Accueil MONDE Obama en Éthiopie : «l’Afrique a besoin de stabilité et d’emplois»

Obama en Éthiopie : «l’Afrique a besoin de stabilité et d’emplois»

0

Le président américain a mis à profit son voyage historique pour aborder nombre de sujets : démocratie, économie, corruption, sécurité, terrorisme…

C’est une véritable rock star qui a été accueillie, mardi, à Addis-Abeba. Pour la première fois, un président américain en exercice allait prononcer un discours devant l’Union africaine. Un moment «historique» pour la présidente de la Commission, Nkosazana Dlamini-Zuma. Barack Obama, «un fils de l’Afrique» comme il s’est lui-même défini, a arraché des rires et déployé des applaudissements. Mais la visite diplomatique du chef d’État américain n’avait rien d’un spectacle de cabaret. Durant son discours, Barack Obama s’en est immédiatement pris aux dirigeants africains qui refusent de lâcher le pouvoir, lui-même arrivant au terme de son second mandant. Mais non sans humour: «Je pense que j’ai été plutôt un bon président. Je pourrais même encore gagner ! (…) Quand un chef d’État tente de changer les règles au milieu du jeu pour rester en poste, il crée des risques d’instabilité et de conflit, comme on l’a vu au Burundi. Si un dirigeant pense qu’il est le seul à pouvoir guider son pays, alors c’est qu’il a échoué à réellement créer une nation.» En évoquant à la fois Georges Washington et Nelson Mandela, Barack Obama a ravivé les cris de la foule, avide de démocratie.

Droits de l’homme, un sujet bien délicat
La démocratie justement. En Éthiopie, tout le monde l’attendait au tournant : Barack Obama osera-t-il critiquer son grand allié dans la lutte contre le terrorisme sur ses failles dans le respect des droits de l’homme ? Il a osé, mais à sa manière. «Je sais que certains pays ne le font pas. Certains dirigeants préfèrent se taire, mais ce n’est pas dans notre habitude. C’est une responsabilité internationale de s’exprimer. Et l’Amérique le fera – même si c’est gênant, même s’il faut l’avouer à un ami.»
C’est que selon le Comité de protection des journalistes (CPJ), l’Éthiopie arrive 4e au classement des pays exerçant la plus grande censure. Arrestations, surveillance, loi antiterrorisme utilisée à tout-va… Deux semaines avant l’arrivée de Barack Obama, cinq journalistes et blogueurs incarcérés depuis plus d’un an ont soudainement été libérés. Soutenu par un public approbateur, le président conclut : «Il peut y avoir des élections ouvertes. Mais quand des journalistes sont arrêtés pour avoir fait leur travail, ou quand des activistes sont menacés, vous effleurez le nom de démocratie, mais jamais sa substance.» Le président américain s’est comme rattrapé après avoir évoqué lundi «un gouvernement démocratiquement élu». Un terme qui gêne en Éthiopie, où l’EPRDF, le parti au pouvoir depuis un quart de siècle a raflé 100 % des sièges au Parlement fin mai. Barack Obama avait exhorté ce gouvernement à «faire plus», lors d’une conférence de presse. «Il reste du travail à faire et je pense que le Premier ministre est le premier à admettre qu’il y a encore à faire.»

La nécessaire solidarité contre les Shebabs et le terrorisme, mais…
Hailemariam Desalegn, sans jamais définir son pays comme une démocratie, a reconnu que le «processus de démocratisation avançait (…) et nous avons répété encore une fois que notre engagement est réel et non superficiel».
Le terrain des droits de l’homme est glissant. Mais Barack Obama a pris le taureau par les cornes. Dawit, un pêcheur de quarante ans venu en vacances à la capitale, expliquait n’espérer qu’une chose de la venue du président américain : «Il ne faudrait pas entendre uniquement parler de soutiens dans la lutte contre le terrorisme. Obama doit parler des organisations politiques, des droits du peuple, comment développer la démocratie, etc. Obama doit parler de cela avec le parti au pouvoir !» Sujet délicat, car l’Éthiopie est LE grand allié des États-Unis dans la lutte contre le terrorisme. Addis-Abeba joue un rôle central dans la lutte contre les islamistes somaliens, les shebabs, avec le plus important contingent (4 400 hommes) au sein de la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom). La semaine passée, les troupes éthiopiennes sont parvenues à reprendre le contrôle des villes de Bardhere et de Dinsor, deux bastions des shebabs. Mais dimanche dernier encore, une attaque à la voiture piégée contre un hôtel de Mogadiscio, revendiquée par les islamistes somaliens, a fait treize morts. Conscient de cette menace directe permanente, Obama a salué «la contribution de l’Éthiopie à la mission de l’UA (qui) a permis de réduire les zones sous contrôle islamistes. Les groupes comme Al-Shabab ne sont rien d’autre que la mort et la destruction et doivent être stoppés. Il ne s’agit pas d’envoyer nos marines. Il reste encore du travail et nous devons maintenir la pression.»

Soudan du Sud : des sanctions possibles
Autre gros dossier sécuritaire : le conflit au Soudan du Sud qui ravage le plus jeune État du monde depuis un an et demi. L’Éthiopie est souvent l’hôte des négociations de paix et accueille le plus grand nombre de réfugiés sud-soudanais. De l’autre côté, Washington se sent une responsabilité: les États-Unis ayant soutenu le référendum pour l’indépendance du Soudan du Sud en 2011 ont une «obligation» à agir, analysait Ben Rhodes, conseiller de Barack Obama sur la sécurité. «Nous avons une relation énorme avec le Soudan du Sud au niveau de l’assistance que nous lui apportons, et nous avons joué un rôle dans son histoire.» Lundi soir, Barack Obama, Hailemaria Desalegn et les présidents ougandais et kényan se sont réunis pour discuter de la résolution du conflit. «Il y a eu énormément de temps et d’efforts consacrés pour tenter de rapprocher les différentes parties. Quoi qu’il en soit, la situation se détériore (…) et on ne peut vraiment plus attendre, a fait savoir le président américain.

Article précédentUniversité de Boumerdès : salon national des clubs scientifiques
Article suivantSyrie : les Kurdes produisent leur propre or noir

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.