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Pénurie de main-d’œuvre qualifiée à Aïn Témouchent : Une situation favorisant le travail informel des étrangers

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Où sont passés les jeunes formés par le secteur de la formation professionnelle, dans la wilaya d’Ain Témouchent, au titre de la formule dite «sections détachées pour le BTPH, durant les deux quinquennaux 2004-2009 et 2010-2015 ?

Qu’a-t-il fait pour subvenir aux besoins des entreprises œuvrant dans le bâtiment, les travaux publics, l’hydraulique et l’agriculture ? Pourquoi les jeunes désertent les chantiers du BTPH après avoir été formés et optent pour le marché informel avec tous les risques qu’ils encourent ? Les opérateurs économiques et promoteurs sont–ils réticents à vouloir embaucher la main d’œuvre formée localement ? La baisse sensible des plans de charge des entreprises, tous secteurs confondus, à cause du gel des grands projets ou l’annulation pure et simple de ceux proposés à l’inscription ou au lancement sont-elles les seules causes qui génèrent cette situation que l’on espère passagère ? C’est à ces questions et autres interrogations qui s’égalent et viennent compléter les premières et qui viennent s’imbriquer avec elles que l’on s’intéresse absolument et à travers lesquelles on invite des observateurs avérés et nombreux décideurs et opérateurs économiques ainsi que des représentants des dispositifs d’insertion des jeunes, dans le milieu professionnel, et de la formation professionnelle.

Chaque partie est chargée d’une mission bien définie
L’ex sous-directeur chargé de l’enseignement au niveau du secteur de la formation et l’enseignement professionnels, d’Ain Témouchent, quand le problème de la pénurie de main- d’œuvre lui a été posé lors d’une rencontre, avait souligné, en trait gras, que la mission de son secteur est de former les apprenants dans les différentes filières, existantes et celles nouvellement créées et c’est à d’autres acteurs de l’environnement immédiat de jouer un rôle déterminant, et dans un cadre associatif, en vue de prospecter des gisements sur le marché local en mesure d’absorber les produits formés et de les accompagner sur le terrain. « Et si on arrive à avoir une bonne formation capable de fournir au marché des produits qualifiés, la mission est bien remplie et tout l’honneur et le mérite sont pour le secteur de la formation », disait un intervenant d’un dispositif. Au début de l’année 2016, la note bien mesurée et réfléchie est venue de la part du représentant du forum des chefs d’entreprises (FCE), de la wilaya d’Ain Témouchent, en l’occurrence Brahim Torky, l’actuel gérant du village touristique Dorian Beach club (DBC) de Terga (30km au nord-ouest d’Ain Témouchent). Ce dernier, qui avait auparavant assisté à une grande réunion présidée par le wali et à laquelle ont pris part des investisseurs, des opérateurs et l’ensemble des membres du conseil de wilaya, avait invité le wali Hamou Ahmed Touhami à une réunion du staff du FCE durant laquelle ceux qui ont pris la parole ont mis l’accent sur les problèmes qu’ils ont rencontrés. « Nous avons exposé au wali les problèmes rencontrés par les investisseurs et avons également prouvé notre bonne volonté de contribuer au développement local », intervient en premier, Brahim Torky », délégué du FCE. Et un autre membre du bureau de wilaya du forum était plus explicite en disant « que la région s’enorgueillit de ses potentialités créatrices de richesse et d’emploi notamment dans les domaines du tourisme, de l’agriculture et de la pêche. La rencontre, c’est aussi une occasion pour exposer les problèmes rencontrés par les chefs d’entreprises. Il cite entre autres, la bureaucratie verticale et horizontale, le foncier industriel, le manque d’énergie électrique pour alimenter les complexes touristiques, l’incompétence de certains directeurs de wilaya, le manque de main-d’œuvre qualifiée, le foncier domanial et les ZET ». Même si son intervention ne cadrait pas avec l’objet que nous venons d’aborder, en l’occurrence la problématique de la pénurie de main- d’œuvre qualifiée, Mohamed El Arabi Benchaâbane avait dit, en substance, « La bonne volonté de l’État ne suffit pas si les banques n’accompagnent pas les investisseurs. Il y a eu des projets bloqués par la bureaucratie depuis plusieurs années et qui ont été solutionnés par l’actuel wali.
Nous demandons la régularisation des structures hôtelières dans le cadre de la loi 15/08 et l’application de la loi 02/03 portant sur la concession des plages aux établissements classés». Pour ne pas laisser le lecteur sans réponse à l’endroit des propos formulés par Benchaâbane, le wali a promis « que son exécutif est instruit pour aider tous les sérieux investisseurs et que tous les projets en instance seront étudiés en l’espace d’un mois. Enfin, tous ces opérateurs économiques ont fait éloge au wali qui est à leur écoute depuis son installation à la tête de cette wilaya et déploie des efforts pour le développement économique dans la wilaya. Cette première rencontre a été orientée vers le secteur du tourisme » qui lui aussi souffre du manque de main d’œuvre qualifiée dans toutes les taches et prestations de service que nécessite ce type d’investissement.

