C’est une première en France . Mais il faut dire que les débats autour de l’Islamisme et de l’Islam tout court mais aussi les surenchères de l’extrême droite tout comme les débats de politiques et de chroniqueurs ouvertement islamophobes et qui se revendiquent en tant que tels ont contribué fortement à installer une atmosphère malsaine et pousser a une manifestation contre l’islamophobie.
Une manifestation sans précédent en France et qui se veut une forte réaction visant à dénoncer les actes islamophobes. La manifestation, convoquée à l’appel de plusieurs personnalités et diverses organisations et le collectif contre l’islamophobie, a débuté dimanche en début d’après-midi pour arriver vers Place de la Nation où des prises de paroles ont eu lieu. Une manifestation similaire a eu lieu aussi à Toulouse. Au départ, le message initial était de dire «STOP à l’islamophobie», à la «stigmatisation grandissante» des musulmans, victimes de «discriminations» et d’«agressions» dont «l’attentat contre la mosquée de Bayonne (…) est la manifestation la plus récente».Mais depuis l’appel à manifester, lancé le 1er novembre dans le quotidien «Libération», quatre jours après l’attaque de Bayonne contre une mosquée par un ancien élu du parti de Marine Le Pen et sur fond de débat ravivé sur le port du voile et la laïcité, la classe politique française n’a cessé de se déchirer autour de la participation à ce rassemblement. De fait la notion-même d’«islamophobie» ainsi que l’identité de certains signataires de l’appel ont conduit une partie de la gauche française à ne pas s’y associer, au Parti socialiste français notamment. Mais le Parti communiste français a rappelé l’«extrême urgence de dire stop» à l’islamophobie. Dans une perspective électoraliste, Marine Le Pen, qui a fait de l’islamophobie et de l’immigration ses fonds de commerce, a déclaré avec les amalgames dont elle a le secret : «tous ceux qui ont manifesté sont la main dans la main avec les islamistes, c’est-à-dire ceux qui développent dans notre pays une idéologie totalitaire qui vise à combattre les lois de la République française». Cependant les organisateurs ont dénoncé une volonté délibérée de saboter et de dénaturer leur action avec alliance d’une nature surprenante, entre le PS, le RN, ou encore des membres du gouvernement français, selon un élu de Saint Denis. Pour le CCIF, accusé d’etre lié aux frères musulmans, est «apolitique et areligieux». Son directeur affirme, » nous avons un site internet, un manifeste, nous sommes totalement transparents ». « Nous travaillons avec la Ligue des droits de l’homme, avec SOS Racisme ou l’Union juive française avec pour seul et même combat que celui de faire reculer le racisme en France », assure Jawad Bachare. « L’esprit du CCIF est celui du droit », dit-il. Pour lui « c’est un tournant dans la lutte contre l’islamophobie en France. C’est la première fois qu’une telle marche aura lieu et ce sera aux politiques d’entendre la voix du peuple mobilisé « , lance encore Jawad Bachare. Il ajoute que « ceux qui entretiennent l’amalgame et lancent des rumeurs pour décrédibiliser le travail du CCIF et qui font passer le conseil pour une officine salafiste n’ont d’ailleurs jamais réussi à démontrer quoi que ce soit». Il détaille le travail abattu par le conseil depuis sa création en 2003 : création d’antennes locales qui œuvrent à la sensibilisation à l’islamophobie auprès des partenaires sociaux et des mosquées, collaborations avec le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), la LDH ou le Défenseur des droits.
La manifestation a été importante et de nombreuses personnalités politiques, y ont participé à l’instar de Jean – Luc Mélenchon , député et leader du parti des insoumis qui a estimé qu’en partant d’un désaccord sur un mot, certains refusent en réalité aux musulmans le droit d’être défendus par des gens qui ne sont pas musulmans et qui veulent faire cesser l’ambiance actuelle contre eux». C’est dire que cette manifestation aura déchiré la classe politique française alors qu’elle ne visait qu’à dénoncer les actes antimusulmans, qui ont tendance à se multiplier en France.
Mokhtar Bendib