« Nous sommes à la veille d’une nouvelle étape ». C’est par cette phrase que la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) a entamé l’intervention qu’elle a faite, hier, au siège de son parti, devant les représentants de la presse nationale.
Et ce, juste avant l’ouverture des travaux de la première réunion du bureau politique élu, il y a une quinzaine de jours, par le comité central issu du dernier congrès extraordinaire du parti qui s’est tenu, pour rappel, le 26 mars dernier. Une phrase dont l’importance réside dans le fait que son contenu s’applique aussi bien à la situation organique de son parti qu’à celle prévalant à l’échelle nationale. Concernant la première, Louisa Hanoune a déclaré, dans une claire allusion au « mouvement de redressement » remettant en cause son emprise sur le PT, apparuà la fin de l’année écoulée, que la tenue de cette première réunion, après le congrès extraordinaire, de l’instance dirigeante suprême du parti, « met définitivement fin à la criminelle manœuvre de déstabilisation qui l’a visé ». Quant à la seconde, elle l’a liée, lecture toute à fait nouvelle, au retour de Chakib Khelil. Un retour qui, selon elle, n’est pas du tout fortuit. Pour la secrétaire générale du PT, en effet, celui-ci s’inscrit dans une démarche globale dont la finalité – c’est là que réside la nouveauté susmentionnée dans son analyse – « est de faire passer l’Algérie… sous protectorat américain ».
Ce qui suppose, a-t-elle poursuivi, « sa sortie préalable du protectorat français sous lequel elle est placée présentement ». Un objectif auquel concourt, a-t-elle clairement déclaré,« le retour précité de l’ancien ministre de l’énergie et ancien patron de Sonatrach», la première entreprise nationale. Et à la concrétisation duquel il s’est, a-t-elle tenu à le préciser, «déjà attelé ». Pour donner, à l’évidence, plus de poids à ses propos, la secrétaire générale du PT a rappelé « les déclarations ouvertement hostiles à la France » que Chakib Khelil fait dans chacune des étapes du long périple à travers les zaouias du pays qu’il a entamé à peine rentré au pays. Des déclarations qui sont, a-t-elle dit, « révélatrices de la duplicité de l’homme ». Et d’expliquer: « Ses déclarations contre la France ne sont pas faites par amour pour l’Algérie mais pour plaider le rapprochement avec les Etats-Unis ». Un pays dont il est, a-t-elle asséné, « l’agent attitré ». Des accusations qu’elle a étayé par le rappel de ses actions en Argentine,en tant que représentant du FMI, et en Algérie, en sa qualité de ministre de l’énergie et de premier responsable, la première entreprise nationale du pays. Toutes néfastes, a-t-elle ajouté : En Argentine, parce qu’elles ont livré le pays au FMI. Et dans le nôtre, parce qu’elles ont failli remettre en cause des acquis importants de la lutte pour une véritable indépendance économique de l’Algérie. Méthodique, Louisa Hanoune a rappelé deux de ce qu’elle a appelé « ses trahisons » : « la dénationalisation du secteur minier, en 2001, et la Loi sur les hydrocarbures de 2005 » ; deux actions, de par leur symbolique de remise en cause de la politique visant à garantir son indépendance économique,suivie par l’Algérie, qui lui « ont été dictées par les Américains ».
Surtout la seconde : « la loi sur les hydrocarbures précitée ayant, a-t-elle déclaré, « été élaborée par un bureau d’études américain spécialisé ». Sauf que la secrétaire générale du PT a pris la précaution de dégager la responsabilité du président de la République dans les menées attentatoires à la souveraineté nationale susmentionnées, de son ancien ministre de l’énergie. Elle a, en effet, judicieusement rappelé que c’était lui qui a bloqué l’application des deux lois scélérates avant que l’APN ne les abrogent tour à tour. En procédant ainsi, Louisa Hanoune a donné l’impression de vouloir dédouaner le président Bouteflika de ce qui se trame actuellement sur la scène nationale. Et dont le retour de Chakib Khelil est, pour elle, un élément catalyseur et en même temps dangereux. Pour la première responsable du PT, la tournée des zaouias qu’effectue présentement celui-ci est tout « sauf fortuite ». Bien mieux, elle s’inscrit, selon elle, « à un plan préalablement établi qui vise la souveraineté nationale ». Un plan auquel participent, a-t-elle déclaré, « les milieux compradores et oligarchiques qui veulent mettre main basse sur l’économie nationale » ; des milieux qui ont, a-t-elle ajouté, « des prolongements dans les institutions nationales ; y compris dans le gouvernement ». Et à ce propos, elle n’a pas manqué de s’en prendre au ministre des Affaires religieuses qui a nié, dernièrement, que son département soit impliqué d’une quelconque manière dans les visites de Chakib Khelil à certaines zaouias. Pour Louisa Hanoune celles-ci sont organisées avec l’accord du ministère dirigé par Mohamed Aïssa. Ce qui constitue, a-t-elle poursuivi, un double danger: «d’un côté, cela confirme l’implication du gouvernement dans des menées contraires aux intérêts du pays, et de l’autre, cela constitue une utilisation dangereuse de la religion à des fins politiciennes ». Revenant aux objectifs inavoués de retour de l’ancien ministre de l’énergie qu’elle a considéré « comme une marque de mépris envers et le peuple algérien et la justice nationale, la secrétaire générale du PT a déclaré que ceux-ci transparaissent nettement « dans le fait que le financement de la tournée qu’il effectue dans des zaouias du pays est entièrement financée par les milieux oligarchiques ».
Mourad Bendris