Le recours à la main d’œuvre étrangère
Selon les estimations statistiques récentes « Nombreux sont les entrepreneurs, qui ont formulé des demandes auprès d’organismes et dispositifs d’insertion de jeunes chômeurs, issus ou non des universités et de la formation professionnelle, n’ont pas encore été satisfaits ». Cette vérité a été aussi mise en exergue, par des sources de l’Agence nationale de l’emploi (ANEM), courroie de transmission entre les entreprises et les demandeurs d’emploi. Les besoins en emplois qualifiés, dans le BTP, ne cessent d’augmenter surtout avec le lancement, dans la wilaya d’Ain Témouchent, des 16 000 nouveaux logements au début du quinquennal 2010-2015, sans compter le reliquat inscrit au titre de la dernière année du programme du quinquennal achevé. Pour pallier à cette situation et rétrécir le déficit, les entrepreneurs font appel à la main-d’œuvre de toutes les wilayas du pays en plus de la main-d’œuvre étrangère. Les promoteurs ont, à plusieurs reprises, alerté les pouvoirs publics concernant le manque crucial de maçons, de plâtriers, de plombiers, de ferrailleurs et autres menuisiers. Sur ce point précis l’Association des entrepreneurs algériens avait indiqué que «Le secteur de la formation professionnelle est tenu de former cette main-d’œuvre qualifiée dans l’immédiat, si on veut résorber vraiment le chômage et permettre au BTPH de se développer ». Dans ce cadre, la presse avait révélé que les directions de l’emploi devaient lancer un nouveau dispositif de formation au profit des jeunes âgés de 16 à 20 ans ayant un niveau d’études limité ou ceux ayant très tôt achevé leur cursus scolaire. Le dispositif vise en particulier les spécialités les plus demandées sur le marché local du travail, particulièrement celles du bâtiment, des travaux publics et de l’hydraulique ainsi que ceux de l’agriculture.
La formule préconisée implique les entreprises de vouloir prendre en charge les produits à former pour elles en les plaçant dans des chantiers pour une mise en relation avec le milieu professionnel qui sera sanctionnée par l’acquisition d’une qualification dans des centres de formation professionnelle avec l’octroi de bourse de 4.000 dinars-mois ainsi qu’une assurance sociale. Nonobstant les mesures prises en cette phase transitoire il a été constaté une inadéquation et un déséquilibre entre l’offre et la demande en matière de qualification , tout d’abord, et de disponibilité de main d’œuvre spécialisée surtout, en la suite. Un forcing mené par les entrepreneurs qui auraient reçu l’aval tacite à faire venir des travailleurs étrangers, en majorité des Asiatiques, pour concrétiser les projets. Pour remédier à ce déficit, les pouvoirs publics ont décidé de conditionner les autorisations de recrutement de travailleurs étrangers à la formation de la main-d’œuvre locale. Le recours aux travailleurs étrangers sert à combler un manque en main-d’œuvre spécialisée dans certains métiers notamment dans les secteurs du BTPH, de l’industrie et des services. Le ministère du Travail a instruit les directeurs de l’emploi au niveau des wilayas de ne plus accorder des autorisations pour le recrutement des étrangers s’ils n’obtiennent pas, au préalable, l’engagement des entreprises concernées de former des travailleurs algériens dans les mêmes spécialités.

Que stipule la législation algérienne ?
Ceux qui se rappellent assez bien des déclarations faites par l’ex-ministre du Travail quand il lui a été posé la problématique du travail en noir des travailleurs étrangers. Il a dit « Je ne veux pas trop m’étaler sur la question, mais je préfère balayer tous les propos présumant qu’il existe certains employés étrangers qui travaillent au noir en Algérie. » Et d’ajouter « Il n’y a aucune entreprise étrangère qui active sans agrément en Algérie. J’affirme que les services de contrôle relevant de l’inspection du travail et de l’emploi sont très compétents et qu’ils assurent un contrôle «permanent» et «quotidien» quant au respect et au suivi de la réglementation. Dans la wilaya d’Ain Témouchent, cette question n’a pas fait trop de bruit et les entreprises étrangères qui travaillent le font en partenariat et sont de nature juridique algérienne. Cependant le constat est tout autre car les entreprises peinent ces derniers temps à pouvoir trouver les ouvriers dont elles ont besoin pour réaliser leurs projets. Interrogée lors de la dernière visite du wali qu’il a effectuée à la zone industrielle, il y a environ deux semaines, la directrice du projet en construction de l’unité de production de rond à béton et de la tôle ondulée avait clairement dit « que la main-d’œuvre spécialisée est recrutée de l’étranger. » Comment expliquer une montée crescendo de la main-d’œuvre étrangère ? Il faut se mettre à la place des entreprises algériennes qui peinent à pouvoir trouver des travailleurs disposant des métiers nobles.
Certaines, faute de pouvoir en trouver, sont forcées d’observer des arrêts de travail. Les maçons, les plombiers, les ferrailleurs, les étanchéistes, les conducteurs d’engins et autres plâtriers sont désormais une denrée rare qu’il faut recruter par voie d’appel d’offres, ironisent certains. Cette contrainte majeure ne laisse pas les pouvoirs publics bien assises sur leur séant. Bien au contraire ils sont eux aussi stressés car confrontés à des échéances précises donc obligés de faire le plein. À l’échelle nationale les Chinois représentent 45% et forment de ce fait la plus forte communauté ouvrière étrangère avec plus de 20 000 personnes. À Ain Témouchent la main-d’œuvre étrangère pourrait atteindre 10% et elle est dominée par les travailleurs chinois. Cependant par manque de communication des statistiques par des organismes habilités, la presse est restée à sa faim et le taux présenté plus haut n’est qu’une estimation à titre indicatif.

