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Meziane Meriane, cooredinateur du SNAPEST et figure de proue dansle mouvement syndical de l’éducation : «L’application de la charte d’éthique aurait évité beaucoup de conflits»

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À deux jours qui nous séparent de la rentrée scolaire, les dossiers lourds du secteur de l’Éducation refont surface.

La réforme de l’école, la charte d’éthique de l’Éducation, le dossier des retraités, le pouvoir d’achat, le recrutement des enseignants et la formation, le budget alloué au secteur, le mouvement syndical, la place de l’élève sur l’échiquier…autant de questions remises au goût du jour, hier, par Meziane Meriane, Coordinateur national du SNAPESTE, invité au traditionnel Forum du Courrier d’Algérie. Et comme derrière chaque effet il y’a une cause, la crise financière traversée par le pays, à présent moins aigue qu’elle l’était, en raison de la chute des prix du pétrole, a touché ce secteur en particulier comme tous les autres. Au résultat d’une telle situation qualifiée par Meziane Meriane de «toute particulière», une montée du front social durant les trois dernières années, dont le monde du travail à l’Education craint pour le recul de son pouvoir d’achat et l’avenir de ses pensions de retraite. «Le modèle social de l’ouvrier algérien en général est ébranlé par la chute du baril de pétrole. D’où un risque, celui notamment du déficit énorme de la caisse de retraite comme déclaré par le ministre du Travail», comme constat fait d’emblée par le conférencier pour évoquer la situation générale sur le plan social et non pas uniquement au niveau de l’Éducation. En cause à ce creux causé à la caisse de retraite, il y’a d’abord l’équation de cotisation des actifs au profit des inactifs en Algérie, à raison seulement de 2 pour 1, alors que la norme en cours dans le monde est de 5 pour 1. En deuxième lieu, il cite le départ massif à la retraite des fonctionnaires, surtout les anciens travailleurs. En d’autres termes, chaque salarié qui part à la retraite fait perdre à la caisse une moyenne de 5 000 DA. Pour Meriane, on aurait pu voir venir cette situation alors qu’il fallait établir un échéancier. Une raison qui a poussé des milliers de prétendants à partir en retraite anticipée avant l’expiration de la période de grâce qui leur a été accordée, soit avant l’entrée en vigueur de la nouvelle loi. Outre l’appel au maintien du départ à la retraite volontaire donc, le Snapeste, parmi les 14 autres organisations réunies autour de l’Intersyndicale, a fait de la protection du pouvoir d’achat du citoyen son cheval de bataille depuis quelques années.

«Les réformes de l’école patinent par manque de moyens»
Pour rester dans le secteur de l’Éducation, Meziane Meriane, qui plaide, à l’instar d’autres acteurs sociaux, économiques et politiques, pour une économie diversifiée en dehors des hydrocarbures, doute des capacités financières de l’État quant à la prise en charge des quelque 9 millions d’élèves sur le plan pédagogique. Il en veut pour preuve, le recul du budget alloué au secteur, dont 85% du montant est absorbé par la masse salariale contre 15 % seulement qui est orienté vers la pédagogie. «Qu’est ce qui reste à la prise en charge de la pédagogie ? Disons les choses clairement, cette quote-part arriverait à peine à répondre aux besoins d’un million d’élèves», a-t-il déploré avant de plaider le recours à des financements externes telle que la taxation des fortunes. Toutefois, cette proposition portée dans l’avant-projet de LF-2018, et qu’il dit avoir formulée à la ministre de l’Éducation nationale en 2017, a été rejetée par la commission financière de l’APN, faut-il le rappeler. Interrogé sur le pourquoi d’avoir décrié le fait que la part du lion dans le budget de l’Éducation va vers les masses salariales, au détriment des élèves et de la pédagogie, au moment où justement on appelle à l’amélioration de la situation sociale des salariés, Meziane Meriane défend un rôle de tout syndicaliste qui se respecte. «Le rôle d’un syndicat, c’est de défendre le pouvoir d’achat. Le syndicaliste est obligé de se battre. Vous parlez d’équation, oui, il y’a un manque pour la pédagogie. Mais, on n’est pas responsable de ce manque ! On n’est pas responsable de la gestion de l’économie algérienne», a-t-il répliqué non sans piquer une petite colère, avant de relancer l’appel à un projet d’économie créateur de richesses pour assurer la pérennité au social.

