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OUBI BOUCHRAYA EL-BACHIR MET EN GARDE CONTRE L’ABANDON DE LA MISSION DE DÉCOLONISATION : « Un risque sécuritaire réel pour la région »

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­­­­­Dans une déclaration à nos confères du site d’informations La Patrie News, Oubi Bouchraya El Bachir, ambassadeur de la RASD à Genève et auprès des Nations-unies, et conseiller spécial du président Brahim Ghali sur le projet de résolution américain sur la Minurso a déclaré en substance que le Front Polisario ne saurait s’engager dans une solution au conflit du Sahara occidental qui ne respecterait pas le cadre défini par les résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu et le droit international.
Abordant les perspectives qu’offrent les discussions actuellement en cours au niveau du Conseil de sécurité tout en qualifiant le rendez-vous d’important et de dangereux, il a affirmé : « en effet, la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU à la fin du mois sur la prolongation du mandat de la MINURSO est un rendez-vous important, voire dangereux. Mais la question qui se pose aujourd’hui, après une série de changements progressifs dans la formulation des résolutions du Conseil de sécurité depuis avril 2007, est que ce que nous craignons  actuellement, c’est de tomber dans le piège vers lequel certaines puissances internationales influentes nous poussent, à savoir l’abandon de la mission de décolonisation de la région conformément aux principes et à la charte des Nations unies au profit d’une légalisation et d’une consécration de la colonisation selon une lecture étroite, fragmentaire et circonstancielle des rapports de force ». Ces propos montrent clairement la détermination du Front Polisario à refuser toute dynamique ou plan de règlement qui aurait in-fine, l’abandon du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination.

« Washington semble vouloir imposer sa vision »
Dans sa réponse, il détaillera les différentes étapes qui ont marqué le traitement de la question sahraouie par le Conseil de sécurité qui a cédé sur plusieurs points aux pressions du Maroc et ses soutiens pour tenter d’imposer son prétendu plan de large autonomie. « Faire un pas de plus vers l’adoption de l’approche marocaine comme seule base reviendrait à déclarer l’échec du processus, à revenir à la case départ et à exposer à un risque réel la sécurité et la stabilité d’une région sensible pour la paix et la sécurité internationales. D’après les fuites concernant le projet présenté par les États-Unis, Washington semble vouloir imposer sa vision, qui consiste à reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, ce que ni les Nations unies ni le droit international n’approuvent. En ce qui concerne l’approche de la solution, la mission et la présence de la MINURSO sont un facteur important qui reflète l’engagement continu de la communauté internationale et évite à la région des dangers aux conséquences imprévisibles ».
Le diplomate sahraoui se montrera déterminé en affirmant que le nœud du conflit au Sahara occidental, auquel est liée une solution juste et définitive, est « le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et à la définition du statut final du territoire en ce qui concerne sa souveraineté ». Ce fondement est en contradiction directe avec la proposition marocaine qui « tranche la question de la souveraineté en faveur de l’occupant avant même que le peuple sahraoui ait pu se prononcer » et avant toute négociation. Tant que le fond est tranché en faveur du Maroc, la proposition est une approche gagnant-gagnant. Dans ce cas, le Maroc a tout gagné et les Sahraouis ont tout perdu. Notre position est claire : nous sommes prêts à entrer dans le processus de négociation sans conditions préalables, mais pas dans un cadre prédéterminé dont l’objectif est de contourner le droit à l’autodétermination et de consacrer le statu quo », a-t-il souligné.

« Énième manœuvre du Maroc »
Ces propos s’inspirant de la proposition élargie du Front Polisario qui a exprimé sa bonne foi et sa volonté de parvenir à une issue qui débloquerait le processus de règlement à travers des négociations directes avec le Maroc. Interrogé sur les perspectives de négociations qu’offrirait un cadre où les résultats sont déjà fixés à l’avance, il dira en rappelant que c’est là une énième manœuvre du Maroc.  « Après tout, la proposition est sur la table depuis 2007, et comme elle est totalement CONTRE NATURE dans le contexte du conflit au Sahara occidental, elle n’a pas avancé d’un pouce. Enfin, ce n’est qu’une nouvelle manœuvre du Maroc pour gagner du temps et consolider son occupation, tout comme ça a été le cas pour le référendum lui-même. Ce qui est étrange, ce n’est pas que le Maroc recourt à cette manœuvre, car c’est la logique de tous les pays colonialistes, mais que ces mêmes pays colonialistes traditionnels donnent aujourd’hui l’impression, à l’instar de la Grande-Bretagne qui conserve une position relativement équilibrée, d’être enthousiastes ou convaincus que le Maroc est sérieux dans sa recherche d’une solution.

« Le Maroc n’est pas sérieux »
Les puissances occidentales qui soutiennent la proposition marocaine, la considérant comme « la base la plus crédible » ou « la seule base pour une solution », auraient dû d’abord répondre à la question suivante : Comment une force d’occupation qui s’oppose depuis des décennies avec acharnement à l’extension des pouvoirs de la MINURSO à la surveillance des droits de l’homme, qui expulse les délégations étrangères et empêche les missions des Nations unies depuis 10 ans, peut-elle être sérieuse dans son intention d’accorder à la région « une autonomie élargie et réelle » ? Il s’agit simplement d’une invitation ouverte au reste du peuple sahraoui, qui constitue la majorité, à rejoindre la « prison à ciel ouvert » actuelle que sont les villes occupées du Sahara occidental. Comment un régime centralisé rigide, fondé sur une hiérarchie stricte depuis des siècles, seule raison pour laquelle il a pu survivre malgré les tempêtes qui ont frappé la région et le monde, pourrait-il renoncer à cela en s’ouvrant à une solution qui pourrait ouvrir la boîte de Pandore et détruire son pouvoir centralisé et autoritaire ? Le Maroc n’est pas sérieux et n’est pas prêt à avancer vers une solution juste et définitive de son plein gré. Il ne le fera qu’après la réalisation d’un ou des deux facteurs suivants : soit la pression internationale extérieure, soit la pression nationale sahraouie intérieure. Sinon, il continuera à miser stratégiquement sur le gain de temps, ni plus ni moins. Il est regrettable que l’attitude du Conseil de sécurité au cours des dernières décennies ait aidé le Maroc à gagner ce pari ».
Oubi Bouchraya El-Bachir conclura ses déclarations en émettant le souhait de voir le Conseil de sécurité et le médiateur De Mistura comprendre que la voie du droit international, « avec ses panneaux de signalisation et sa destination claire, est plus sûre que les chemins sinueux aux pentes sombres et à la destination floue.
Cette dernière voie ne mènera qu’à davantage de souffrances, à une prolongation du conflit et à l’ouverture de scénarios plus dangereux. Il suffit de regarder aujourd’hui le résultat de l’approche d’Oslo en Palestine, 32 ans après l’entrée en vigueur de l’accord », a-t-il soutenu. C’est là une position tranchée du Front Polisario exprimée par un responsable qui rappelle que le seul cadre pour un règlement juste, équitable et surtout accepté par les deux parties reste la légalité internationale et qu’en dehors de ce cadre, ce n’est que du temps perdu et plus de risques de voir la paix dans toute la région menacée par les tergiversations du Maroc.
Slimane B.

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