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PROTOCOLE SANITAIRE EN MILIEU SCOLAIRE : Les syndicats pessimistes

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Le protocole sanitaire contre le Covid-19 prévu pour les prochains examens du Baccalauréat et du BEM ainsi que pour la rentrée scolaire, est loin de satisfaire les syndicats du secteur. Alors qu’ils font état d’un contenu « irréprochable », ces derniers doutent cependant de la capacité de son application concrètement et rigoureusement sur le terrain.
La raison de ce pessimisme est partagée, en tout cas. Les représentants de syndicats que nous avons interrogés ont évoqué à l’unanimité le problème de manque de moyens et de déficit budgétaire dont souffrent de nombreux établissements scolaires. Pour le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de l’éducation et de la formation (SATEF), Boualem Amoura, il y a en effet un sérieux problème de moyens qui puisse empêcher la mise en œuvre de ce dispositif sanitaire que ce soit lors des prochains examens officiels ou à la rentrée scolaire, bien que ce dernier semble être «efficace» sur papier.
Amoura a indiqué à ce propos que depuis janvier 2017, le budget des établissements scolaires a été réduit de 65%, poursuivant que certains ont à peine de quoi fournir du papier et des marqueurs. «Avec quoi voulez-vous donc qu’ils payent tous les moyens de protection comme les masques, les gels hydroalcooliques ou les produits désinfectants », s’est-il interrogé avant de révéler que même l’eau courante n’est pas disponible dans plusieurs écoles à travers les différentes régions du pays. Il est certain pour notre interlocuteur que ce protocole sanitaire a « été mal conçu et mal réfléchi », tout en dénonçant l’exclusion des sydnicats autonomes de son élaboration. « Nous aurions pu apporter des propositions qui pourraient aider à appliquer ces mesures car c’est nous qui sommes sur le terrain, mais malheureusement nous avons été surpris de nous retrouver à la touche de ce travail qui nous concerne de près », a-t-il regretté. Amoura a saisi l’occasion pour dénoncer également une mauvaise préparation des établissements pour leur réouverture durant la période de révision des candidats au bac et au BEM. À Alger même, il y a des lycées et des CEM qui n’ont même pas été nettoyés, dira-t-il, avant de tirer la sonnette d’alarme et d’appeler à prendre des dispositions en urgence afin d’assurer des examens officiels sans risques de contamination au Covid-19. À ce propos, le SG du SATEF s’est interrogé sur les mesures à prendre dans le cas ou des cas Covid-19 sont suspectés.
Faisant état d’un manque d’anticipation, devant une situation pareille, de la part des autorités, il a proposé comme solution l’utilisation de beaucoup de centres d’examens, pour permettre ainsi l’isolement des cas atteints du virus pendant le déroulement des épreuves. Même son de cloche chez le porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (CNAPESTE), Messaoud Boudiba, qui se pose lui aussi des questions quant à la possibilité de mettre en œuvre le protocole sanitaire contre le Covid-19 en milieu scolaire.
Connaissant la situation des établissements scolaires, Boudiba a affirmé que les moyens et les conditions ne sont pas réunis pour appliquer ce protocole dans l’ensemble des écoles dont le budget est « très limité ». Pour cette raison, a fait savoir la même source, le CNAPESTE a anticipé en proposant des mesures qui puissent compléter ce protocole et qui pourraient faire éviter beaucoup de problèmes notamment lors des prochaines épreuves du BAC et du BEM. Dans ce contexte, le CNAPESTE propose, entre autres, de doubler le nombre de centres de déroulement et de réduire le nombre de surveillants par classe de 3 à 2 ainsi que de limiter le nombre de candidats à 15 seulement par salle. Le syndicat propose également de doter les centres de déroulement de masques de protection et de les distribuer aux candidats matin et soir, l’élaboration de guides sanitaires pour les distribuer aux élèves de manière à ce qu’ils puissent même servir à la prochaine rentrée. Aussi, il propose de penser à une éventuelle coordination avec le ministère du Transport afin de mettre en place un protocole de prévention spécial pour le transport scolaire des candidats de manière à ce qu’il puisse servir aussi à la rentrée scolaire.

Khaled Ahmed : « nécessité de renforcer l’encadrement »
Pour le président de l’Association de parents d’élèves, Khaled Ahmed, il y a un sérieux problème d’encadrement dans les établissements scolaires ce qui pourrait freiner l’application rigoureuse du protocole sanitaire notamment le respect de la distanciation sociale entre les élèves.
Le représentant des parents d’élèves qui redoute surtout la prochaine rentrée, ou les élèves du primaire se bousculeront certainement dans les cours lors des récréations et au cours de la rentrée et sortie d’école, propose de recruter massivement des adjoints de l’éducation par le biais de l’ANEM et ce pour assurer une meilleure surveillance et organisation des élèves. Au niveau des classes, Khaled Ahmed estime que la situation peut très bien être prise en main, contrairement dans les cours ou l’enseignant n’a aucune autorité. Aussi, la même source a soulevé le problème d’absence d’eau courante dans beaucoup d’écoles, ce qui poserait un grand problème pour le respect des mesures d’hygiène.
Ania Nait Chalal

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