Accueil ACTUALITÉ OÙ SONT LES AIDES HUMANITAIRES ? Trois enfants morts de froid à Ghaza

OÙ SONT LES AIDES HUMANITAIRES ? Trois enfants morts de froid à Ghaza

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La catastrophe ne connaît aucun répit dans la bande de Ghaza. Après deux années de guerre dévastatrice et au moment même où la population tente de survivre à la faim, au manque de soins et aux destructions massives, un nouveau fléau s’est abattu sur le territoire : le front froid polaire “Birone”, qui ravage la région pour le troisième jour consécutif. Le froid glacial, les pluies violentes et les vents puissants ont transformé les camps de déplacés en pièges mortels.
Deux enfants palestiniens sont morts hier de froid dans des zones de déplacement différentes de la ville de Ghaza. Les deux victimes — la petite Hadil Hamdan, neuf ans, et le nourrisson Tim al-Khawaja — ont été transférés à l’hôpital Al-Shifaa sans vie, victimes de températures extrêmes et de conditions de survie impossibles. Selon une source médicale, Hadil vivait avec sa famille dans une école transformée en centre de déplacement après sa destruction par la guerre. Aucun moyen de chauffage, murs perméables, toits qui fuient : l’enfant a succombé au froid mordant. Quant au bébé Tim, il vivait dans les ruines de la maison familiale détruite lors d’un bombardement antérieur dans le camp d’al-Shati, à l’ouest de Ghaza. Lui aussi est mort de froid. Avec ces deux décès, le nombre d’enfants morts de froid depuis le début du front polaire mercredi s’élève à trois. La veille, la nourrisson Rahaf Abou Jazar était morte à Khan Younès après l’inondation de sa tente et l’effondrement des températures.

44 000 femmes enceintes dans les camps
Le directeur général du ministère de la Santé à Ghaza, Munir al-Barsh, alerte : ce front polaire est “le plus violent pour les enfants et les femmes vivant dans des tentes déchirées, exposés à la pluie après l’effondrement de leurs abris”. Selon lui,
44 000 femmes enceintes se trouvent actuellement dans les camps de déplacés, privées de soins essentiels. Des milliers d’enfants arrivent aux hôpitaux en hypothermie, avec des troubles respiratoires et des arrêts cardiaques liés au froid. Le responsable rappelle également l’effondrement du système médical : 1 000 types de médicaments et matériels essentiels ne sont plus disponibles dans les hôpitaux, conséquence directe du blocus imposé par l’entité sioniste. Dimanche, les autorités de Ghaza précisaient que 52 % des médicaments essentiels, 71 % des consommables médicaux et 70 % du matériel de laboratoire étaient totalement épuisés. Al-Barsh met en garde : si les conditions actuelles perdurent, le nombre de morts va rapidement augmenter.

Au moins 8 Palestiniens tués
Parallèlement au froid extrême, les pluies diluviennes ont provoqué l’effondrement de nombreuses habitations déjà fragilisées par les bombardements des deux dernières années. Le ministère de l’Intérieur à Ghaza confirme que depuis le début du front polaire, 12 effondrements de bâtiments endommagés ont été recensés, provoquant la mort de 8 Palestiniens, dont plusieurs enfants. Des personnes sont toujours coincées sous les décombres d’une maison détruite précédemment et qui s’est effondrée vendredi à cause de la pluie. Privées de solutions de logement, des familles entières ont été contraintes de retourner vivre dans les ruines de leurs maisons détruites — malgré le danger — estimant que c’était “moins cruel que les tentes déchirées, incapables de protéger de la pluie et du froid”. Les services de secours, eux-mêmes touchés par le manque d’équipement, ont reçu plus de 4 300 appels de détresse depuis mercredi.

Des camps de déplacés engloutis par les eaux
La tempête a ravagé les camps de déplacés dans tout le territoire. Plus de 250 000 familles vivent actuellement sous tente. Jeudi, des centaines de ces tentes ont été entièrement inondées ou détruites par les vents. La défense civile signale l’effondrement d’au moins 10 maisons supplémentaires durant la nuit de jeudi à vendredi, notamment dans les quartiers de Karama et Cheikh Radwan. À Khan Younès, certains camps — déjà surpeuplés — sont totalement engloutis par l’eau. À Dier al-Balah, des zones entières comme al-Bassa et al-Baraka ont été submergées. Le porte-parole de la municipalité de Ghaza, Hossni Mehna, décrit une situation “catastrophique”, avec des eaux de pluie mélangées aux eaux usées, faute d’infrastructures fonctionnelles. Les équipes municipales travaillent avec un “matériel rudimentaire, incapable de faire face à la situation”.

“Mourir sous les bombes ou de froid”
Les mots du porte-parole de la défense civile, Mahmoud Basal, résument l’ampleur du drame. “Celui qui n’est pas mort des bombardements meurt maintenant du froid et de l’abandon.” Il appelle les familles revenues dans leurs maisons endommagées à les évacuer immédiatement si elles présentent des risques d’effondrement. Dans les camps de Khan Younès, la détresse atteint un niveau inédit : des centaines de milliers de personnes vivent sous des tentes saturées d’eau, glaciales et insalubres.

L’ONU alerte sur un risque d’épidémies
L’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a publié un communiqué jeudi mettant en garde contre la dégradation fulgurante des conditions de vie, la multiplication des maladies, l’effondrement de la salubrité dans les camps, l’exposition directe de dizaines de milliers de personnes aux intempéries après deux ans de guerre et d’usure des tentes. L’organisation souligne que la pluie a détruit les maigres biens que possédaient les déplacés et rendu les déplacements presque impossibles.

70 373 martyrs depuis octobre 2023
Selon les autorités sanitaires palestiniennes, le bilan du massacre mené par l’entité sioniste depuis le 7 octobre 2023 s’élève désormais à 70 373 martyrs et 171 079 blessés en majorité des femmes et des enfants. Durant les dernières 24 heures, 4 martyrs et 10 blessés ont été transportés dans les hôpitaux. De nombreux corps restent sous les décombres ou dans les rues, impossibles à atteindre en raison de l’insécurité persistante et des infrastructures détruites. Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu en octobre dernier, 383 Palestiniens ont été tués et 1002 blessés, tandis que 627 corps supplémentaires ont été extraits des ruines. Après plus de deux ans, l’entité sioniste poursuit une politique qualifiée d’épuration systématique, mêlant bombardements, famine, destruction, isolement et, désormais, expose les survivants au froid mortel.
Sous les pluies glaciales du front “Birone”, dans les tentes déchirées ou les ruines instables, les Palestiniens de Ghaza vivent une nouvelle tragédie. Le froid s’ajoute à la faim, les inondations aux ruines, les maladies au manque de soins. Le ministère de l’Intérieur et l’ONU appellent à l’aide, demandent l’ouverture des points de passage, l’entrée urgente d’abris, de médicaments, de matériel de secours. Pour l’instant, Ghaza reste enfermée, noyée sous les eaux, le froid et le silence international. Le territoire ravagé affronte seul la brutalité du climat et les séquelles d’une guerre qui n’a jamais réellement cessé.
M. Seghilani 

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