Accueil ACTUALITÉ MOUVEMENT POPULAIRE (HIRAK) : Et s’il enterrait la «hache de guerre» ?

MOUVEMENT POPULAIRE (HIRAK) : Et s’il enterrait la «hache de guerre» ?

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Malgré l’élection du nouveau Président qui prône la rupture totale avec l’ancien système honni par les Algériens, le mouvement populaire n’entend pas se laisser voler sa révolution du 22 février 2019, multipliant les pressions sur les tenants du pouvoir et ne semblant pas s’arrêter jusqu’à la satisfaction de ses revendications.
Donc, pour tous ces millions d’Algériens adeptes du mouvement populaire « hirak », qui sortent manifester pacifiquement chaque vendredi depuis plus de 9 mois pour le changement radical du régime, ainsi que les étudiants qui prennent le relais chaque mardi, cette révolution pacifique du 22 février n’est que la résultante d’une exaspération sociale face à l’injustice flagrante, au népotisme, à l’impunité et à la corruption. De fait, la majorité des Algériens, sortis pacifiquement dans toutes les villes et villages du pays, ont manifesté, dès le début, leur volonté de rompre carrément avec le régime déchu. Même si la confiance des gouvernés vis-à-vis des gouvernants reste étiolée, il n’en demeure pas moins que la bonne foi a montré ses limites, et il faut passer des bonnes paroles aux actes pour apaiser les ressentiments et les rancœurs des Algériens.
C’est ainsi que le nouveau président Tebboune, après son écrasante victoire sur les 4 autres prétendants à la magistrature suprême, tente d’imposer son style, celui d’un président conciliateur qui privilégie le dialogue et la consultation pour se distinguer de son prédécesseur. Une ligne de conduite propre à lui, et son premier grand test de réconcilier les Algériens entre eux, comme le voudrait sa main tendue au Hirak qui a rejeté les résultats des élections.
Jusqu’à présent les revendications du hirak étant avant tout politiques, pour le nouveau locataire du palais d’El Mouradia désamorcer cette crise est une priorité inscrite dans son agenda dès son investiture, et il ne faut pas que le pays demeure un « volcan en éruption » avec des Algériens en colère dans la rue chaque vendredi. Et si le mouvement populaire enterrait la « hache de guerre », les choses seraient encore plus simples avec un dialogue serein et responsable.
Car, pour beaucoup d’analystes politiques et observateurs, la révolution pacifique du 22 février, en cours depuis plus de neuf mois, fait l’objet de deux interprétations majeures : D’une part, il y a ceux qui estiment que le hirak a été une révolution pleine et entière. De ce fait, il faut éviter d’autres mouvements qui mettraient le pays en péril et le rendre « ingouvernable » avec le risque de déboucher sur le recours à la violence, ce qui mettrait fin au changement révolutionnaire, voire ouvrirait la porte à un éventuel retour des rejetons du système, qui sont camouflés et prompts à attiser la haine et l’esprit revanchard entre les uns et les autres. Pour d’autres en revanche, la révolution pacifique du 22 février n’a pas abouti aux attentes voulues par le mouvement populaire. Pour eux donc, il est normal de multiplier les contestations pour déraciner les pratiques du régime du Président déchu qui existent toujours à travers les « résidus du régime » occupant toujours leurs fonctions dans les grandes structures de l’État. Même si certains piliers du régime sont actuellement en prison, cela reste une victoire partielle, soutiennent-ils, tout en considérant que la révolution du peuple algérien reste inachevée et qu’il faut maintenir la pression partout où le besoin se fait sentir, en vue de l’édification effective d’un État de droit, principale revendication du peuple depuis le 22 février.
Mâalem Abdelyakine

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