Le cauchemar se poursuit dans la bande de Ghaza. En l’espace de 24 heures seulement, 89 Palestiniens ont été martyrisés et 467 blessés par les bombardements incessants de l’armée d’occupation sioniste, tandis que la famine continue de faucher des vies, notamment celles d’enfants réduits à l’état de spectres faméliques.
La situation humanitaire atteint un seuil critique, avec plus de 122 morts par malnutrition depuis octobre, dont 83 enfants, selon les autorités sanitaires locales. Vendredi, l’armée sioniste a intensifié ses attaques contre les zones d’hébergement. Des camps de tentes et écoles-refuges ont été délibérément visés, causant plusieurs massacres. À ElQods Street, dans le quartier de Daraj, le journaliste Adam Abou Harbid a été tué aux côtés de deux civils lors d’un bombardement sur une tente de déplacés installée au marché Yarmouk. Son décès porte à 232 le nombre de journalistes assassinés depuis le début de la guerre en octobre 2023. Dans une autre attaque, cinq personnes ont été tuées et de nombreux blessés, dont des enfants, dans le bombardement de l’école “Al-Qahira” à Rimal, dans l’ouest de Ghaza. Parmi les blessés, un garçon de quatre ans est apparu dans une vidéo poignante, allongé au sol, le bras arraché, faute de lits disponibles à l’hôpital.
Une famine organisée
Dans un hôpital de Khan Younès, le bébé Abdelkader Al-Fayoumi est mort de faim. Il était soigné au Baptist Hospital mais son corps n’a pas résisté au manque de nutrition. Zeinab Abou Halib, nourrisson de quelques mois, a succombé elle aussi. Une image d’elle, prise juste avant sa mort, la montre dans un état de décharnement extrême, le thorax saillant, contrastant douloureusement avec une photo antérieure où elle souriait, vêtue d’une robe aux couleurs vives portant l’inscription « Zeinab la Reine ». Les décès d’enfants par faim deviennent quotidiens. Ce samedi matin, le nourrisson Houd Arafat est mort à son tour, portant à 127 le nombre total de morts par famine, dont 85 enfants. Plus de 900 000 enfants à Ghaza souffrent de la faim, dont 70 000 sont en situation de malnutrition aiguë, alertent les hôpitaux.
Appels internationaux ignorés
Le Bureau gouvernemental à Ghaza tire la sonnette d’alarme : 100 000 enfants de moins de deux ans, dont 40 000 nourrissons, risquent une mort collective imminente faute de lait infantile et de compléments nutritionnels. Les mères, n’ayant plus rien à offrir, tentent de nourrir leurs bébés avec de l’eau. La directrice du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, a dénoncé l’inaction collective « Ce qui se passe à Ghaza a dépassé tous les seuils légalement et moralement acceptables. Le monde a failli à préserver l’humanité en temps de guerre. » Elle appelle à l’ouverture immédiate des points de passage et à l’entrée d’une aide alimentaire et médicale d’urgence, réclamant que les États respectent le droit humanitaire et cessent d’armer l’occupant sioniste. Même le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a admis l’impuissance de ses paroles « Les mots ne nourrissent pas les enfants de Ghaza. Nous assistons à une crise morale qui défie la conscience humaine. »
Des morts pour un sac de farine
L’atrocité ne s’arrête pas aux bombardements. Depuis le 27 mai, 1 121 Palestiniens ont été tués et 7 485 blessés pour avoir tenté de récupérer de la nourriture près des points de distribution d’aide. Le Bureau gouvernemental affirme que les soldats sionistes tirent à vue sur les personnes qui font la queue pour du pain, les condamnant à mourir de faim ou de balles. Depuis le 7 octobre 2023, 59 733 personnes ont été tuées à Ghaza et 144 477 blessées, selon le ministère de la Santé. Parmi elles, 8 581 tués et 32 436 blessés depuis la reprise des hostilités le 18 mars.
Ghaza, un champ de ruines
1,5 million de Palestiniens sont sans abri après la destruction de leurs maisons. Plus de 9 000 sont portés disparus, tandis que les infrastructures médicales et alimentaires sont à l’agonie. Les convois humanitaires sont bloqués aux frontières depuis des mois. Seules six camions transportant des fournitures médicales (sans nourriture) ont été autorisés à entrer ce samedi, via l’UNICEF. La famine est aggravée par l’isolement total imposé depuis le 2 mars. Israël, appuyée par les États-Unis, refuse de respecter les injonctions de la Cour internationale de justice, poursuivant une guerre d’anéantissement envers une population civile assiégée. En Palestine occupée de 1948, des dizaines de milliers de manifestants arabes et juifs ont défilé vendredi pour dénoncer la guerre. Malgré l’encerclement policier, ils ont réclamé la fin du blocus et le respect des droits humains, dans une démonstration rare d’unité humaine face au massacre. L’UNRWA rappelle qu’il n’existe plus de lieu sûr à Ghaza.
Les habitants sont contraints à des déplacements forcés incessants, fuyant vers des zones qui sont, elles aussi, systématiquement ciblées. Ghaza est aujourd’hui au bord d’un génocide lent et programmé par la famine. Malgré les alertes de l’ONU, du CICR, des ONG humanitaires, l’inaction internationale continue. Le blocus, le pilonnage, la faim et la mort demeurent le quotidien de près de 2,4 millions de Palestiniens. Il ne s’agit plus d’un conflit. C’est un anéantissement délibéré, à huis clos, d’un peuple affamé, dévasté, oublié.
M. S.