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Musique : David Bowie, un pionnier de l’image

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Le chanteur anglais est considéré comme le premier artiste postmoderne de l’histoire de la musique. Surgi trop tard pour faire partie de la révolution pop anglaise née avec l’explosion des Beatles, des Rolling Stones, des Who et quelques autres, David Bowie est considéré comme le premier artiste postmoderne de l’histoire de la musique. Maître du recyclage, il a puisé dans de nombreuses disciplines artistiques la matière première d’un parcours placé sous le signe de la réinvention permanente.
C’est non seulement dans sa musique, mais encore plus dans sa manière de présenter celle-ci qu’il est un des musiciens les plus influents des cinquante dernières années. Kabuki japonais, cinéma expressionniste allemand, dadaïsme français ont irrigué la créativité d’un maître absolu de la pop. Dès ses débuts, à l’adolescence, le chanteur incorpore l’image à ses créations. Il dessine costumes et décors de scène, imagine une adaptation cinématographique de son album Diamond Dogs, inspiré par 1984 de George Orwell, et invente une galerie de personnages très forts. À la flamboyance des années Ziggy Stardust succède le noir et blanc de la tournée Station to Station. Les rythmes soul et funk de Let’s Dance arrivent après la froideur expérimentale de Scary Monsters.
Plutôt que de devenir une caricature de rock star narcissique, Bowie se ressource en puisant dans les avant-gardes. À Berlin, il se découvre quidam amoureux des sons des pionniers de la musique électronique Kraftwerk ; à New York, depuis l’an 2000, il assiste au théâtre du monde et parraine de jeunes artistes qui ont souvent dix fois moins de talent que lui.

Rien n’est laissé au hasard
Monstre de photogénie, Bowie est passé sous l’objectif des plus grands photographes. C’est Terry O’Neill qui saisit le chien qui sursaute à côté d’un Bowie émacié. «Simple hasard», explique le photographe dans le film de l’exposition, à quoi répond l’examen des planches-contacts de la séance: des morceaux de viande ont été dissimulés pour exciter la bête!
Rien n’est laissé au hasard chez Bowie. Ou plutôt, celui-ci est organisé au gré du jeu de stratégies obliques conçu par Brian Eno et Peter Schmidt, dont il se sert en studio. Présente au verso de la pochette de l’album Space Oddity en 1969, l’image du Pierrot avec la vieille dame se retrouve, onze ans plus tard, dans la vidéo de Ashes to Ashes. Dans le cadre d’un passage télévisé au «Saturday Night Live», Bowie présente un costume inspiré de ceux arborés par Hugo Ball du Cabaret Voltaire. À William Burroughs, il emprunte la technique d’écriture dite du «cut-up», qu’il développera dans les années 1990 via un logiciel où fructifient des titres de journaux.
Vingt-cinq ans après avoir mis au point son double Ziggy Stardust, Bowie se teint de nouveau les cheveux en orange et arbore en 1997 une veste aux couleurs de l’Union Jack dessinée par Alexander McQueen, qu’il sculpte avec force déchirures et brûlures de cigarettes. Du glam rock à la drum’n’bass, Bowie s’est illustré entre-temps dans la soul, le funk, la new wave, le rhythm’n’blues et la pop conceptuelle. Après avoir revêtu tous les masques, Bowie arbore désormais celui de l’homme invisible et laisse ses doubles voyager à travers cette exposition.

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