Les attaques barbares meurtrières de l’entité sioniste contre la bande de Gaza et la féroce répression des manifestants palestiniens à El Qods placent les nouveaux pays alliés arabes d’Israël dans une situation délicate, qui doivent décider entre continuer à normaliser leurs relations bilatérales ou condamner ces violences.
Il y a moins d’un an, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc ont signé, sous les auspices des États-Unis, des accords pour rétablir les relations avec Israël et sont déjà contraints d’adopter un discours critique face aux événements.
Les tentatives d’expulsion des Palestiniens du quartier de Shaykh Jarrah à El Quods-Est pour installer des colons juifs à leur place, la violente répression des manifestations autour de la mosquée Al Aqsa à Al Qods, le troisième lieu saint de l’Islam et les attentats de l’armée sioniste dans la bande de Gaza qui ont tué au moins 141 Palestiniens, dont 41 enfants, soutiennent leurs critiques. Vendredi dernier, le ministère des Affaires étrangères émirati a exprimé « son inquiétude face à cette spirale de violence ». Dans un langage plus direct, Bahreïn a condamné « les attaques d’Israël ». « Ces réactions sont avant tout un exercice de communication destiné à un public arabe national et régional qui continue de soutenir les Palestiniens », a déclaré Elham Fakhro, analyste au groupe de réflexion de Crisis Group. « Les accords d’Abraham (qui ont scellé la normalisation avec Israël) n’ont jamais été destinés à aborder la question de l’occupation militaire et de la dépossession des terres palestiniennes », a précisé cet expert. À Bahreïn, les manifestations de soutien aux Palestiniens ces jours-ci ont appelé les dirigeants à rompre leurs relations avec Israël. Aux Emirats, où les manifestations sont interdites, de nombreux internautes partagent des vidéos et des photos pour dénoncer l’occupation et la barbarie des forces militaires sionistes.
Pour Hugh Lovatt, analyste au think tank du Conseil européen des relations étrangères, la crise actuelle est « le premier vrai test » pour les Émirats. Mais il semble peu probable qu’Abou Dhabi renonce à cette normalisation car les Émirats « profitent beaucoup des relations avec Israël », principalement grâce aux accords sur la technologie et l’achat de matériel militaire. « Compte tenu du profond intérêt bilatéral, l’escalade en Palestine est simplement quelque chose qui va ralentir le processus, mais n’oublions pas que les relations entre les Émirats et Israël se développent depuis des années et ont survécu aux guerres de Gaza », rappelle le chercheur.
Suite aux accords d’Abraham, tous les regards se sont tournés vers l’Arabie saoudite, poids lourd régional, mais le royaume a refusé d’entamer une normalisation des relations avec Israël sans une résolution préalable de la question palestinienne. Cette semaine, le roi Salmane a fermement condamné « les actions d’Israël à El Qouds » et a exprimé son soutien aux « droits légitimes » du peuple palestinien. De son côté, le ministre saoudien des Affaires étrangères Faysal bin Farhan a critiqué les « pratiques illégales de l’occupant israélien ». Pour d’autres États arabes qui ont approché Israël ces derniers temps, le malaise est encore plus flagrant qu’aux Émirats, puisqu’au Maroc ou au Soudan la société défend ardemment la cause palestinienne. Pour le Maroc, la normalisation avec Israël avec qui il entretient des relations étroites depuis toujours a prétendu franchir le pas en contrepartie de la reconnaissance de Donald Trump de sa folle décision sur le Sahara occidental. Un marché de dupes appuyé par des promesses financières pour le souverain marocain qui ne cesse de s’accaparer les richesses, qui concerne un territoire occupé inscrit sur la liste de l’ONU en tant que région non autonome en attente de décolonisation. Qui plus est une « décision » sans assise légale et que l’administration Biden va enterrer parce que contraire aux principes même des États-Unis. Ainsi face à la pression de la rue, le Maroc a dû condamner les actions de la police israélienne à El Quods-Est et a annoncé l’envoi d’une aide humanitaire aux Palestiniens. Mais ces gestes insignifiants ne sont faits que pour cacher le silence assourdissant du monarque marocain, président du Comité El QODS qui ne dit mot sur ce qui est fait au troisième lieu saint de l’Islam. Au point ou plusieurs pays musulmans comptent mener sous peu une action pour lui retirer une charge dont il se montre indigne.
Enfin, le Soudan, qui a établi des relations avec Israël pour sortir de la liste noire des États-Unis des pays qui soutiennent le terrorisme, a également « condamné et rejeté les mesures prises par Israël » contre les Palestiniens et les a qualifiées de « provocation flagrante ». Sans pour autant revenir sur sa reconnaissance de l’entité sioniste.
M.B.