Le représentant du Front Polisario en Europe et à l’Union européenne (UE), Oubbi Buchraya Al-Bashir, a affirmé que le processus de règlement de la question sahraouie sous son ancienne formule est techniquement « dépassé », en raison du désengagement du Maroc de ses obligations.
Le responsable sahraoui, invité du programme « Face à Face » sur la chaîne France 24, a déclaré que « le processus de règlement, sous son ancienne formule avant le 13 novembre dernier, est politiquement obsolète, en raison du rejet par le Maroc du principe d’autodétermination et du référendum, et techniquement, en raison de son invasion militaire d’une nouvelle région dans la zone tampon d’El-Guerguerat ». Dans le même contexte, il a expliqué que cela « n’a rien à voir avec l’annonce du président sortant américain Donald Trump, mais s’explique plutôt par le désengagement du Royaume du Maroc de ses obligations et l’absence depuis des années au niveau des Nations unies, en particulier au Secrétariat général et au Conseil de sécurité, d’une réelle volonté politique et de la fermeté nécessaire pour booster le processus de règlement et appliquer les résolutions ». « Le Maroc a choisi de faire retarder le processus, ‘’procéduralement’’ et politiquement, et nous a ramené, à présent, au point de départ et à l’avant processus de règlement ONU-Afrique’, a-t-il déploré.
Plus précis, il dira que « le cadre juridique, qui est immuable, détermine le statut juridique du territoire sahraoui » et reconnait, rappelle-t-il, « la légitimité de la lutte du peuple sahraoui », affirmant que « les solutions seront issues de l’évolution de la situation sur le terrain ».
L’objectif du Front Polisario étant « de faire revenir le Maroc à la raison en vue de reconnaître notre droit à la liberté et à l’indépendance, comme il l’a déjà fait en 1988 », et ce, poursuit-il, « après une longue période de réticence », a déclaré M. Buchraya Al-Bashir.
Concernant la tentative marocaine d’assimiler le droit du peuple sahraoui à la liberté et à l’indépendance au « séparatisme », le responsable sahraoui a tenu à préciser que: « ce terme (séparatisme :Ndlr) est inadmissible, étant donné que le Front Polisario est un mouvement de libération nationale reconnu et légitime» qui lutte « pour établir un droit démocratique ancré du peuple sahraoui, celui du droit à l’autodétermination »comme le stipule les textes et la Charte des Nations unies et de l’Union africaine, pour une question de décolonisation, la dernière en Afrique inscrite à l’ONU et l’UA .
Sur la proposition du Maroc relative à « l’autonomie que Rabat a formulée en 2007 », l’intervenant affirme que celle-ci « n’est pas du tout crédible (…) », avant d’ajouter que la partie sahraouie « avait dit que pour que le Maroc ait le droit de formuler une proposition d’autonomie, il devait d’abord régler la question de la souveraineté, en permettant au peuple sahraoui d’exercer le droit à l’autodétermination » a-t-il précisé. M. Buchraya a réaffirmé que « le Maroc n’a pas la volonté réelle de parvenir à une solution politique et définitive à la question » autrement il aurait saisi, poursuit-il, « les concessions faites par le Front Polisario avant le 13 novembre ».
À la question de savoir si le Front Polisario compte sur la prochaine administration américaine pour revenir sur la décision du président sortant, Donald Trump, concernant l’annonce de « la souveraineté » présumée du Maroc sur le Sahara occidental, le responsable sahraoui a souligné que le Front Polisario compte, dans sa lutte, sur la volonté du peuple sahraoui et son soutien au représentant légitime et unique (Front Polisario)… ainsi que sur le cadre juridique international dans lequel le peuple sahraoui mène sa lutte pour la liberté et l’indépendance ».
Il a réaffirmé que le pacte du Front Polisario avec la résistance et le peuple sahraoui « n’a pas de durée de validité limitée et n’a pas de relation avec une génération donnée et sa lutte se poursuit jusqu’à la consécration du droit inaliénable de son peuple à la liberté et à l’indépendance ».
Sans manquer de rappeler, pertinemment, que « l’histoire a rendu justice à tous les peuples et rendra justice au peuple sahraoui », a-t-il conclu.
R. I.