Premier producteur mondial de cannabis, le Maroc ne compte pas s’arrêter là, il vise même à étendre ses cultures de ce poison qui a infecté toute la région, invitant même à l’investissement étranger.
Une réflexion qui résulte de l’annonce de l’Agence marocaine de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC), qui a révélé avoir accordé des autorisations pour la culture et la production de cannabis couvrant une superficie totale de 2552 hectares, soit 9 fois plus que la surface qui y était consacrée, l’année dernière. Selon le rapport de l’Agence, « une campagne de charme sera lancée dans les prochains jours, en vue d’attirer les opérateurs étrangers à investir dans l’industrie locale ». Dans un ouvrage consacré à l’économie de la drogue et réseaux de corruption au Maroc, deux chercheurs européens ont affirmé que « les profits générés par le trafic de haschisch et de drogue dure sont d’une ampleur financière telle qu’ils permettent au Royaume de nourrir la corruption ». En outre, une étude de l’initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée, a évalué la production marocaine annuelle de cannabis « à plus de 700 tonnes, pour une valeur de 23 milliards de dollars ». « Les profits de la drogue sont à l’origine de réseaux de corruption et de clientélisme allant du village aux plus hauts niveaux des autorités de l’État et que ces réseaux se prolongent jusqu’en Europe », a souligné l’étude. En avril, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a tiré la sonnette d’alarme sur la forte hausse que connaît le trafic de drogue au Sahel, précisant que « la résine de cannabis, une des trois drogues les plus répandues dans la région, provient du Maroc où une augmentation de la production a été signalée, atteignant environ 901 tonnes en 2022 », a indiqué le rapport, relevant que cette drogue est « généralement destinée aux pays d’Europe occidentale et du Nord ». « Au-delà de la route directe entre l’Espagne et le Maroc, la résine de cannabis est surtout acheminée par voie terrestre du Maroc vers la Mauritanie, le Mali, le Burkina, le Niger et le Tchad », fait savoir l’ONUDC qui révèle l’existence d’une autre « voie maritime alternative allant du Maroc aux portes du golfe de Guinée ». En mars dernier, le journal espagnol « El Espanol » a révélé un nouveau scandale autour d’un trafic de drogue entre la Péninsule ibérique et le Maroc, accusant la marine royale marocaine de complicité dans ce trafic à travers la participation de ses patrouilleurs à l’opération d’introduction des stupéfiants en Espagne. H. S. A.