Accueil ACTUALITÉ PALESTINE OCCUPÉE : L’entité sioniste multiplie manœuvres et raids aériens 

PALESTINE OCCUPÉE : L’entité sioniste multiplie manœuvres et raids aériens 

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L’entité sioniste a lancé une nouvelle manœuvre militaire d’envergure dans la région du Galilée oriental. À première vue, il ne s’agirait que d’un exercice «prévu de longue date », selon les porte-parole de l’armée. 

Pourtant, replacée dans le contexte explosif de 2025, cette démonstration de force revêt une dimension géopolitique claire : l’occupation cherche à s’affirmer sur tous les fronts, à intimider les acteurs régionaux et à écraser toute expression de souveraineté palestinienne entre le fleuve et la mer. La « présence active » de forces, de blindés et d’unités spéciales dans cette zone stratégique n’est jamais un simple détail. La Galilée orientale est un carrefour sensible : à l’est, le front syrien ; au nord, la frontière libanaise et les spectres d’un affrontement permanent avec la résistance. À l’intérieur, la population palestinienne – surveillée, contrôlée, encerclée. Dans cette équation, chaque simulation d’attaque, chaque déplacement de troupes constitue un message : la guerre reste l’outil privilégié de l’entité sioniste pour conserver son avantage stratégique. Les autorités militaires assurent qu’il n’existe « aucune crainte d’un événement sécuritaire ». Une phrase répétée comme un mantra, presque comique dans son déni, alors même que les frontières nord vivent depuis des mois au rythme des drones, des escarmouches et des tirs sporadiques.  En réalité, cette manœuvre s’inscrit dans une logique plus profonde : montrer à Washington et aux capitales européennes que l’armée sioniste demeure opérationnelle, disciplinée et prête à toute escalade. Cela intervient alors que le commandement militaire affronte une crise de confiance interne, exacerbée par son incapacité à imposer un cessez-le-feu durable à Ghaza et par la multiplication des fronts de résistance. Mais pendant que l’armée simule la guerre dans le nord, elle la mène réellement au cœur de la Cisjordanie occupée.

Raids nocturnes, arrestations massives 

À l’aube de ce même lundi, les forces d’occupation ont envahi plusieurs localités en Cisjordanie, arrêtant treize Palestiniens dans une série de raids coordonnés.

Doura al-Qara’, Kober, Attara, Nabi Saleh, Bethléem, Naplouse, Jénine, Tubas, Tulkarem… une géographie de villes traumatisées, réveillées par les bruits familiers de portes fracassées et d’unités spéciales qui déferlent à travers les ruelles. L’armée sioniste a même déployé des bulldozers pour détruire une structure commerciale entre Raféat et Qalandia, au nord d’El-Qods occupée. Les démolitions ne sont jamais « administratives » ; elles s’inscrivent dans une stratégie de strangulation économique visant à couper les communautés palestiniennes de leurs moyens de subsistance. À Jénine, les soldats ont transformé le toit du domicile du martyr Ashraf Dawasah en poste de tir, déployant des snipers au-dessus du quartier. Trois jeunes hommes ont été arrêtés et battus, déclenchant des affrontements denses dans un camp de réfugiés déjà éprouvé par des années d’opérations militaires quasi quotidiennes. À Tulkarem, une enfant a été blessée par une grenade assourdissante lancée par les forces d’occupation à l’entrée du camp de Nour Shams. Les blessures psychologiques – crises de panique, troubles du sommeil, terreur durable – se mêlent aux blessures physiques, dans une société où l’enfance elle-même est devenue cible.

Quand un spectacle pour enfants devient une «menace»

L’épisode le plus emblématique de la journée s’est déroulé non sur un champ de bataille, mais dans un théâtre : le Théâtre national palestinien Al-Hakawati à El-Qods occupée.

Des agents du Shin Bet et de la police ont fait irruption pour interrompre une représentation artistique destinée à plus de 70 enfants palestiniens. L’ordre venait directement d’Itamar Ben Gvir, le ministre de la Sécurité nationale, connu pour sa stratégie assumée de terreur culturelle. Les enfants ont été forcés de quitter la scène sous la menace, les familles expulsées sans ménagement, et l’affiche annonçant la pièce « Rêves sous l’olivier » – une ode à l’identité culturelle – a été retirée du mur et remplacée par un avis d’interdiction officiel. Dans n’importe quel autre pays, empêcher une troupe de danse, de dabké ou de théâtre de se produire relèverait de la censure. À El-Qods, cela fait partie d’un processus global : effacer la culture, criminaliser la mémoire, briser le lien entre une nouvelle génération palestinienne et son héritage. Depuis des années, l’entité sioniste interdit les manifestations artistiques, sportives ou éducatives soutenues par des institutions palestiniennes, dans une logique de guerre symbolique. La musique, la poésie, le dabké, les récits du patrimoine sont traités comme des menaces politiques. La culture, en Palestine, est un terrain de résistance aussi puissant qu’un front militaire : elle affirme ce que l’occupation tente d’effacer.

Un projet colonial toujours en marche

Derrière cette offensive policière, derrière les raids en Cisjordanie et les manœuvres militaires au nord, se dessine une même logique : celle d’un colonialisme qui refuse de mourir.  L’entité sioniste poursuit l’occupation des territoires palestiniens, ainsi que des parcelles syriennes et libanaises. Elle refuse obstinément tout retrait et s’oppose à la création d’un État palestinien souverain avec El-Qods-Est pour capitale, malgré des décennies de résolutions internationales.

Ce qui se passe aujourd’hui n’est pas une série d’événements isolés. C’est la manifestation cohérente d’un système: militariser le territoire ; fragmenter la société palestinienne ; détruire les infrastructures civiles ; criminaliser l’expression culturelle ; imposer un climat de peur permanente. Dans cette perspective, la manœuvre du Galilée et l’assaut contre le théâtre Al-Hakawati relèvent de la même architecture stratégique : maintenir la domination par tous les moyens, qu’ils soient militaires, policiers, économiques ou symboliques.

M. Seghilani 

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