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Noureddine Boudissa, DG d’Algerac, au « Forum du Courrier d’Algérie » : «Beaucoup d’exportateurs algériens ne sont pas professionnels»

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C’est en plein débat sur le produit national et les prévisions de son exportation, que le Forum du Courrier d’Algérie a invité, dans son édition d’hier, le directeur général de l’Organisme algérien d’accréditation (Algerac), Noureddine Boudissa. Un concept qui tourne autour de la certification d’un produit donné, après son évaluation, suivant les normes internationales, si l’on peut résumer ainsi la mission de cet établissement au caractère juridique d’une EPIC.

Pour un concept, plus ou moins connu qu’au lendemain des années 2000 dans le paysage économique national, il pourrait paraitre superflu. Et pourtant, comme le voudraient les normes découlant de la globalisation mondiale de l’économie, tout produit exportable doit être soumis à une certification. Une condition sine qua non à son accès aux marchés étrangers. Preuve en est que, faute de tenir compte de cet élément important dans la chaine, un certain nombre de produits ont été refoulés, début juin dernier, depuis leurs destinations étrangères. Par définition, «l’accréditation est synonyme de certification remise à un organisme qu’on appelle évaluation de la conformité. La conformité c’est lorsqu’on parle de tout types de laboratoires, d’inspection de contrôle (bâtiments, voitures…). Vous avez aussi la certification produit, la certification système (Iso 9 000, iso 14 000…). Il y a également la certification des personnes qui touche aux compétences», explique de prime abord l’invité du Forum pour une opération qui s’intéresse à la qualité d’un produit ou d’une prestation dans une économie d’un pays. En d’autres termes, s’assurer de la conformité d’un produit à une norme internationale.
Ainsi, à l’échelle d’un individu, manger, se vêtir ou se loger obéit à des normes valables à tous les secteurs d’activité. «Ce qui est une culture très peu vulgarisée en Algérie. Le contraire des pays développés où tout est normalisé, réglé et organisé. On ne vous donne pas quelque chose si votre produit n’a pas fait l’objet d’essais, de contrôle, d’inspection et de certification».

«L’accréditation, un élément clé dans l’adhésion à l’OMC»
Aujourd’hui, l’ouverture de l’Algérie sur l’économie de marché devient incontournable. Une nouvelle orientation qui repose sur la diversification économique, la création de la richesse, la compétitivité. Mais, faut-il encore que le produit soit conforme aux normes internationales pour qu’il ait droit d’accès sur les marchés extérieurs. Pas que ça et sur ce, Boudissa reste formel. «C’est grâce à l’OMC qu’on l’Algerac. Car, la certification est une première exigence pour adhérer à l’Organisation mondiale du commerce en plus de l’adaptation des textes de loi à la législation internationale, les procédures douanières…», a-t-il indiqué qui évoque le franchissement de «grands pas» en matière de certification en Algérie. Il en veut pour preuve, une centaine d’organismes accrédités par Algerac. Même si, le parcours prend au moins deux ans. Ainsi, pour accréditer par exemple un laboratoire, il faudrait avoir des locaux adaptés, des équipements étalonnés, la ressource humaine faite et un système écrit selon les exigences internationales qui est la norme dite «17 025» régissant tous les laboratoires du monde.
Qu’en-est-il de la mission d’Algerac ? Diffère-t-elle de ce qui se fait dans d’autres pays en matière de certification ? Une question qui s’impose d’autant plus qu’il y’a encore quelques années, les entreprises algériennes se font certifier leurs produits par des organismes étrangers. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Algerac est un établissement qui répond aux normes internationales et donc soumis aux organisations mondiales du domaine. Autrement, il s’agit d’un organisme en mesure de répondre aux préoccupations de tous les opérateurs du domaine économique et même étrangers. Ainsi, une fois l’organisme bénéficiaire s’est procuré la certification de conformité, et si besoin est il peut faire écouler son produit sur le marché étranger.

