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Mohamed Aïssa dénonce le charlatanisme : «la Roqya ne sera jamais une profession»

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Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, intervenu jeudi dernier à l’APN lors d’une séance consacrée aux questions orales des députés, pour mettre en garde contre le charlatanisme et l’instrumentalisation de la religion à des fins lucratives. En réponse à une question d’un parlementaire portant sur la Roqya, ayant gagné des pans entiers de la société algérienne, le ministre a frappé du sceau de l’interdit le recours à cette pratique dans les mosquées et les écoles coraniques.

En effet, la Roqya qui est une pratique faisant souvent appel aux moyens spirituels dans le traitement des maladies dites «occultes», et dont les personnes désespérées en font généralement recours, plus précisément celles parmi les plus superstitieuses qui croient aux méfaits liés à la sorcellerie, a pris des proportions alarmantes, à tel point qu’elle semble échapper au contrôle des autorités publiques. à se référer à la juridiction régissant le domaine des affaires religieuses et des wakfs, force est de constater qu’aucun texte ne fait allusion à ce mode de guérison, pour le moins étranger à notre pays et à la religion musulmane. Pourtant, la réalité est toute autre.
Et pour cause, le phénomène ne fait que croitre et devient un moyen pour nombreux citoyens qui convoitent ces supposés guérisseurs.
Ces derniers n’hésitent pas à profiter de la situation de vulnérabilité dont laquelle se retrouvent leur «clients», pour prétendre chasser en eux le mauvais sort, la hantise démonique, la malchance, le mauvais œil etc. Interpellé à ce sujet par le député, Moahmed Daoui, du parti islamiste El-Karama, qui l’a sollicité à trouver une solution, voire même envisager l’encadrement de cette pratique douteuse à même d’en faire une activité professionnelle, Mohamed Aissa a été d’une réponse qui ne souffre pas de la langue de bois.
Toujours aussi tranchant lorsqu’il s’agit d’avoir à faire à une atteinte à l’image de l’islam modéré et celui d’antan, le ministre a affirmé que les imams et leurs auxiliaires sont interdits de faire la Roqya au sein des lieux de culte musulman. Des propos qui sonnent comme un rappel à l’ordre en vue de dissuader toute tentative d’instrumentalisation de la religion à des fins autres que celles prévues par les percepts de l’islam, notamment en matière de prêches prônant la tolérance, la bonne foi à répandre parmi les citoyens, le tout dans le strict respect des lois de la République.
D’emblée, comme pour dénier le droit à toute personne qui fait usage de cette pratique pour le moins étrangère à notre société et ses conceptions et repères religieux, pour le moins que l’on puisse dire un mode révolu qui relève d’une autre époque, le ministre du gouvernement a été formel à ce sujet. Pour lui, la Roqya, non seulement elle ne représente pas une profession mais plus encore elle ne le deviendra jamais. «La Roqya ne sera jamais réglementée», a-t-il réplique au député qui a déploré l’ascension prise par ce phénomène, avant que celui-ci n’émette le vœu que les autorités compétentes mettent en place un cadre juridique pour inscrire la Roqya au registre des «professions libérales».
Ce n’est pas une première pour le premier responsable du secteur qui a eu déjà à dénoncer l’obscurantisme et toute forme de radicalisation et de dévoiement de l’islam à des fins propagandistes, lucratives ou autre réflexe en dehors de ce qui est prescrit dans la religion musulmane. Selon le ministre, la majorité des personnes qui sollicitent les charlatans sont des gens qui présentent des difficultés d’ordre psychique et psychologiques.
Autrement dit, «des faibles d’esprit» pour reprendre l’expression utilisée par Mohamed Aïssa, qui n’a pas manqué de relever la «mauvaise intention» des pseudos-guérisseurs et autres voyants de tout bords qui, toute honte bue, n’hésitent pas un instant à recourir jusqu’aux moyens publicitaires modernes pour vanter leur «génie». Comme le montre l’exemple d’affiches, visibles partout et collées sur les murs des villes et villages du pays, où le nom, les coordonnées, les recettes miracles et les maladies traitées par ces guérisseurs en sont, notamment, mentionnés.
Pour affirmer l’autorité de la loi, le ministre a rappelé le communiqué rendu public par son département en 2003 et réédité en 2015 à ce sujet. à travers ce document ministériel, il est clairement fait référence à la définition de la Roqya et les conditions qui s’imposent à celui qui en fait usage, a-t-il rappelé, pour étayer ses propos.
Toujours dans le cadre des efforts de son département, Mohamed Aissa a affirmé qu’une campagne de médiatique sensibilisation sur ce phénomène a été menée en 2014.
Farid Guellil

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