Né dans le feu de la guerre froide entre le bloc de l’Est et le bloc de l’Ouest, le Mouvement des non-alignés prônait la neutralité face à la rivalité grandissante à l’époque entre les États-Unis d’un côté et l’ex-Union soviétique de l’autre, qui cherchent chacun de son côté, à dominer le monde à travers notamment des idéologies diamétralement opposée frôlant à maintes fois le déclenchement d’une guerre ouverte entre deux puissances nucléaires.
Le groupe des pays en développement a alors joué le rôle d’arbitre entre les belligérants, empêchant d’une manière ou d’une autre à ce que la guerre froide entre les USA et l’Union soviétique ne dégénère en conflit nucléaire ouvert, en plus d’avoir défendu, bec et ongle, le droit des peuples à l’autodétermination. Le soutien apporté par cette organisation, la plus importante après l’ONU, aux peuples colonisés a permis à plusieurs pays d’accéder à l’indépendance. Aujourd’hui encore face à un ordre mondial unipolaire, notamment après la chute de l’URSS, en plus de l’existence jusqu’à aujourd’hui de pays colonisés, vivant au rythme de l’apartheid notamment en Palestine et au Sahara occidental, les pays membres du bloc sont plus que jamais appelés à se « redéployer » pour s’imposer à nouveau en un acteur incontournable sur la scène internationale d’autant plus que plusieurs pays parmi les pays du Mouvement se sont renforcés économiquement et politiquement pour jouer au mieux son rôle et défendre et préserver les intérêts des pays en développement face à l’égoïsme occidental, son hégémonisme et sa domination au profit d’un monde plus juste, plus équilibré, et multipolaire. C’est dans cet esprit, d’ailleurs, que s’est tenu le 19ème sommet du groupe à Kampala, la capitale ougandaise dont les travaux se sont achevés, hier, après deux jours d’échange et de concertation sur les voies et moyens permettant d’insuffler une nouvelle dynamique à cet ensemble.
L’Algérie plaide pour le multilatéralisme
Dans son allocution lue à l’occasion en son nom par le Premier ministre, Nadir Larbaoui, le Président Abdelmadjid Tebboune a évoqué la conjoncture internationale et régionale caractérisée par des menaces et des complications successives aux risques et mutations internationales multidimensionnelles et à plusieurs niveaux. Des complications et menaces qui se répercuteront, dit le chef de l’État, d’une manière ou d’une autre et à des degrés divers, sur la sécurité et la stabilité des États et sur l’avenir du système sécuritaire collectif hérité de la Seconde Guerre mondiale. Cette conjoncture souligne le Président, a fait resurgir sur la scène internationale une tendance de forte polarisation en faveur de puissances internationales et au détriment d’autres, et a approfondi les foyers de tension menaçant ainsi la paix et la sécurité internationales et les valeurs de l’Humanité toute entière.
Retour aux fondamentaux
Dans son plaidoyer, le Président Tebboune estime que les principes fondateurs du MNA revêtent aujourd’hui une valeur renouvelée dans le contexte du retour au choix de recourir à la force comme alternative aux efforts diplomatiques pour résoudre les conflits internationaux, et de la déliquescence du système sécuritaire collectif incapable, ajoute-t-il, de « mettre fin, voire de freiner les politiques du fait accompli et les tentatives d’imposer l’intérêt du plus fort, en traitant les questions qui sont au cœur de nos préoccupations par la logique de sélectivité et la politique de deux poids, deux mesures ». Une déclaration à des objectifs clairs qui semble marquer les esprits et réussit à raviver l’audace qui a animé autrefois les pères fondateurs du Mouvement comme l’atteste la tendance générale parmi les pays participants sur les questions de l’heure, mais aussi et surtout sur la nécessité de réactiver le rôle de cette organisation sur la scène internationale pour défendre ses principes fondateurs. En effet, à la clôture des travaux de la première journée, les chefs d’États et de Gouvernements participants au 19e Sommet du Mouvement se sont accordés sur la nécessité de renouer avec ses rôles historiques en termes de soutien aux peuples opprimés, de solidarité avec les causes justes notamment la cause palestinienne et sahraouie et d’attachement aux principes constitutifs de la deuxième plus grande organisation internationale après l’ONU. Durant la séance d’ouverture des travaux, les pays membres ainsi que les responsables d’instances internationales ont été unanimes à condamner l’agression sioniste contre le peuple palestinien, appelant à agir, en urgence, pour imposer un cessez-le-feu et interdire la déportation des Palestiniens, tout en assurant l’acheminement des aides humanitaires vers la bande de Ghaza. Le MNA demeure également fidèle à ses positions de soutien au droit inaliénable et imprescriptible du peuple sahraoui à l’autodétermination conformément aux résolutions de l’ONU, que ce soit le Conseil de sécurité ou l’Assemblée générale. Une position saluée par le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf. Le bloc pourrait ainsi jouer le rôle qui lui sied avec notamment le mandat de l’Algérie au Conseil de sécurité de l’Onu qui a toujours plaidé pour la refonte du fonctionnement des Nations unies, une représentation plus significative notamment pour les pays africains, pour un monde plus équitable avec un nouvel ordre mondial et le droit des peuples à l’autodétermination. Les travaux du Sommet se sont poursuivis, hier, dernier jour du conclave, avec la participation du Premier ministre, Nadir Larbaoui, en tant que représentant du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. La séance plénière a été consacrée à l’intervention des chefs d’État et de Gouvernement et des chefs des délégations. Une séance a été tenue à huis-clos pour l’adoption des documents finaux du Sommet, et une autre Déclaration sur la question palestinienne. Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, devait prononcer un discours devant les participants au Sommet. À la clôture des travaux, le président ougandais donnera lecture du communiqué final, en sa qualité de président du 19ème sommet du MNA.
Brahim O.