La lutte contre les islamistes de Boko Haram a été minée par la corruption au sein même de l’armée nigériane, a regretté le président nigérian Muhammadu Buhari après avoir reçu un rapport d’une commission spéciale sur ce sujet. Le rapport « révèle plusieurs transactions financières illicites et frauduleuses », affirme notamment un communiqué de la présidence nigériane publié dans la soirée de mardi.
Le président Buhari a donné l’ordre que tous ceux impliqués dans des contrats frauduleux d’achats d’armes et d’équipement pour plusieurs milliards de dollars « rendent des comptes », ajoute le communiqué. « Les révélations du rapport sont extrêmement inquiétantes compte tenu que ces malversations ont eu lieu à un moment où l’armée combattant l’insurrection dans le nord-est avait un besoin désespéré d’équipements et de munitions », a jugé le président Buhari. « Si les fonds siphonnés par ces entreprises douteuses avaient réellement été utilisés dans le but auquel ils étaient destinés, des milliers de vies innocentes de Nigérians auraient été épargnées », a-t-il assuré. Général à la retraite et déjà président du Nigeria de décembre 1983 à août 1985, Muhammadu Buhari a pris ses fonctions en mai et s’est fixé comme priorité de mettre un terme d’ici la fin de l’année à l’insurrection de Boko Haram qui a fait quelque 17.000 morts depuis 2009. Il avait institué au printemps une commission spéciale de 13 membres chargée d’enquêter sur les contrats d’achats militaires de 2007 à 2015, dont le rapport n’a pas été rendu public.
Plus de 30 morts dans un attentat à la bombe dans le Nord-Est
L’attentat a été perpétré au milieu de la foule et aurait sans doute été commis par les islamistes de Boko Haram, particulièrement actifs dans la région. Plus de 30 personnes ont été tuées mardi par l’explosion d’une bombe dans la foule dans la ville de Yola, dans le nord-est du Nigeria, ont indiqué la Croix-Rouge et l’agence nationale de secours. « Nous avons décompté jusqu’à présent 32 morts et environ 80 blessés », a déclaré le coordinateur de l’agence pour Yola, Sa’ad Bello. La Croix-Rouge a donné un bilan légèrement inférieur, de 31 morts et 72 blessés. L’explosion s’est produite à 20 h 20 dans le quartier de Jambutu, quelques jours après que le président du pays a assuré que Boko Haram était sur le point d’être vaincu. « L’explosion s’est produite au milieu de la foule », selon Aliyu Maikano, un responsable de la Croix-Rouge à Yola. Un habitant, qui a demandé à ne pas être nommé, a indiqué que l’explosion était survenue peu après la prière du soir, alors que les gens quittaient la mosquée.
Le spectre de Boko Haram
« Les ambulances font des allers et retours pour emmener les victimes à l’hôpital », a-t-il déclaré. Les soupçons se portent sur le groupe islamiste Boko Haram, qui a déjà attaqué Yola avec des attentats-suicides et des engins explosifs artisanaux ces derniers mois. Vendredi, le président Muhammadu Buhari s’était rendu à Yola pour décorer des soldats et visiter un camp de personnes déplacées. Il a assuré devant les troupes que Boko Haram était « sur le point d’être vaincu », tout en appelant à la vigilance face à la menace de nouvelles attaques. Les forces armées nigérianes ont annoncé ces derniers mois plusieurs succès contre Boko Haram en repoussant les insurgés de territoires conquis, en détruisant leurs camps et en libérant plusieurs centaines de prisonniers. L’insurrection a fait au moins 17 000 morts et 2,6 millions de déplacés, alors que Boko Haram frappe également régulièrement au Cameroun, au Tchad et au Niger voisins.