Dans une primaire républicaine de plus en plus folle, Donald Trump vient de frapper un grand coup: il a reçu vendredi le soutien de Chris Christie, gouverneur modéré au charisme indéniable et féroce détracteur de son principal rival, Marco Rubio.
Véritable coup de tonnerre, ce ralliement devrait encore exacerber les tensions entre le milliardaire et le sénateur de Floride, en compétition pour porter les couleurs républicaines lors de l’élection présidentielle du 8 novembre qui désignera le successeur de Barack Obama. Les deux candidats aux styles radicalement différents se traitent désormais d’escroc et d’imposteur dans une campagne qui brise les grilles de lecture traditionnelles et où les coups volent de plus en plus bas.
Le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, qui fut un temps considéré comme l’étoile montante du « Grand Old Party », a jeté l’éponge il y a deux semaines non sans avoir, quelques jours plus tôt, mis en pièce Marco Rubio, ironisant sur ses « discours mémorisés de 25 secondes » répétés jusqu’à l’épuisement. En devenant le premier poids lourd du parti à soutenir le magnat de l’immobilier, il rebat les cartes, d’autant que ce ralliement intervient à cinq jours du « Super Mardi », journée cruciale des primaires au cours de laquelle une dizaine d’Etats sont appelés à voter.
« La seule chose importante pour le parti est de nommer quelqu’un qui nous donne la meilleure chance de battre Hillary Clinton », a avancé Chris Christie, lors d’un meeting au Texas avec son « ami » Trump. « Personne n’est mieux préparé que Donald Trump pour donner à l’Amérique la direction forte dont elle a besoin », a estimé l’ancien procureur âgé de 53 ans. En dépit de ses farouches dénégations — « On ne m’a offert aucun poste » — l’annonce a provoqué d’intenses spéculations sur une éventuel « ticket » dans lequel il se verrait offrir la deuxième position, c’est-à-dire, en cas de victoire, la vice-présidence de la première puissance mondiale.
« Amuseur-en-chef »
Les deux hommes n’ont pas toujours, loin s’en faut, marché main dans la main. « Il ne s’agit pas d’élire un amuseur-en-chef », lançait Christie il y a quelques mois à l’encontre de l’ancienne vedette du reality-show « The Apprentice ». « Nous devons élire quelqu’un qui a une véritable expérience ». Au lendemain d’un débat au ton acrimonieux à Houston, Trump et Rubio ont repris leurs échanges par meetings interposés.
« Je n’ai jamais vu un être humain transpirer autant », a lancé M. Trump, tandis que M. Rubio racontait devant ses partisans ravis comment son adversaire était obsédé par son maquillage lors des coupures publicitaires.
« On est sur le point de laisser le mouvement conservateur à une personne qui n’a aucune idée sur quelque sujet important que ce soit, on est sur le point de laisser les codes nucléaires des états-Unis à une personne complètement imprévisible », a affirmé le jeune sénateur désireux de démontrer qu’il a les épaules pour catalyser les énergies et les votes « anti-Trump ». « Je reconnais que certains peuvent être intrigués par lui, c’est un beau parleur et il dit qu’il se bat pour les petites gens. Mais chaque fois qu’une de ses entreprises a capoté, vous savez qui n’a pas été payé ? Les petites gens qui travaillaient pour lui », a-t-il poursuivi.
Concédant son rôle d’outsider dans la course à la primaire républicaine, il s’est cependant dit certain de remporter le vote dans son état de Floride, prévu le 15 mars, où les sondages donnent pourtant une large avance à Donald Trump.
Cette agitation a, pour l’heure, relégué la primaire démocrate au second plan. Hillary Clinton, aidée de son mari Bill et de sa fille Chelsea, était vendredi sur les routes de Caroline du Sud où elle espère une large victoire samedi face à Bernie Sanders, grâce en particulier au vote afro-américain.