Après avoir développé un motif de gravure propre à lui au bout d’un demi-siècle consacré à la dinanderie, Dris Zolo, fils de Mohamed Zolo qui a formé de nombreux artisans à la Casbah d’Alger, est considéré aujourd’hui comme l’un des derniers artisans dinandiers de la ville d’Alger. Dans son échoppe à la maison de l’artisanat de Oued Koreich, les visiteurs sont toujours subjugué par les plateaux, miroirs et différents récipients qu’expose ce dinandier qui use de son savoir-faire pour susciter la nostalgie chez ses clients. Dans ce petit musée du métier, la plus ancienne pièce, réalisé par le patriarche, remonte à la fin des années 1940 alors que les distinctions de Dris tapissent les murs. Avec son large sourire et ses lunettes, qui lui donnent un air très studieux, Dris Zolo est un artisan typique de la Casbah d’Alger qui a passé sa vie à façonner des pièces de cuivre et à préserver un mode de vie et un métier vieux d’un demi millénaire. S’il s’approche des 70 ans, Dris garde un esprit jeune et vif et une volonté à toute épreuve pour promouvoir son métier. Infatigable, il pe ut parler à longueur de journée de ses réalisations aux visiteurs, tout en évoquant avec beaucoup de nostalgie la Casbah d’Alger et tous les ustensiles en cuivre qui en emplissaient le quotidien.
Il regrette une époque pas si lointaine où la dinanderie de la Casbah d’Alger se vendait dans d’autres villes du pays comme Constantine, Oran et Tlemcen alors que d’autres petits plateaux se trouvaient facilement acquéreur à l’étranger. Né en 1954, dans une famille de dinandiers, Dris est aujourd’hui le dernier artisan de sa famille après de longue années passées dans une bâtisse de la basse Casbah qui s’est effondrée sous le poids des années en 1990 et dans un autre atelier près de Bab El Oued. Ce métier il l’a appris à partir de 1967 auprès du regretté El Hachemi Benmira, qui a lui-même été un élève du père Mohamed Zolo, dans cet atelier de Zoudj Aâyoun dans la basse Casbah devenu par la force des choses un véritable centre de formation de dinandiers. Aux yeux de Dris, son métier est aujourd’hui menacé par un changement du mode de consommation orienté vers l’industrie du plastique et le confort de l’électroménager, il confie également avoir été sévèrement touché la pandémie de coronavirus et l’arrêt de son activité pendant de nombreux mois. Malgré les difficultés matériel et financières, i l s’obstine à perpétuer ce métier et à inciter les jeunes à partager sa passion que beaucoup d’artisans ont abandonné ou nous ont quitté avec beaucoup d’amertume à l’image d’El Hachemi Benmira.
Sur les traces du patriarche
Le père de Dris Zolo, Mohamed est considéré comme une des dinandiers les plus en vue de la Casbah d’Alger de son époque. Maître dinandier, il a formé de nombreux artisans depuis la fin des années 1950, à l’instar d’El Hachemi Benmira qui a rejoint l’atelier de la basse Casbah en 1958. Mohamed Zolo avait ouvert son premier atelier dans le quartier de Zoudj Aâyoun après avoir appris et maîtrisé l’art de la dinanderie et de la gravure ancienne de Turquie et de Damas (Syrie). Lui qui a appris les méthodes de travail traditionnelles, obligeait ses apprentis à en faire de-même pour maîtriser à la perfection le travail manuel avant de passer au tour mécanique introduit après la seconde guerre mondiale. Comme son fils plus tard, Mohamed Zolo avait aussi créé son propre motif de gravure appelé « laârouq » et la « Sniwa beaufresier », un plateau sans gravure qui porte le nom du quartier où il avait installé sa fonderie aujourd’hui à l’arrêt.