Le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Ouadjaout, a évoqué jeudi, deux causes seulement qui seraient, selon lui, à l’origine du phénomène de la déperdition scolaire en Algérie.
Dans sa réponse, à ce sujet, aux questions des membres du Conseil de la nation, le ministre a d’abord révélé le taux de la déperdition scolaire dans les trois paliers. Il s’agit selon lui de 0,11% dans le cycle primaire, et de 2% dans le cycle moyen, pour l’année 2019/2020. De ce qui est de l’origine de ce fléau, Ouadjaout estime qu’il y a deux causes seulement, ou du moins il n’en a cité que deux. D’après lui, les élèves abandonnent l’école en raison du mariage coutumier des filles dans certaines régions. Il a évoqué, en outre, la séparation des parents, qui expose les enfants à la négligence. Soulignant la nécessité de lutter contre la déperdition scolaire, le ministre de l’Éducation a appelé à l’organisation de sessions de soutien et d’étude pour les départements d’examen final en trois étapes, et à la promotion de l’enseignement à distance.
En plus du lancement de la chaîne éducative, il a mis en avant la nécessité d’assurer la restauration pour que les élèves restant à l’école, en particulier les filles. Mais il faut dire, cependant, que le ministre Ouadjaout semble avoir oublié d’autres facteurs qui peuvent constituer les véritables causes de la déperdition scolaire chez l’enfant. En effet, le premier responsable de l’Éducation n’a pas développé ce problème avec objectivité. Car s’il existe réellement des problèmes externes poussant l’enfant à quitter définitivement les bancs de l’école, les facteurs à l’intérieur des établissements scolaires constituent eux aussi des causes à l’origine de ce phénomène. Dans ce sens, Ouadjaout n’a dit mot sur les conditions de scolarité marquées essentiellement par une surcharge des classes, et une dégradation des infrastructures. Il n’a également pas parlé de la mauvaise qualité de l’enseignement, le manque de formation des enseignants, la surcharge des programmes, et le manque de conditions pédagogiques et environnementales propices et encourageantes dans les écoles.
Le ministre n’a également pas parlé du manque d’activités extrascolaires, de loisir et d’éducation culturelle et artistiques permettant l’épanouissement de l’enfant. Si la déperdition existe dans les grandes villes, celle-ci est malheureusement plus répandue dans les régions éloignées et dans les 15 000 zones d’ombre qui comptent plus de 8,5 millions d’algériens. Dans ce cadre, Ouadjaout n’a également pas évoqué le manque d’écoles dans ces zones, outre l’absence de transport des élèves, ce qui pousse beaucoup de parents à ne pas envoyer leurs enfants étudier ou à les déscolariser.
Ania Nait Chalal