La situation épidémiologique en Algérie est alarmante a indiqué le professeur Riadh Mehyaoui, membre du Comité scientifique de suivi de la pandémie Covid-19, dans une déclaration à la presse. Ce dernier a précisé que le nombre de cas et de décès est en recrudescence notamment dans la capitale, Constantine et Oran où la situation est préoccupante.
Plus explicite, il a indiqué que les bilans rendus publics ne reflètent pas la réalité de la pandémie dans le pays, « car plusieurs malades recourent à l’automédication et ne se rendent aux services spécialisés dans les structures de suivi de la maladie. Les bilans ne concernent que les tests PCR effectués », a-t-il souligné. Il n’a pas manqué dans ce contexte de rappeler que le moment est venu de tirer la sonnette d’alarme et d’explorer les solutions possibles et urgentes pour réduire la propagation de la maladie à l’instar d’un retour à l’obligation de respecter les gestes barrières et de prévention, « malheureusement aujourd’hui ignorés dans les espaces publics et les locaux commerciaux ». Evoquant l’apparition de nouvelles souches du virus et de variants, le Professeur Mehyaoui a indiqué que les symptômes classiques du virus ont aujourd’hui changé. « Les nouvelles souches provoquent des symptômes différents de ceux de la souche classique. Aujourd’hui les variants britannique ou indien ont fait leur appaition dans notre pays. Ils sont difficiles à diagnostiquer d’où la nécessité de se faire ausculter par un médecin dès l’apparition de fièvre ou tout autre signe de la maladie. Nous devons trouver des solutions urgentes et efficaces pour réduire la propagation de la pandémie », a-t-il estimé.
Le retour à un couvre-feu sanitaire n’est pas exclu
Le professeur Mehyaoui a rappelé que le couvre-feu sanitaire imposé après l’apparition de la maladie en Algérie a permis de bien gérer la situation et de réduire au maximum la propagation de la maladie. « Mais depuis, avec le temps, les mesures de prévention, les gestes barrières et la distanciation sociale ont été abandonnés ce qui a favorisé l’apparition d’une nouvelle vague de l’épidémie. C’est pourquoi le recours à des mesures urgentes plus strictes n’est pas à exclure pour contrer la propagation des nouvelles souches du virus », a-t-il souligné. Il faut rappeler dans ce cadre que le port de la bavette et le respect des gestes barrières, ne sont plus respectés même au niveau des administrations publiques ou un relâchement de la vigilance est constaté. La distanciation sociale n’est plus respectée au niveau des espaces publics et des locaux commerciaux. Certains secteurs d’activité, à l’instar de salles des fêtes qui ne sont pourtant pas autorisés à reprendre travaillent au noir. Les cas sont légion dans les grandes villes du pays. Même certains lieux de spectacle et de divertissement, comme les discothèques ont repris le travail et la vidéo des joueurs du MCA en train de festoyer dans un cabaret d’Oran en est la preuve. Les marchés hebdomadaires constituent également le lieu où le respect des gestes barrières n’est pas assuré. Ces espaces cédés en concession à des privés, ne sont même pas pourvus d’agents de sécurité en mesure de faire respester l’obligation du port de bavette ou de respect de la distanciation sociale.
Les services Covid des hôpitaux saturés
Le professeur Mehyaoui a indiqué que les structures d’accueil des hôpitaux sont saturées et actuellement plusieurs établissements sont en train d’affecter les lits et les équipements des services de chirurgie et de médecine à l’accueil des malades atteints de Covid-19. « Conformément à une réunion tenue la semaine dernière avec les directeurs de santé, des dispositions sont en train d’être mises en place pour rétablir les capacités d’accueil des structures hospitalières pour atteindre celles du mois de juillet 2020 quand la maladie avait fait son apparition dans le pays. Il a été également décidé de réviser le plan des congés annuels des personnels soignants pour le porter à deux semaines seulement. Malgré le stress et la fatigue vécus par ces personnels nous sommes dans l’obligation de recourir à cette mesure », a-t-il indiqué tout en rassurant sur la disponibilité de l’oxygène, « les stocks disponibles peuvent couvrir la demande, il n’y a pas lieu de s’inquiéter », a-t-il souligné.
L’accès aux lieux publics pour les personnes vaccinées
Pour sa part le Professeur Ilias Rahal, membre du comité scientifique de suivi de la pandémie a indiqué que le comité s’apprête à proposer aux pouvoirs publics d’autoriser l’accès aux lieux publics exclusivement aux personnes vaccinées sur présentation de la carte de vaccination. « Cette proposition sera soumise aux autorités en vue de son application », a-t-il souligné tout en précisant que la wilaya d’Alger enregistre le plus grand nombre de malades suivie de Constantine et Oran.
Cette mesure pourrait encourager la vaccination car, depuis le mois de février 2021, date du lancement de la campagne nationale, les citoyens n’affluent pas vers les vaccinodromes et les structures de santé pour bénéficier de cette protection. En l’absence d’une campagne de sensibilisation, le recours à des mesures restrictives qui réduisent la liberté de circulation à l’instar d’un couvre-feu plus strict, d’amendes contre ceux qui ne respectent les mesures de prévention ou ceux qui refusent la vaccination est aujourd’hui plus que nécessaire.
Slimane B.