Les visites du général de corps d’armée, vice-ministre de la Défense nationale et Chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, Saïd Chanegriha, en cours à travers les Régions militaires pour appeler à la mobilisation pour réussir le référendum sur la révision de la Constitution, ne semblent pas constituer, pour certaines officines, des preuves de l’adhésion au processus de changement initié par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Ces dernières trouvant toujours le moyen de chercher le nord ailleurs que sur une boussole et mues par une volonté manifeste de peser sur le processus de refondation de l’État engagé depuis l’élection du 12 décembre dernier, ont pris un raccourci pour conclure que le courant ne passait pas entre le président de la République, chef suprême des Forces armées et son Chef d’état-major. Versant dans une grotesque manipulation, elles ne sont même pas arrivées à user du ton affirmatif pour donner du crédit à leur mensonge, se contentant de contorsions noyées dans un mode conditionnel qui renseigne sur leur volonté manifeste de nuisance.
Le dernier article paru sur Jeune Afrique, le 16 octobre dernier, est de cette trempe de manœuvres manipulatoires qui ne sont pas gratuites. Les forces de la régression, qui ne veulent plus se limiter à une résistance passive face à la vague de changement que s’apprête à vivre le pays, versent aujourd’hui dans la réaction. Elles veulent passer à l’offensive et pour ce faire, l’usage de la manipulation, le recours à la désinformation et l’utilisation du conditionnel pour entretenir un flou qui n’a rien d’artistique pour mieux cacher les sources et à ceux qui profitent de cette désinformation.
« Révision constitutionnelle, prérogatives du Président et de l’Armée, rôle des services, la réorganisation des institutions algériennes cause des frictions entre les deux hommes. Le courant passerait mal entre le président de la République et le Chef d’état-major, Saïd Chengriha », a indiqué Jeune Afrique, dans l’exergue de son article. Récemment, dans un article paru sur le New York Times et signé de Adam Nossiter, le Chef d’état-major avait rappelé que l’ANP n’a aucune volonté de s’immiscer dans les affaires politiques. Il avait affirmé, « nous n’avons pas été formés pour cette mission et nous nous limitons à nos prérogatives constitutionnelles ». Cette mise au point ne semble pas avoir mis un point final sur les velléités de certains de voir l’armée dotée d’un don d’ubiquité pour «fouiner», dans le périmètre des politiques.
Il y a quelques jours, le président de la République s’était rendu au siège du ministère de la Défense nationale pour échanger avec le commandement sur certains sujets de l’heure. La situation sécuritaire à nos frontières, la pandémie, les questions régionales et la situation dans le monde sont autant de sujets qui pouvaient constituer l’ordre du jour de cette rencontre.
Tout comme d’ailleurs, le référendum constitutionnel du 1er novembre prochain, car avant d’être une institution, l’ANP est l’émanation du peuple et son commandement et ses contingents sont formés d’enfants du peuple algérien qu’interpelle le changement en cours. À mesure qu’approchera la date du 1er novembre, il faudra s’attendre à l’exacerbation des forces de la réaction que le changement dérange. Le dernier article de Jeune Afrique est un acte d’un Vaudeville de mauvais goût, et il faudra se montrer vigilant car la refondation de l’État pourrait signifier la perte de beaucoup d’intérêts et de privilèges pour certains. Et c’est là, l’explication que nous pouvons donner aux gesticulations de ceux qui ont poussé le magazine à pondre un article, où rien qu’à considérer sa forme conditionnelle il ôte tout le crédit à son contenu.
Slimane Ben