La diplomatie chinoise a usé de propos fermes dans sa réponse aux accusations du secrétaire général de l’OTAN. déclarant que le bloc militaire occidental portait une «responsabilité indiscutable» dans la crise ukrainienne.
Jens Stoltenberg avait accusé, jeudi dernier, la Chine d’«alimenter» le conflit ukrainien en entretenant des liens commerciaux avec la Russie. Le commerce entre la Chine et la Russie «ne cible aucun tiers et ne doit pas être perturbé ni soumis à aucune contrainte de la part de qui que ce soit», a souligné, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, lors d’un point presse. Celui-ci était interrogé, par CCTV, sur les propos tenus la veille par le secrétaire général de l’Otan. Depuis Berlin, où il recevait le très atlantiste prix Eric Warburg, Jens Stoltenberg s’en est pris à la Chine, accusant cette dernière de «soutenir l’économie de guerre de la Russie», en partageant «des technologies haut de gamme comme les semi-conducteurs et autres articles à double usage avec la Russie».
«L’année dernière, la Russie a importé 90% de ses produits microélectroniques de Chine, utilisés pour produire des missiles, des chars et des avions», a-t-il encore affirmé, accusant également Pékin de s’«efforcer» de fournir «des capacités et des images satellitaires améliorées» à Moscou. Pékin sommé par Stoltenberg de choisir entre l’Occident et la Russie «La Chine affirme vouloir entretenir de bonnes relations avec l’Occident. Dans le même temps, Pékin continue d’alimenter le plus grand conflit armé en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale», a-t-il poursuivi, martelant que Pékin ne pouvait pas «avoir le beurre et l’argent du beurre». «La Chine ne fournit pas d’armes aux parties aux conflits et contrôle strictement l’exportation d’articles à double usage» a balayé Wang Wenbin, assurant à son tour que «60% des importations russes de composants d’armes et d’articles à double usage proviennent des États-Unis et d’autres pays occidentaux».
Le porte-parole de la diplomatie chinoise a alors enchaîné, déclarant que «l’OTAN porte une responsabilité incontestable» dans la crise ukrainienne. Selon lui, le bloc militaire occidental «devrait réfléchir au rôle qu’il a joué, cesser de rejeter la responsabilité et prendre des mesures concrètes pour le règlement politique de la crise. Cette charge du secrétaire général de l’OTAN a coïncidé avec une nouvelle tentative de la diplomatie américaine de pousser Pékin à revoir ses relations économiques avec la Russie. Le 26 avril, depuis Pékin, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré lors d’une conférence de presse que Washington était prêt à «prendre des mesures supplémentaires» si la Chine ne cessait pas son transfert présumé de composants à double usage vers la Russie. Début avril, Washington avait menacé Pékin de le tenir pour responsable de tout gain territorial russe en Ukraine. Après avoir échoué avec Moscou, Bruxelles et Washington entendent mettre la pression sur Pékin Alors que les sanctions à l’encontre de la Russie montrent leurs limites et que l’armée russe progresse de nouveau en Ukraine malgré le soutien militaire des Occidentaux, la Chine est de plus en plus la cible des pressions de Bruxelles et de Washington pour s’aligner sur leur politique antirusse. Début mars, le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, avait fustigé les tentatives américaines d’exercer une «pression» sur Pékin, refusant «résolument toute hégémonie et intimidation» et dénonçant «la volonté de blâmer la Chine sous n’importe quel prétexte», qui «a atteint un niveau inimaginable». Dans son dernier paquet de sanctions antirusses, validé fin février, l’Union européenne a inclus plusieurs sociétés chinoises, ciblées pour leur rôle d’intermédiaire avec la Russie, une première. La diplomatie chinoise avait alors également dénoncé des «sanctions illégales» qui s’en prennent à «la coopération entre la Chine et la Russie».
R.I