Le mouvement populaire pacifique des Algériens déclenché le 22 février dernier, ne faiblit pas. Mais, désormais, la pression monte crescendo à Alger comme dans toutes les régions du pays. Hier et pour le 26e vendredi consécutif, les Algériens ont été au rendez-vous, à la veille de la commémoration du 63e anniversaire du congrès de la Soummam, du 20 août 1956.
Preuve à parallèle entre cette date historique et la situation d’actualité, le slogan réclamant l’«indépendance», à travers «Echaâb yourid El istiklal». En effet, des centaines de milliers de citoyens ont investi la capitale (Alger), pour réitérer leurs principales revendications qui sont le changement du système en place, le départ des symboles de l’ancien régime, la libération des détenus d’opinion, ainsi que l’édification d’un État civil et démocratique.
Le Panel de médiation et de dialogue passé au purgatoire
Dès les premières heures de la matinée, ils étaient des milliers à scander des slogans politiques hostiles au pouvoir en place. Sur place, l’on a remarqué la présence de certaines personnalités, tel que le chef de l’UDS, Karim Tabbou, l’avocat Mustapha Bouchachi et la moudjahida Drifa Ben M’hidi. Pour la 26e mobilisation grandiose à travers le pays, les Algériens attestent de plus en plus d’un niveau élevé de maturité et conscience politiques des enjeux de l’heure. Le refus de dialoguer avec le pouvoir à travers l’initiative du chef de l’Etat coordonné par le Panel de médiation domine les débats. D’ailleurs, à travers les pancartes brandites où les slogans entonnés par la voix, les manifestants refusent des élections organisées par l’actuel gouvernement et appellent à une transition démocratique «affranchie» des symboles et figures du système. La foule, fortement mobilisée, a scandé tout au long de son action des slogans hostiles au Panel dirigé par Karim Younès. Ils menacent même, et encore une fois, d’adopter la désobéissance civile.
L’unité des rangs où la devise du Hirak
Dans l’après-midi de cette journée, le nombre des marcheurs est devenu de plus en plus nombreux, une fois que des citoyens des quartiers de Bab el Oued, la Casbah, Soustara, Tagara et Zeghara et autres ont rejoint le mouvement, après la prière du vendredi. Ils étaient des milliers à battre le pavé, marchant de Bab el Oued, passant par la Place des Martyrs et la rue Asselah Hocine, avant d’arriver à la Grande Poste. Sur place, des mots d’ordre reviennent dans toutes les bouches : « Pas de dialogue avec le gang », « Pas de vote avec el Issabat », »Etat civil et non militaire » et enfin « Libérez les détenus d’opinion ».
Afin de répondre à ceux qui «misent» sur la division du peuple, et «menaçant» l’unité nationale, les marcheurs ont déployé une immense banderole composée de 48 drapeaux qui simbolisent toutes les wilayas du pays. En scandant » les Algériens khawa khawa ». Tous les manifestants interrogés avouent qu' » il est hors de question de toucher à l’unité nationale. » « Aucun retour en arrière n’est possible », assurent des manifestants qui attendent une réponse claire à leurs revendications portées depuis le 22 février dernier. « C’est fini la manipulation, le peuple a dit son verdict. Il suffirait juste d’appliquer les articles 7 et 8 de la Constitution, et la crise prendra fin. C’est eux (le pouvoir) qui refusent de céder », dira Mustapha, marcheur venant de Belcourt.
Alger «squattée» par les forces de l’ordre
Comme lors de chacun des derniers vendredis maintenant, les forces de l’ordre sont fortement mobilisées dans les marches populaires pour tenter d’«étouffer» la mobilisation populaire et dissuader le Mouvement de protestation de poursuivre sa lutte pour le changement radical dans le pays. On a fait usage des moyens traditionnels : répression et interpellation de manifestants. hier encore, un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé. Tous les axes menant vers le grand centre de la capitale ont été fermés par la circulation, piétonne ou automobile. Alger était quasiment «squattée» par les forces de l’ordre. Les grands boulevards de la capitale ont tous été bloqués par des camions antiémeutes, ainsi stationnés pour interdire le passage aux manifestants.
Med Wali