«Le secteur privé : entre réalité et défis», tel a été le thème central développé, hier à Alger, dans le cadre d’une conférence de presse, organisée à l’initiative de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). Cependant, les deux conférenciers invités pour la circonstance, à savoir et dans l’ordre, Djellal Serandi Mâamar, président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Tipasa, ainsi que Mohamed-Abdelouahad El-Bey, président de l’Union nationale des investisseurs du bâtiment (Unib), n’ont pas manqué de mettre en avant leur qualification d’entrepreneurs, activant dans le secteur du Btph, et de lancer des critiques à l’endroit des politiques mises en place par les pouvoirs publics. Intervenant en premier et en guise de préambule, le porte-parole de l’Ugcaa, El-Hadj-Tahar Boulenouar, a préféré soutenir que les économies, même au niveau mondial, ne peuvent se développer sans la pleine participation du secteur privé. «Celui-ci n’a pas encore, et jusqu’à présent, tout son rôle dans un contexte algérien. Il est pratiquement diabolisé en Algérie quand bien même qu’il constitue un complément à l’économie nationale», a notamment dit El-Hadj-Tahar Boulenouar, insistant sur le fait que les plus grandes multinationales, exerçant dans le monde à ce jour, sont de droit privé. L’étape actuelle, caractérisée par une baisse des revenus pétroliers et durant laquelle le gouvernement compte promouvoir la diversification de l’économie, appelle à l’investissement privé dans des domaines comme l’agriculture et le tourisme. Décochant des flèches à l’endroit de Amara Benyounès, Boulenouar fait part de son désappointement. «Nous nous désolons de n’avoir pas été invités à la rencontre initiée par le ministère du Commerce, sur le sujet du marché informel», a-t-il déclaré solennellement, et de s’interroger: «Comment les pouvoirs publics entendent mener la lutte contre le chômage, la lutte contre la frénésie des importations, promouvoir la production nationale et prétendent éradiquer les marchés informels, sans l’association des commerçants». El-Hadj-Tahar Boulenouar va jusqu’à douter de la véracité des chiffres donnés par les services du ministère du Commerce. «Les chiffres de ce département contredisent la réalité. Il n’est pas vrai que 50% des marchés informels ont été éradiqués», a-t-il martelé, tout en assurant n’avoir confiance que dans les chiffres du Centre national de l’informatique et des statistiques (Cnis) des Douanes algériennes. Lui enjambant le pas, Djellal Serandi Mâamar, président de la CCI de Tipasa, et également entrepreneur, a évoqué la crise économique ambiante. Il s’agit, selon Djellal Serandi de multiplier les efforts pour concurrencer les marchandises étrangères importées, aussi bien sur le plan de la qualité que celui de la quantité. Le président de la CCI de Tipasa en appelle à investir plus particulièrement dans le secteur du tourisme. Un secteur qui entraîne immanquablement le développement des autres secteurs d’activités, a expliqué Serandi, citant expressément celui des services et des transports. Le conférencier a également appelé à l’investissement dans le secteur de l’agriculture saharienne et celui de l’énergie solaire. Sur sa lancée, il préconise d’accorder aux investisseurs des facilités en termes de taxes et d’impôts. Le secteur privé est un élément important dans le développement de l’économie nationale, selon Serandi. De son côté, le président de l’Union nationale des investisseurs du bâtiment (Unib) et néanmoins entrepreneur, Mohamed- Abdelouahad El-Bey, n’a pas manqué d’assener les entreprises privées algériennes qui ont été déstructurées par les politiques suivies jusque-là par les pouvoirs publics. De par le monde, des présidents d’État sont jugés sur leur capacité à créer des emplois, et cette création d’emplois constitue à son tour le principal indicateur de la stabilité d’un pays, a-t-il soutenu. Citant l’exemple des Btph, El-Bey affirme que ce n’est pas normal d’affirmer que les entreprises algériennes, privées en l’occurrence, ne sont pas capables de réaliser l’important programme de logements et d’infrastructures, décidé par le gouvernement. «70% de la création d’emplois est le fait des entreprises privées. La Fonction publique vient théoriquement comme un soutien à et au service de l’économie nationale», avance-t-il en guise d’argument. Cependant, Mohamed-Abdelouahad El-Bey ne se fait pas très radicaliste puisqu’il déclare constater une volonté politique de la part des autorités de promouvoir l’économie nationale. «Les entreprises privées jouent un rôle-pivot même dans les secteurs stratégiques », juge-t-il. L’Algérie est passée d’une économie de rente à une économie de marché, mais les mentalités subsistent encore. Il est temps d’associer de manière sérieuse l’entreprise privée dans la réalisation du programme de logements et du programme d’infrastructures publiques, selon El-Bey. Lorsque le bâtiment va, tout va, conclue enfin Mohamed-Abdelouahad El- Bey, tout en exprimant son regret de voir que les entreprises du bâtiment n’ont pas été prises en compte. Par ailleurs, l’Ugcaa salue les efforts entrepris par les services de sécurité dans la lutte contre le trafic de drogue. En fait, et selon les déclarations de ses animateurs, l’Ugcaa considère que la lutte contre la drogue n’est pas la seule affaire des services de sécurité mais que c’est l’affaire de tout le monde.
Mohamed Djamel