Des Marocains et des Chinois trouvent bonnement leur compte
Exerçant leurs métiers du bâtiment durant la semaine, les ouvriers chinois ne ratent aucune occasion pour gagner plus d’argent pendant les week-ends et les jours de repos. Ce phénomène est plutôt en expansion dans les grandes villes et la métropole oranaise vient en premier lieu. Cependant à Ain Témouchent c’est plutôt les travailleurs marocains, qui s’avèrent plus discrets. La majorité d’entre eux est en séjour illégal. Ils exerçaient auparavant uniquement dans des métiers qui leur étaient propres, comme la plâtrerie, ces derniers ont senti le filon à leur tour au même titre que les Chinois. Ils proposent leurs services en maçonnerie et même en peinture face à une demande constante. Des citoyens algériens qui ne disposent pas de moyens financiers suffisants, ont affiché leur inquiétude sur la disparition de la main-d’œuvre locale. Dans le même contexte, l’interrogation qui revient souvent sur les lèvres est où sont passés les centaines de jeunes qui obtiennent chaque année leurs diplômes dans les centres de formation créés spécifiquement pour faire face à la demande du marché local dans les métiers du bâtiment? En effet, de plus en plus, des familles algériennes aisées ou moyennement aisées recourent aux services de maçons marocains et chinois qu’ils engagent le plus souvent pour des travaux d’aménagement de leurs appartements. Les Chinois engagés dans différents chantiers ainsi que les Marocains, entrés sur le territoire national majoritairement illégalement, ont réussi à intégrer ce marché noir des métiers du bâtiment comme la maçonnerie et l’artisanat par la grande porte face au manque flagrant de travailleurs algériens et le manque de qualification qu’accuse une bonne partie de nos compatriotes dans ces métiers. Il n’est caché pour personne que plusieurs édifices ont été aménagés par des travailleurs marocains entrés légalement en Algérie. Le plâtre, la sculpture et la menuiserie sont les métiers les plus demandés. Les Chinois sont dans les chantiers où ils sont recrutés dans un cadre légal pendant la semaine et au marché noir le week-end.

Faut-il mécaniser la collecte et la récolte des produits de la terre ?
Le secteur de l’agriculture, après la mise en retraite des travailleurs de la terre relevant des exploitations domaniales de l’époque après l’indépendance, se retrouve dans une situation catastrophique en matière de manque flagrant des petits métiers qui existaient dans les années 70 du siècle dernier quand la vigne, à Ain Témouchent donnait jusqu’à 200 à 300 q à l’hectare de raisin de cuve. Faute de relève de main-d’œuvre, les viticoles de la région ont procédé à l’arrachage de plus de 30 000 hectares de vigne de cuve.
L’ex-ministre s’adressant aux journalistes avait dit « qu’il y a un problème de main-d’œuvre dans beaucoup de régions ». Au moment où l’on doit récolter la pomme de terre ou la tomate, ce problème se pose. « À chaque fois, les agriculteurs cherchent des machines pour accélérer la récolte », avait-il déclaré à la Chaîne III de la Radio nationale » Donc toutes les cultures, demandant une haute intensité de main-d’œuvre, ne sont pas pratiquées. Souvent quand les fellahs se retrouvent sans bras, même de ceux de leurs enfants, ils procèdent à la location de leur part contenu dans les exploitations agricoles collectives ou individuelles. Et on ne doit pas s’étonner quand on trouve le petit pois et le pois chiche vendus à 300 da, l’ail à 250 da, le raisin de table plus cher que la banane venant de 12 000 km. On ne s’étonne pas quand on constate que plus de 30% de la surface agricole utile est laissée en jachère chaque année. Le retour à la terre doit forcément répondre à plusieurs paramètres à savoir : offrir au travailleur un travail permanent, bien rémunéré avec des avantages sociaux au même titre que les autres travaux qui font bénéficier au travailleur une allocation familiale, congé annuel, indemnités de nuisance et- d’accident de travail. C’est de cette manière qu’on pourrait prétendre revenir au travail de la terre.
Boualem Belhadri

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