La Ligue de protection des prisonniers sahraouis a affirmé dans son rapport annuel 2023 que les violations graves des droits de l’Homme se poursuivent au Sahara occidental, avec une intensification de la répression et des arrestations arbitraires exercées par les autorités d’occupation marocaines à l’encontre des Sahraouis qui luttent pour la liberté et la justice.
Dans ce rapport annuel, la Ligue a noté que «les autorités marocaines continuent de nier le droit des citoyens et des militants sahraouis à un procès équitable, en les soumettant à des poursuites judiciaires illégales basées sur des procès-verbaux falsifiés et signés sous la contrainte et la torture, en violation totale des garanties prévues par les lois procédurales». La Ligue a précisé que «les événements et faits rapportés dans ce document ne peuvent être dissociés de la situation juridique et politique du territoire du Sahara occidental». Toutes les violations enregistrées dans la région depuis 1975 sont essentiellement liées aux changements territoriaux opérés par les autorités coloniales marocaines après l’occupation de la région et son refus de reconnaître le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. La Ligue a également enregistré, à cet effet, plusieurs procès au cours de l’année 2023 concernant «les prisonniers politiques sahraouis, dont le plus notable est celui du défenseur des droits de l’Homme, et membre de la Ligue de protection des prisonniers sahraouis, Jamal Akreedich, qui a été libéré après près de six mois de détention et plusieurs reports d’audience». Son dossier a été examiné après que toutes les accusations portées contre lui aient été réfutées, et la défense a démontré l’absence de toute preuve dans les rapports judiciaires.
« Tortures systématiques »
Le rapport a souligné, concernant la santé et le droit aux soins, que «l’occupation marocaine continue d’imposer des tortures systématiques aux prisonniers sahraouis tout en leur refusant les soins médicaux, les contacts avec leurs familles, ainsi que les droits les plus élémentaires garantis par les conventions internationales». En effet, parmi les exemples les plus frappants de cette répression brutale figure le sort des prisonniers du groupe «Gdeim Izik», tels que Sidi Abdallah Ahmed Sidi Abah, Ibrahim Dedi Ismaili, Hussein Ibrahim, le président honoraire de la Ligue, Ahmed Bachir Ahmed Sebai, et Mohammed Ahmini Rouh Bani. Le rapport a ajouté que «l’occupation marocaine continue de réprimer toute voix sahraouie réclamant la liberté». En octobre de l’année dernière, le militant des droits de l’Homme Brahim Dier a été arrêté à Laâyoune occupée après avoir participé à une manifestation pacifique réclamant le droit à l’autodétermination, et a été menacé de torture pendant les interrogatoires et détenu pendant de longues périodes sans procès équitable. Quant à l’étudiant sahraoui Mohamed Bachir, il a été arrêté en janvier de l’année passée en raison de ses publications sur les réseaux sociaux appelant au respect des droits du peuple sahraoui, rejoignant une longue liste de prisonniers politiques confrontés à une répression continue pour leur lutte pacifique, a rapporté la ligue en précisant que «ces violations ne se limitaient pas à la torture physique et psychologique, mais comprenaient également le refus aux Sahraouis d’exprimer leurs opinions». Elle a souligné que «les forces d’occupation marocaines réagissent avec une violence excessive à tout mouvement populaire ou manifestation pacifique».
« Etouffer la vérité »
Les journalistes qui ont tenté de couvrir ces événements, tels que Mohamed Abdullah, ont été arrêtés et détenus dans des conditions dégradantes dans le but de faire taire toute voix opposée à l’occupation. Dans un effort pour effacer l’identité sahraouie, selon le même rapport, l’occupation marocaine mène une politique claire de marginalisation de la culture sahraouie, interdisant l’enseignement de la langue hassanya dans les écoles sahraouies et empêchant l’organisation d’événements culturels célébrant l’héritage sahraoui». De plus, des bibliothèques contenant des livres sur l’histoire du Sahara occidental ont été fermées, «ce qui fait partie d’une politique d’effacement de la mémoire culturelle sahraouie», a fait savoir le rapport, ajoutant qu’«alors que toutes les lois et législations garantissent aux victimes le droit de déposer une plainte et d’obtenir réparation, les autorités judiciaires marocaines ainsi que la Direction des prisons ignorent souvent les plaintes des prisonniers politiques sahraouis et de leurs familles». Elles exercent également des pressions sur les plaignants pour qu’ils retirent leurs plaintes et manipulent leurs déclarations lorsqu’ils sont entendus, ce qui constitue une violation continue du droit à la réparation. En ce qui concerne l’ONU, le rapport a appelé à «accorder à la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (MINURSO) davantage de pouvoirs». La même source a affirmé que «le prolongement de la mission de la MINURSO pour une année supplémentaire sans lui accorder ces pouvoirs représente une poursuite du mépris des souffrances du peuple sahraoui». Dans ce sens, la Ligue de protection des prisonniers sahraouis a précisé que «la persistance de ces violations menace la sécurité et la stabilité de la région», appelant les organisations internationales à «prendre des mesures efficaces pour faire pression sur les autorités marocaines afin de respecter les droits de l’Homme et de protéger la liberté d’expression au Sahara occidental», a-t-elle conclu.
L.Zeggane
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