Accueil ACTUALITÉ Modernisation de l’administration : Un programme à l’épreuve du terrain

Modernisation de l’administration : Un programme à l’épreuve du terrain

0

Malgré les assurances des autorités publiques que l’année 2017 sera celle de le e-gouvernement et la modernisation de l’administration à travers l’adoption de mesures visant la numérisation des prestations publiques et l’introduction de nouvelles technologies, à l’instar du passeport et de la carte nationale biométriques. Force est de constater que des carences et des faiblesses sont toujours là, bloquant l’achèvement de ces mesures qui devraient faciliter la vie aux citoyens et jeter plus de transparence dans la relation gouvernant-gouverné. En effet, la période de transition vers la modernisation de l’administration semble très longe, vu que le pays a, devant lui, un énorme retard technologique et un manque en ressources humaines qualifiées. Cela s’ajoute au climat défavorable pour l’application de ces mesures comme la bureaucratie et la corruption. Face à cela, le département de l’Intérieur continue à manifester sa disposition à aller avec «davantage de détermination et à un rythme plus accéléré» dans l’option de modernisation de l’administration publique. Dans une lettre lue en son nom par le secrétaire général du ministère, El-Hocine Mazouz, à l’occasion du lancement du programme de renforcement des acteurs de développement local «CapDel», le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, a indiqué, dans ce sens, que : «Nous poursuivrons la modernisation de l’administration locale avec davantage de détermination et à un rythme plus accéléré, à travers notamment l’utilisation de nouvelles technologies pour en faire une administration électronique». Par contre, cette «large vision politique» lancée par le ministre se heurte à l’immobilisme des acteurs et intervenants locaux dans le processus de modernisation. Le projet global de réforme des collectivités territoriales à travers la définition d’un nouveau cadre législatif et organisationnel pour la commune et la wilaya est toujours dans les tiroirs du gouvernement et aucune date n’est avancée pour sa présentation devant le Parlement. Dans ce cas de figure, la centralisation de l’administration est toujours mise à l’index d’être derrière la bureaucratie suffocante qui continue à caractériser la gestion des collectivités locales. Mais, pour autant, le gouvernement n’est pas prêt à renoncer à ses réformes. L’objectif de la réforme des collectivités locales, selon le département de Bedoui, est de concrétiser une «gouvernance locale consultative ancrant la culture de la participation citoyenne, ainsi que l’exploitation rationnelle, équitable et efficace des ressources ». De même que «l’amélioration de la qualité des prestations offertes au citoyen, ainsi que le renforcement du rôle économique des collectivités territoriales », et ce, afin de créer une économie locale «solidaire et diversifiée». En fait, les consignes du gouvernement afin d’offrir aux citoyens des «prestations de service public de qualité» sont appliquées d’une manière non équitable par les communes. À titre d’exemple, beaucoup de communes continuent à exiger de ses résidents la légalisation de quelques documents, cela malgré que la légalisation des copies de documents originaux soit annulée. Un grand retard a touché aussi l’opération de délivrance de la carte nationale biométrique et des citoyens ne comprennent toujours pas les raisons. Aussi l’opération de modernisation et de numérisation du registre de l’état civil n’est pas encore achevée dans toutes les wilayas au grand dam des citoyens qui continuent à être dans l’obligation de faire le déplacement jusqu’aux wilayas d’origine pour se procurer des documents. Il est vrai qu’un changement des mentalités est nécessaire avant d’amorcer tout autre changement. Seule «une gouvernance publique, démocratique et équilibrée », affirme Bedoui, est en mesure de garantir «l’efficacité et le rendement de l’exercice public ». Pour autant, le ministre n’a pas manqué de reconnaitre que la réalisation de la « bonne gouvernance locale » n’incombait pas aux seules institutions publiques mais aussi à l’ensemble des acteurs sociaux et économiques concernés par la prise de décision. Par ailleurs, le ministre est revenu sur le projet « CapDel » (le Programme de renforcement des capacités des acteurs de développement local/ communes modèles). Un programme qui est le fruit de la collaboration bilatérale avec l’Union européenne et qui, pour rappel, vise à renforcer les capacités humaines et institutionnelles des acteurs locaux pour promouvoir la participation citoyenne en vu d’assurer une gouvernance communale concertée, transparente et attentive aux besoins de la population locale. Pour le ministre, le projet «CapDel» permettra à ses bénéficiaires de « s’exercer à éviter la prise de décision unilatérale », en prenant en considération les opinions et suggestions des citoyens, s’agissant des questions relevant du développement socio-économique des collectivités locales. Il est, en outre, escompté de ce projet qu’il offre des « outils pédagogiques et des champs d’expériences à de nouvelles pratiques démocratiques locales », autant qu’il « salue » le rôle du mouvement associatif local, considéré comme étant « une école » en matière de démocratie, a renchéri Bedoui. À noter que le projet « CapDel » est financé par le gouvernement à hauteur de 2,9 millions de dollars, l’UE avec 7,7 millions d’euros et le PNUD avec 200.000 dollars.

Hamid Mecheri

Article précédentAppelant à la fin de la colonisation israélienne : La Conférence de Paris pour la solution des deux États
Article suivantAnarchie dans le secteur pharmaceutique : Le CNOP plaide un plan de développement