«Algerac veut amener les exportateurs algériens à être plus conformes»
Abordant la question de l’exportation dont la normalisation des produits concernés est un prérequis, Boudissa fait savoir qu’il s’est amplement impliqué dans le projet du gouvernement portant sur l’élaboration d’une stratégie nationale à l’exportation. Un projet, qui, pour rappel, vise à promouvoir en particulier l’exportation des produits agroalimentaires. «Je préside un atelier qui va donner les documents normatifs et exigés dans l’export. Nous avons déjà établi une liste des produits agricoles et une autre liste de tous les laboratoires qui vont leur délivrer le fameux document. Le tout, selon les exigences des normes internationales sachant que si les organismes en question ne sont pas reconnus à l’international, la certification ne voudra absolument rien dire», a fait savoir le conférencier, qui reste optimiste quant à ce projet, dont la partie prise en charge par Algerac sera dévoilée septembre prochain. Et pourquoi spécialement une stratégie propre aux produits agricoles ? Pour Boudissa, l’expérience du passé, qui a vu des produits algériens refoulés depuis quatre pays étrangers, a porté préjudice à l’image du produit algérien pour ne pas se pencher sur ce problème à travers, donc, la mise en place d’un processus intégrant tous les éléments concourant à l’exportation du produit national.
«On a dit les produits agricoles parce que c’est là qu’on a un potentiel exportable. D’où la nécessité de centrer notre expérience sur un schéma directeur consistant en une politique d’accompagnement des exportateurs algériens pour qu’ils puissent implanter leurs produits», en a-t-il expliqué les motifs qui ont dicté l’élaboration de cette stratégie nationale qui serait dévoilée à la prochaine rentrée sociale. «Avec ça, on aurait au moins amené les exportateurs algériens à être plus conformes aux normes. Car, malheureusement, ils n’ont aucune notion et ils ne sont pas professionnels», déplore le DG d’Algerac, qui fait état d’une mission dont il a été chargé par le ministère du Commerce. Pour rester sur les produits frais et maraichers algériens qui sont «réellement de très bonne qualité», le problème réside dans la compétence et la capacité des laboratoires à délivrer une certification de conformité aux normes portant sur l’utilisation des pesticides, déplore l’invité du Forum. «

Un réseau national de 240 laboratoires pour contrôler les produits importés et à exporter»
Sur un autre volet, Boudissa évoque l’Accord d’association algéro-européen en vigueur depuis 2005 et ses conséquences aujourd’hui sur l’économie du pays. Le tout, en rappelant les exigences en matière de démantèlement des barrières tarifaires dont le délai de grâce accordé à l’Algérie est fixé à 2020. Autrement, une fois cette exigence satisfaite, tous les produits européens pourraient accéder sur le marché algérien. Dès lors, et à l’aune de la qualité du produit local, présenté comme substitut à celui importé et gelé à l’importation, Boudissa s’interroge si l’Algérie pourrait en si peu de temps relever le défi. Autrement, «le produit local est-il prêt à concurrencer le produit européen ? C’est un grand problème. Car, à présent, nos produits ne sont pas compétitifs», a-t-il appréhendé même s’il reste optimiste une fois que la stratégie nationale dans le domaine se mette en place. Pour pallier maintenant aux problèmes de la qualité et de la norme des produits algériens, aussi bien à l’export qu’à l’import, le conférencier plaide pour la mise en place d’un réseau national de laboratoires. Or, contrairement à l’affaire des produits refoulés à l’étranger qui a fait polémique, «la pratique aurait voulu que celui qui veut exporter s’oriente d’abord vers un laboratoire pour contrôler sa marchandise. Malheureusement, les choses se font autrement. Beaucoup d’exportateurs n’ont aucune notion des normes. Or, l’exportation est un métier», regrette Boudissa. Toutefois, rien de perdu, car, «un projet d’une liste de 240 laboratoires» a été élaboré par l’Algerac, pour la mise en marche du processus de contrôle des produits à l’effet de les adapter aux normes internationales, fait-il savoir. Dans le détail, faut-il le souligner, ces laboratoires sont spécialisés dans les filières de : pièces de rechange, l’agroalimentaire, la pharmacie, les cuirs et textiles etc.
Farid Guellil

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