Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a fait savoir que l’idée de la création d’un poste de grand Mufti de la République a été finalement abandonnée. Le ministre a annoncé qu’à la place, le gouvernement a décidé d’aller plutôt vers la création d’un établissement des fetwas. S’exprimant, dimanche dernier, sur les ondes de la Radio nationale chaîne III, Mohamed Aïssa a précisé que cette académie devra regrouper des spécialistes et des experts dans les sciences profanes, tandis que le responsable de cet établissement sera désigné par ses semblables pour une période de pas plus de trois années. Ce projet entamé en 2016, a poursuivi l’intervenant de la radio, devra être parachevé en mai 2019. Il convient de rappeler, que le chercheur spécialiste de l’islam politique, Bouzid Boumediène, qui s’est exprimé, sur ce dossier, en juin dernier au forum du Courrier d’Algérie, avait laissé entendre que le Mufti de la République c’est le ministre de la Justice garde des Sceaux. Selon lui, un autre responsable désigné à ce poste, va légiférer hors des lois de la République et empiéter les prérogatives du Premier ministre et même celles du Président, contrairement au ministre de la Justice qui est investi à respecter la nature politique de l’État Algérien. Par ailleurs, Mohamed Aïssa a assuré que toutes les mosquées en activité à travers le pays, au nombre de 18 000, sont contrôlées par ses services y compris les salles de prières ouvertes dans des administrations, les universités et les entreprises. Le ministre a, dans ce cadre d’idées, fait état de la mise en échec de nombreuses tentatives d’endoctrinement des étudiants dans les campus et les cités universitaires «au nom de la recherche scientifique». Il a indiqué, à cet effet, que les prédicateurs sont interdits de prêcher dans ces salles de prières et toute activité autre que la prière est soumise à une autorisation des services des affaires religieuses et des waqfs. Mohamed Aïssa a annoncé, à l’occasion, le recrutement d’une centaine d’imams prêcheurs, alors que 2000 imams «moudarisse» seront appelés à encadrer l’enseignement du Coran. Ils seront recrutés parmi les enseignants universitaires et de l’éducation nationale remplissant certains critères et bénéficieront de contrats à durée déterminée (CDD) d’une année. Il a également annoncé que son secteur se dirigeait vers la création d’une école supérieure pour la formation des imams qui sera additionnée aux 13 instituts déjà existants, soulignant que l’objectif de cette décision est d’organiser la corporation des imams et définir leurs missions. Sur un autre registre, le ministre des Affaires religieuses a estimé que l’Algérie est parvenue à éradiquer l’extrémisme auquel elle a fait face à la fin des années 1980 et dans les années 1990. Il a ajouté que «l’Algérie a aujourd’hui dépassé ce stade et qu’elle est actuellement en phase de prévention pour ne pas y retomber une autre fois».
Ania Nait Chalal