Des milliers de manifestants à travers le monde arabe et européen ont investi les rues ce vendredi pour dénoncer la guerre d’extermination menée contre la population de Ghaza, et la politique de famine imposée par l’occupation sioniste depuis plus de neuf mois. Des mobilisations massives ont eu lieu aussi bien dans les territoires palestiniens occupés qu’à l’international, traduisant une colère populaire croissante face à l’inaction de la communauté internationale et la complicité des puissances occidentales. Dans les territoires de 1948, des milliers de Palestiniens ont manifesté à Sakhnin, Haïfa, Jaffa, Rahat et Al-Tira, en réponse à l’appel des forces locales à organiser une manifestation centrale contre la guerre et le blocus sur Ghaza. Les manifestants ont brandi des banderoles exigeant l’ouverture des points de passage et l’acheminement immédiat de nourriture et de médicaments aux habitants assiégés. Des vidéos diffusées par des médias locaux montrent des foules impressionnantes à Sakhnin, avec des convois de bus en provenance de diverses régions malgré les tentatives de la police sioniste d’entraver leur progression en procédant à des fouilles. En Cisjordanie occupée, des protestations ont été violemment réprimées par les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne, notamment à Naplouse où des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes ont été tirés sur les manifestants. Plusieurs jeunes ont été arrêtés, provoquant une vague d’indignation. À Ramallah, Hébron, Beïta et Jénine, des milliers de personnes ont scandé des slogans en soutien à Ghaza et aux prisonniers palestiniens, appelant à l’unité nationale et à la levée immédiate du siège. Le mouvement de la résistance palestinienne a vivement condamné la répression des manifestants par l’Autorité, l’appelant à se ranger du côté du peuple et à intensifier les actions populaires contre l’occupation.
Une solidarité arabe vibrante
À travers le monde arabe, la mobilisation ne faiblit pas. En Mauritanie, des foules ont envahi les rues de Nouakchott et Nouadhibou, arborant les drapeaux palestinien et mauritanien, scandant des slogans tels que « Ghaza ne sera pas seule » ou encore « La famine est un crime de guerre ».
Au Soudan, malgré la guerre civile et les difficultés humanitaires extrêmes, des rassemblements ont eu lieu à Khartoum, Omdurman, Port-Soudan et Al-Qadarif à l’appel du groupe « Soudanais contre la normalisation », en soutien au peuple de Ghaza. En Tunisie, une marche populaire s’est tenue à Tunis sous le mot d’ordre « Ne laissez pas Ghaza seule », où des centaines de manifestants ont réclamé la fin du siège et dénoncé les massacres israéliens. Au Yémen, des manifestations massives ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans 14 provinces, notamment à Sanâa où la place Al-Sabeen s’est remplie d’une marée humaine. Des slogans dénonçant l’agression israélo-américaine et affirmant le soutien indéfectible à la résistance palestinienne ont été scandés. En Libye, une veillée a été organisée à Tripoli, réclamant le boycott des produits soutenant l’occupation et appelant au soutien populaire en tant que forme de résistance légitime. En Syrie, les camps de réfugiés palestiniens se sont également mobilisés. À Damas, une marche a eu lieu dans le camp de Yarmouk, tandis que d’autres manifestations ont été signalées dans les camps de Sayda Zeïnab, Jaramana, Homs et Alep. Les protestataires ont exigé l’ouverture des passages frontaliers, l’entrée des aides humanitaires et l’arrêt immédiat de l’extermination des civils.
L’Europe se lève contre l’impunité
La mobilisation ne s’est pas limitée au monde arabe. En Allemagne, une grande manifestation s’est tenue à Berlin, près de l’ambassade d’Égypte et du ministère de la Défense. Les participants ont frappé des casseroles et scandé des slogans comme « Ouvrez Rafah », « Non aux bombes, oui au pain », et « Israël affame Ghaza ».
La colère contre le silence européen était palpable. À Vienne, une manifestation s’est tenue devant le ministère des Affaires étrangères pour exiger une pression diplomatique sur Israël. Des actions similaires ont eu lieu à Milan, Stockholm, et Londres, où une quarantaine de manifestants ont été arrêtés devant le Parlement britannique. À Lisbonne, des militants portugais ont protesté devant le ministère des Affaires étrangères, frappant eux aussi sur des casseroles pour dénoncer les crimes de guerre à Ghaza. Une marche a ensuite été organisée jusqu’au Parlement, portant les slogans « Brisez le siège » et « Non à l’extermination ».
Une mobilisation citoyenne américaine
Aux États-Unis, la ville de Chicago a été le théâtre d’une manifestation dénonçant le rôle de Washington dans le blocus de Ghaza. Organisée par le mouvement Code Pink, la manifestation visait également à réclamer la fermeture de la soi-disant « Gaza Humanitarian Foundation », accusée de couvrir les politiques de famine de l’administration américaine. Des pancartes y affichaient des slogans comme « Stop au génocide », « Le pain, pas les bombes », ou encore « Washington, complice du massacre ».
Universités et organisations se mobilisent
À Sanâa, des milliers d’étudiants et d’universitaires ont défilé dans le cadre d’une manifestation organisée par l’Université de Sanâa sous le slogan « Nous restons fermes avec Ghaza ». Le vice-Premier ministre a dénoncé les responsabilités directes des États-Unis dans la politique de famine imposée. En Irlande, le chanteur folk Jimmy Cullen poursuit sa protestation hebdomadaire devant l’ambassade américaine à Dublin, marquant sa 72e semaine de mobilisation. Il était rejoint cette fois par des musiciens, activistes et groupes pro-palestiniens.
L’appel des intellectuels marocains
Au Maroc, les manifestations de soutien à Ghaza se poursuivent pour la 86e semaines consécutives, malgré la normalisation des relations avec Israël. Des centaines d’intellectuels, écrivains et universitaires ont signé un appel exigeant la fin immédiate du siège et l’acheminement d’urgence de l’aide humanitaire.
« La famine est utilisée comme une arme de destruction massive », lit-on dans leur déclaration, qui appelle à des sanctions contre Israël.
Une colère populaire planétaire
De Dublin à Tripoli, de Sanâa à Sakhnin, en passant par Chicago, Tunis, Berlin ou Nouakchott, un même cri traverse les continents : Stop au génocide, stop à la famine à Ghaza. Le silence des institutions internationales et la complicité de certaines capitales occidentales sont de plus en plus dénoncés comme des formes d’approbation tacite d’un crime contre l’humanité. Le peuple palestinien, affamé, bombardé, piégé, continue néanmoins de résister avec une dignité qui inspire le monde entier.
M. Seghilani