quartier d’Al-Shujaiya, cible de frappes aériennes.
L’accord de Charm el-Cheikh remis en cause
Ces violations surviennent alors que le cessez-le-feu, signé lors du sommet de Charm El-Cheïkh entre les États-Unis, l’Égypte, le Qatar et la Turquie, devait marquer la fin de 735 jours d’une guerre qualifiée de «guerre d’extermination » par les observateurs. L’accord prévoyait un arrêt total des hostilités, le retrait des forces israéliennes, l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens, l’entrée des aides humanitaires et un processus d’échange de prisonniers. Mais selon le quotidien israélien Maariv, un haut responsable sécuritaire a admis que « le nombre de corps de soldats israéliens restitués par la résistance n’a pas été clairement défini dans la première phase de l’accord », contredisant ainsi le ministre de la Défense Israël Katz, qui accuse la résistance de ne pas avoir respecté ses engagements.
Un génocide aux chiffres accablants
Depuis le 7 octobre 2023, l’armée israélienne a largué plus de 200 000 tonnes d’explosifs sur le territoire, provoquant une dévastation sans précédent. Selon les chiffres officiels palestiniens, la guerre a fait 67 211 martyrs et 169 961 blessés, sans compter environ 20 000 disparus toujours ensevelis sous les ruines. Malgré l’annonce du cessez-le-feu, l’occupation semble poursuivre sa politique de terreur et de représailles, remettant en question la durabilité d’un accord déjà fragile. À Ghaza, les habitants, toujours privés d’électricité, d’eau potable et d’abris sûrs, continuent de creuser à mains nues pour retrouver leurs proches disparus — symbole d’un peuple qui refuse de mourir en silence. L’espoir d’une paix durable s’éloigne, tandis que les ruines de Ghaza rappellent que même les trêves, sous l’ombre des drones, peuvent être brisées en un battement d’aile métallique.
M.Seghilani