Il a suffi au président sortant des États-Unis, Donald Trump, de lancer une série de tweets annonçant l’officialisation des relations entre Israël et le Maroc en contrepartie de sa reconnaissance d’une pseudo-légalité de la présence marocaine au Sahara occidental, que les réactions, à travers le monde, ont commencé à pleuvoir contre cette décision en violation de la légalité internationale. Le royaume chérifien pointé du doigt depuis l’annonce de Trump, sur sa trahison de la cause palestinienne et le combat des Palestiniens pour l’indépendance de la Palestine n’a pas échappé, également, d’être acculé fortement sur sa colonisation au Sahara occidental, non seulement par l’opinion internationale mais aussi par des institutions au niveau mondial, des États, des ONG et de la société civile des quatre coins du monde. Mais ce qui semble être une situation davantage difficile à tenir ou entretenir, c’est l’opinion marocaine qui ne cesse non seulement de condamner la décision des plus hautes autorités du royaume mais exigent l’abandon de cette décision, en annonçant ici et là, des actions pour faire éloigner l’entité sioniste du Maroc. Si sur les réseaux sociaux, des Marocaines et des Marocains expriment leur honte de voir leurs responsables et à leur tête le Roi Mohamed VI affichaient une grande satisfaction d’avoir des liens et des relations avec l’entité sioniste, la teneur de leurs messages ainsi que des militants de la société civile marocaine renseignent amplement que la carte israëlo-américaine à laquelle a eu recours le Palais royal pour bénéficier d’un soutien politique à son occupation au Sahara occidental ne fera pas long feu, pour de nombreuses donnes incontournables. Pour les pays membres des Nations unies, le règlement du conflit opposant le Front Polisario au Maroc, sur le Sahara occidental, n’a de solution que l’application du droit International pour une question de décolonisation, à savoir le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Laquelle position réaffirmée par l’Assemblée Générale de l’ONU au lendemain de l’annonce en question par Trump, et avant la tenue de la réunion à huit clos du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, prévue ce lundi.
Cyril Ramaphosa : « la résolution de la question sahraouie passe par le respect du droit de son peuple à l’autodétermination »
Sur les plans africain et régional, il en est de même avec la position de l’Union africaine (UA) réaffirmée le 6 décembre dernier, laquelle institution continentale, partenaire de l’ONU, dans le règlement des conflits et des crises sur notre continent, compte des membres de la région, sauf que pour le Maroc c’est la partie concernée par ce conflit, du fait de son occupation du Sahara occidental. Le président en exercice de l’UA, président de l’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa avait affirmé, pour rappel, que « la résolution de la question sahraouie passe par le respect du droit de son peuple à l’autodétermination », exprimant la profonde préoccupation du continent africain face à la situation qui prévaut au Sahara occidental. Aussi, du côté européen, outre les députés européens, des membres de l’Union européenne se sont dépêchés, pour dénoncer l’annonce de Trump, laquelle, ont-ils affirmé, à l’exemple de Stockholm, Berlin, Madrid, Londres et autres, à l’exemple de Moscou et de Pékin, « est en violation du Droit international ». À cela s’ajoute la décision de la Cour de justice de l’UE (CJUE), d’absence de souveraineté du royaume chérifien au Sahara occidental et de l’illégalité de l’exploitation de ses richesses naturelles et autres, qui sont la propriété du peuple sahraoui, seul habilité à en disposer. Bien avant toutes ces positions, politiques, juridiques et diplomatiques, auxquelles la Monarchie marocaine pense y faire face et faire taire avec l’aide des lobbies sionistes et certains cercles américains, Rabat a eu recours, des décennies auparavant, sans réussir, à faire reconnaitre par aucun pays, dont ses soutiens, sa colonisation des territoires sahraouis, pour ne citer que la France, sa souveraineté sur le Sahara occidental. Avec l’officialisation des relations israëlo-marocaines, le royaume chérifien vient de s’attirer les foudres, non seulement de ses propres citoyens, mais aussi de ceux de la scène arabe, du citoyen lambda, des politologues, journalistes, experts des questions de sécurité, écrivains, artistes, responsables et militants politiques, universitaires et chercheurs, dont bon nombre, représentent, en Égypte à titre d’exemple, la voix du peuple égyptien opposé, à ce jour, aux Accords de Camp David, et à la présence d’Israéliens sur son territoire. Par ailleurs, si l’argumentaire de voir le Maroc sortir de sa crise économique, aggravée par la pandémie du Covid-19, par les investissements qui vont pleuvoir au Royaume, des experts des questions économiques, dont ceux de la scène arabe, rappellent pertinemment, que l’Égypte, la Jordanie, les premiers à avoir tissé des liens avec l’entité sioniste, n’ont pas vu pour autant leurs économies progresser, depuis, alors qu’il leur a été miroité avant la conclusion de tout accord ou normalisation avec Israël. Et comme le peuple sahraoui est déterminé à arracher ses droits et son indépendance, du Maroc qui faut-il le rappeler, est une puissance d’occupation illégale au Sahara Occidental, le Royaume chérifien après que son armée a violé, le 13 novembre dernier, le cessez le feu de l’ONU, a vite fait de courir chercher refuge, via l’entité sioniste, dans l’annonce de Trump. Pensant pouvoir taire la riposte de l’armée de libération du peuple sahraoui, qui se poursuit, contre les positions de l’armée marocaine, sur l’ensemble du mur de la honte, séparant le Sahara Occidental, en territoires libérés et ceux encore sous occupation marocaine, Rabat devrait se plier à la Légalité internationale pour faire taire la voix du peuple sahraoui qui se manifeste pacifiquement dans les territoires occupées, ou par les armes de la guerre de libération sahraouie, pour l’indépendance et la dignité.
Karima Bennour