Les négligences de certains peuvent mettre en péril la vie de tout un pays. C’est du moins le constat qui s’impose quand on voit le relâchement constaté dans l’application des gestes barrières et des mesures de prévention contre la pandémie du Covid-19. Le risque d’un reconfinement est grand et c’est même une éventualité, amère, envisagée par les pouvoirs publics si la tendance à la hausse des contaminations, à travers le pays se maintient.
L’Algérie qui a fait de la résistance face à la maladie depuis mars dernier en imposant un train de mesures, certes aux conséquences et économiques et sociales très lourdes, mais qui a réussi à maintenir la contamination à un niveau gérable se retrouve aujourd’hui menacée par un retour de flamme, une deuxième vague si on se fie au nombre de cas enregistrés ces derniers jours. Le laxisme de certains citoyens qui ont très vite versé dans un comportement qui frise l’irresponsabilité est en train de compromettre les efforts fournis depuis la déclaration de la pandémie. Le couvre-feu imposé il y a quelques mois et régulé en fonction de l’évolution de la situation ainsi que les restrictions en matière de déplacement ont eu un impact négatif sur plusieurs couches de la société et plusieurs activités économiques. La facture de ces mesures est lourde et leur
conséquence sur le plan économique pourrait s’alourdir encore plus dans les prochains mois à la faveur des difficultés socio-économiques planétaires engendrées par la maladie. Ces sacrifices ne semblent pas avoir poussé certains à adopter un comportement citoyen-responsable. Les mesures barrières, les gestes de distanciation sociale édictés pour l’allégement des restrictions sur la circulation des biens et des personnes et sur certaines activités administratives et économiques, ne sont nullement respectées. Les bus sont bondés et le port du masque sont le dernier souci des chauffeurs et receveurs. Les taxieurs qui avaient usé de fraude durant la dure période de confinement pour garder un minimum de revenu, sont eux également peu regardants en
matière de respect des mesures de prévention. Certaines rues commerçantes sont bondées de monde, les réunions de mariages, obsèques et autres sont une menace pour la santé publique. Elles constituent un facteur de propagation de la maladie que les citoyens ne se sont pas gêné d’encourager par le relâchement constaté ces derniers jours.
Le temps n’est plus à la sensibilisation
Aujourd’hui, après huit mois de lutte et de résistance face à la maladie, le temps et le ton ne doivent plus être à la sensibilisation. Les effets de la pandémie, la société les a durement ressentis sur tous les plans.
Coincée entre des voisins (le Maroc et la Tunisie) où le nombre de cas est en augmentation exponentielle, notre pays se retrouve sous la menace d’une deuxième vague même si certains responsables tentent de tempérer la menace. Elle est réelle car le relâchement constaté est à tous les niveaux. En raison de la menace, les services de sécurité sont dans l’obligation de faire preuve de fermeté dans l’application des lois. Des décrets ont été promulgués comme cadre juridique fixant les conditions de confinement, de couvre-feu et de mise en place des mesures de prévention, et les services de sécurité doivent se montrer plus fermes dans la sanction des actes contrevenant à ces dispositions. Le ton du laxisme pourrait nous valoir cher surtout avec la rentrée scolaire qui constitue un sérieux test concernant les capacités de nos institutions à gérer ce genre d’événement en période de crise majeure.
Les études ont montré, alors que certains pays sont en pleine deuxième vague de la maladie, que les jeunes sont devenus le vecteur principal de la maladie. Asymptomatiques, ces derniers par leurs sorties, leur rencontres participent à la propagation de la maladie. De retour dans leurs foyers, ils peuvent facilement
transmettre cette maladie à leurs proches. D’ailleurs d’autres études ont confirmé que la majorité des derniers cas enregistrés en Algérie proviennent de contamination dans le milieu familial. Le temps n’est
plus aux tergiversations qui pourraient nous replonger dans un nouveau confinement avec toutes ses contraintes.
Le retour des enfants à l’école est différemment interprété par les parents qui doutent des capacités du secteur de l’Éducation à assurer, notamment dans les zones d’ombre, les mesures de prévention parmi lesquelles la double vacation qui fait l’objet d’un grand débat dans les rangs du corps enseignant. L’Algérie a enregistré, lors de la journée de lundi 214 nouveaux cas de Covid-19.
Mais elle déplore aussi 9 décès et comptait, durant la même journée 39 malades recensés dans les services de soins intensifs. Ces chiffres font froid au dos et devraient pousser les pouvoirs publics à user d’un nouveau discours avec le citoyen pour le pousser à adopter un comportement responsable. Le danger est présent, à nous de savoir le gérer pour réduire au maximum son impact négatif.
Slimane Ben