La croissance de la demande de pétrole se poursuivra, en 2015, à son plus haut rythme depuis cinq ans, soutenue par la baisse des prix et la reprise économique mondiale. C’est ce qui ressort du dernier rapport mensuel de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié hier.
L’AIE prévoit qu’en 2015 la demande mondiale augmentera de 1,6 million de barils par jour (mb/j) portée par une «croissance économique qui se consolide» et une baisse des prix conduisant «les consommateurs à utiliser plus d’essence». L’Agence souligne également qu’il s’agit de «la plus forte envolée de croissance en cinq ans». Ses prévisions sont donc revue à la hausse de 260 000 baril/jour sa prévision pour 2015, et table, par ricochet, sur une demande en progression de 1,4 mb/j en 2016, soit une augmentation de 410 000 barils/jour par rapport à son estimation précédente. Sous l’effet d’un «surplus de l’offre» de pétrole, en particulier en provenance des pays de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep), et du dollar fort, les prix de référence du baril ont perdu 10 dollars en un mois. En juillet dernier, l’AIE avait indiqué qu’il n’y aura pas de croissance globale de la production de pétrole -hors de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep)-. L’Agence avait prévu un ralentissement de la croissance de la demande mondiale à 1,2 million de barils par jour (mb/j) en 2016 contre 1,4 million cette année, nettement insuffisante pour compenser la croissance continue de la production, tant des pays de l’Opep qu’hors Opep.
« Il se peut que le point bas du marché soit encore à venir», écrit l’Agence dans son rapport de juillet pour qui le mouvement de rééquilibrage, qui a commencé lorsque les marchés ont lancé une première phase de baisse des cours de 60%, il y a un an, n’est pas fini.
Les espoirs de stabilisation du marché du pétrole se sont évanouis: les cours ont retrouvé à New York leurs plus bas niveaux depuis 2009, avec peu de chance de rebondir face à une offre pléthorique et des inquiétudes sur la consommation chinoise. Mardi, le cours du baril de « light sweet crude » (WTI), la référence américaine du brut, pour livraison en septembre -le contrat de référence- a terminé à son plus bas niveau de clôture depuis près de six ans et demi, à 43,08 dollars. Il a baissé de 1,88 dollar sur la séance. On est loin des 98,08 dollars auxquels il s’échangeait, il y a un an, jour pour jour. En Europe, le cours du baril de Brent a, lui, baissé de 1,23 dollar à 49,18 dollars.
Cette rechute des prix, entamée début juillet, est décourageante pour les investisseurs, d’autant qu’elle intervient après une stabilisation de plusieurs mois autour de 60 dollars le baril. Selon certains analystes, la production de l’Opep est à son plus haut depuis trois ans, et l’Irak et l’Arabie saoudite », les deux principaux producteurs du cartel, « en sont à des niveaux jamais vus, depuis le début des années 1980 ».
Plusieurs analystes se font l’écho de rumeurs selon lesquelles Riyad envisagerait enfin de réduire sa production, mais l’Opep a vite pris garde de doucher officiellement ces espoirs. De plus, certains investisseurs mettent en garde sur un afflux de pétrole iranien à la suite de l’accord nucléaire signé à la mi-juillet par Téhéran avec six grandes puissances, même si tous les observateurs ne sont pas d’accord sur son rôle dans la rechute actuelle des prix.
Ines B.