L’histoire du football regorge d’exemples où une erreur administrative coûte cher à une sélection. La FIFA vient d’en offrir une nouvelle illustration en sanctionnant l’Afrique du Sud : trois points retirés et une amende de 10 000 francs suisses pour avoir aligné un joueur suspendu lors des éliminatoires du Mondial 2026. Une décision qui rebat totalement les cartes dans le groupe C.
La Commission de discipline de la FIFA s’est prononcée sur la rencontre disputée le 21 mars dernier face au Lesotho. Bien que les Bafana Bafana se soient imposés 2-0 sur le terrain, l’instance a estimé que Teboho Mokoena n’aurait jamais dû fouler la pelouse. Auteur de deux avertissements lors des précédentes journées, le milieu du Mamelodi Sundowns devait purger une suspension automatique. Résultat : match perdu sur tapis vert (0-3), retrait de trois points et sanction financière contre la fédération sud-africaine. La règle est claire et connue de tous : tout joueur suspendu ne peut participer à une rencontre officielle. L’article 19.1 du Code disciplinaire prévoit en pareil cas la défaite par forfait et une amende. Cette sanction, qui pourrait sembler sévère aux yeux du public, rappelle que l’administration sportive est aussi décisive que les performances sur le terrain.
Une hiérarchie totalement chamboulée
Ce verdict bouleverse le classement du groupe C. Avec 14 points et un goal-average réduit à +3, l’Afrique du Sud voit le Bénin lui passer devant grâce à une meilleure différence de buts (+4). Derrière, le Nigeria et le Rwanda, à 11 points chacun, restent en embuscade à seulement trois unités. De quoi relancer complètement une poule que l’Afrique du Sud semblait contrôler avant ce revers inattendu. À l’origine de la plainte, les fédérations du Bénin, du Nigeria et du Lesotho avaient toutes dénoncé l’irrégularité.
L’enjeu des deux dernières journées devient alors considérable. Les Bafana Bafana affronteront le Rwanda puis le Nigéria, deux concurrents directs à la qualification. Dans le même temps, un explosif Nigeria – Bénin pourrait sceller le sort du groupe. Le ticket direct pour la Coupe du monde 2026 se jouera donc probablement au bout du suspense, avec une tension sportive et administrative à son comble. La réaction des autorités sud-africaines ne s’est pas fait attendre. La SAFA a annoncé qu’elle étudiait la possibilité d’un recours, tandis que le ministre des Sports a publiquement exprimé sa colère contre une « négligence inacceptable ». Le sélectionneur et ses cadres ont reconnu l’erreur, tout en déplorant l’impact moral et sportif de cette décision sur le groupe.
Au-delà de l’aspect strictement sportif, ce dossier illustre une problématique plus large : la gestion interne des sélections africaines. Les erreurs administratives, parfois banalisées, peuvent avoir des conséquences majeures. En sanctionnant sévèrement l’Afrique du Sud, la FIFA entend rappeler à toutes les fédérations la nécessité d’un suivi rigoureux des suspensions et des effectifs. Des précédents existent déjà, et la leçon reste toujours la même : sans discipline, il n’y a pas de qualification. L’Afrique du Sud conserve une chance mathématique de se qualifier, mais elle ne doit plus commettre aucun faux pas. La question reste posée : cette erreur administrative sera-t-elle l’obstacle de trop sur la route des Bafana Bafana vers le Mondial ?
Mohamed Amine Toumiat