Le roi du Maroc a voulu exprimer sa mansuétude à l’occasion de la célébration de la journée de la « Révolution du roi et du peuple». Il s’est montré sensible à la détresse des détenus et a décrété une grâce qui a profité à 673 de ses sujets dont 464 en détention, impliqués dans des délits d’extrémisme et de terrorisme, a indiqué un communiqué du ministère de la Justice. Jusque-là c’est un fait régalien et qui rentre dans les larges prérogatives du roitelet que lui offrent son statut et la constitution. La manœuvre est grossière et vise simplement à faire taire les critiques de certaines ONG de défense des droits de l’Homme qui ont lancé des pétitions pour inscrire à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale des Nations unies les droits de l’Homme au Maroc. De plus, elle pousse les observateurs à une lecture aussi bien dans sa forme que dans son contenu. Sur le plan de la forme, la mesure car parmi les individus élargis certains ont consommé leur peine d’emprisonnement. Sur le plan du fond, elle ne profite qu’à des individus condamnés pour des faits de terrorisme et d’extrémisme parmi lesquels d’anciens combattants de Daesh arrêtés après leur retour de Syrie. Et c’est la où réside le hic car la mesure ne profite ni aux compagnons de Zefzafi et ceux du Hirak du Rif et encore moins aux détenus arrêtés après les événements de Gdem Izik ou encore ceux arrêtés pour des faits dénonçant la normalisation avec l’entité sioniste. Tout semble indiquer que la liste des bénéficiaires de cette mesure d’élargissement aurait été dictée par des parties qui veulent exploiter la capacité de nuisance des terroristes graciés à des fins qui restent pour le moment inavouées. La collusion entre Daesh et les services secrets israéliens est connue par tous les observateurs de la scène sécuritaire mondiale. L’élargissement, en cette conjoncture précise, marquée par la résurrection du risque terroriste au nord du Mali et par les événements au Niger, laisse supposer que cette largesse du roi cache de funestes objectifs. Ces individus qui avaient bénéficié d‘un entraînement militaire poussé, qui ont acquis les techniques les plus sanguinaires du terrorisme en Syrie, ont comme par hasard fait leur mea-culpa et demandé la repentance pour bénéficier d’une grâce royale et reprendre les armes en service commandé pour sa majesté et ses gourous les services secrets israéliens. Quant aux détenus d’opinion, les véritables opposants, ceux qui se sont soulevés pour la justice sociale, pour réclamer l’application des résolutions onusiennes pour le respect du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, ceux qui ont réclamé l’instauration de la république du Rif et ceux qui ont dénoncé la normalisation avec l’État hébreu, ils croupissent toujours dans les geôles de sa majesté loin des regards des organisations de défense des droits de l’Homme.
Slimane B.