«On ne fait pas de la politique, on agit en fonction de la situation qui se présente»
Qu’en-est-il des cycles de grèves menées pendant des mois par les différents syndicats partenaires sociaux de l’Education ? Ayant pris conscience de l’instabilité qui a ébranlé le secteur, la famille de l’Éducation a fini par s’accorder sur le fait qu’il n’est plus possible de continuer sur ce rythme qui va surtout au détriment des élèves et leur cursus scolaire. À cette question, Meziane Meriane rappelle justement la Charte d’éthique du secteur de l’Éducation, dont le Snapeste entre autres est signataire. «Si les huit points ont été respectés, il y’aurait énormément de conflits qui seront évités dans l’Éducation. Or, il semblerait que les choses trainent pour ce projet qui date de 2015 et lequel amène les deux parties, l’Éducation et le partenaire social (syndicat et parents d’élèves), à se souscrire à un objectif commun, qu’est la stabilité de l’école et la préservation de l’intérêt de l’élève. «Malheureusement, cette Charte est appliquée uniquement au niveau d’El-Mouradia (siège du ministère de l’Éducation). Elle n’est pas appliquée au niveau des Académies de wilayas où le problème surgisse. Autrement, elle n’est pas descendue au sein de la base, car on n’a pas donné instruction pour la faire respecter par les directeurs des Académies. Cette année, justement, la ministre les a réunis autour d’ateliers de travail axés sur le respect de cette Charte», explique l’invité du Courrier d’Algérie. D’autre part, Meziane Meriane revient sur la situation sociale et le spectre d’instabilité qui y plane aussitôt que la rentrée sociale approche. Après avoir évacué d’un revers de main toute intention faisant courir les syndicats autre que celle de revendiquer les droits socioprofessionnels, c’est-à-dire, «on ne fait pas de la politique, on agit en fonction de la situation qui se présente», a-t-il précisé, et d’ajouter qu’à présent, il ne voit pas de problèmes à l’horizon mis à part ce qu’il appelle «les dossiers lourds de l’Éducation», qu’il conviendrait à résoudre dans le cadre du dialogue avec la tutelle de l’Éducation.
Farid Guellil

SOULAGER LES ÉLÈVES DU POIDS DU CARTABLE
Meziane  Meriane : «Il faut surtout alléger les livres»
Le Coordinateur du Snapest, Meziane Meriane, a évoqué, hier au Forum du Courrier d’Algérie, la question de l’allègement du cartable des élèves du cycle primaire, pour contribuer à protéger leur santé, et ce d’après la déclaration de la ministre de l’Éducation nationale, Nouria Benghebrit, à propos de ce sujet qui fait chaque année polémique. Meriane à expliqué que les mesures qui  ont été prises par le ministère de l’Éducation  parlent uniquement du cahier, alors qu’ils ont oublié le poids des livres scolaires. «J’aurais aimé qu’au lieu de parler uniquement du cahier, de parler des livres. Pourquoi vous faites prendre à l’élève un grand livre qu’il va étudier en trois parties, au premier, deuxième et troisième trimestre. Pourquoi ne pas faire trois tomes, tome-1, tome-2 et tome-3 pour chaque trimestre. Comme ça il prendra qu’un seul tome par trimestre, pendant que les autres il les laisse à la maison», plaide l’invité du Courrier d’Algérie. Outre l’impression du livre qui va se diviser en trois au lieu d’un seul document, «on imprime un livre pour chaque trimestre, pas comme maintenant où l’élève est obligé de prendre un grand livre toute l’année avec un programme de trois trimestres», ajoute-t-il. Concernant le manque des livres dans les établissements scolaires soulevé l’année dernière, le Coordinateur du Snapest espère qu’il y’aura assez de livres pour tous les élèves des trois cycles éducatifs, pour ne pas obliger  les parents à acheter ces livres au marché noir à un prix beaucoup plus cher que ceux vendus dans les écoles.
Lilia Sahed

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