Le meeting des partisans de l’initiative politique nationale pour le progrès dans la cohésion et la stabilité, tenu, hier, à La Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf, était, au-delà du show médiatique, un rendez-vous marqué d’absences. Et pour cause, hormis le fait de rabâcher les crédos habituels tournant autour du soutien renouvelé au président de la République, et de faire une levée de boucliers pour contrer les menaces extérieures, le regroupement a connu des déficiences. Pas des moindres.
En effet, la partie semble être jouée d’avance. Passant les objectifs assignés à cette démarche, puisque celle-ci n’était pas d’un passage à l’action d’une démarche déjà entamée à la fin novembre de l’année dernière. En effet, prévu à 9 heures du martin, le rassemblement des partisans de l’initiative, portée haut la main par son chef de file, Amar Saâdani, SG du FLN, n’a débuté qu’à 11 heures. En tout cas, peu après l’arrivée des invités de marque. Une pléthore composée de quelques ministres du staff gouvernemental, des représentants des partis politiques, des associations de masse et autres personnalités, somme toute parmi ceux et celles qui se sont agrégés au projet de Saâdani. Mais peu de temps avant, les premières foules venues des quatre coins du pays ont commencé à affluer vers la salle ovale, jouxtant le stade mythique 5-Juillet. Une scène de loin qui s’apparente à une sorte de colonies de fourmis qui s’engouffrent à l’intérieur du dôme. Ce qui renseigne, à première vue du moins, sur le nombre de participants à ce rendez-vous. Mais, il a fallu d’abord faire son entrée dans l’arène pour constater de visu la qualité de l’assistance. En effet, des banderoles, portant les mots d’ordre assignés à cette manifestation de masse, sont accrochées sur le pourtour de l’enceinte. Chaque parti et organisation y va de ses propres slogans, mais la tendance générale se noie dans la même devise. Quoique le FLN vole au-dessus de tous, eu égard aux nombreuses enseignes qui portent le sigle du parti, auquel s’ajoutent d’autres, tels que TAJ d’Amar Ghoul et l’ANR de Belkacem Sahli, pour n’en citer que ceux qui sortent du lot, de par leur positionnement sur l’échiquier politique national, et leur position d’alliés du pouvoir. D’ailleurs, ce sont ces mêmes formations politiques qui semblent être les plus représentées, en plus d’autres relégués à un rang minoritaire, une foultitude d’appareils qui se comptent par dizaines. Mais, tout le monde, sur place, s’est focalisé sur une chose, restant, jusqu’aux premières heures de cette journée, un mystère. Il s’agit du RND, d’abord en tant qu’appareil et puis, en premier lieu, l’absence corroborée de son chef, Ahmed Ouyahia, notamment. Sur place, plusieurs sources apprennent qu’il était question pour ses militants de figurer sur la liste des présents. Mais, les attaques frontales et les accusations graves de Saâdani, portées, la veille même de ce regroupement, à l’encontre de l’actuel chef de cabinet auprès de la présidence de la République, aurait poussé ce dernier à instruire ses militants à bouder ce regroupement, apprend-on. Cela étant dit, cette déficience parmi les rangs d’un parti, de surcroît, deuxième force majoritaire, et qui, plus est, s’inscrit en droite ligne avec le président de la République, a été quelque peu «entachée», pour ainsi dire, par l’apparition des plus timides, sur les gradins, durant quelques petites minutes, d’une banderole de la section RND de la wilaya d’Alger.
Seulement, cette enseigne portée prétendument par deux militants a vite éclipsé des regards et de la scène, où les sigles des associations de masse, comme l’UNPA (Union nationale des paysans algériens), l’UGCA (Union générale des commerçants algériens), les Organisations estudiantines, comme l’ONED (Organisation nationale des étudiants démocrates) et autres entités connues proches de l’ex-parti unique, s’enchevêtrent et se disputent les lieux. Mais pas L’UNFA (Union nationale des femmes algériennes), proche du RND, où sa présidente, Nouria Hafsi, une adversaire d’Ouyahia notamment, est représentée à ce meeting. Cette absence qui revient sur toutes les langues en consacre, donc, un virage sans précédent dans la vie politique nationale et les rapports corsés entre les deux partis rivaux, et au dessus de tout, consacre le divorce définitif entre les deux leaders alliés du pouvoir.
Les déclarations tenues un jour auparavant par Saâdani au sujet de «l’homme des situations de crise» ne fait que corroborer, en quelque sorte, la mauvaise posture dans laquelle se retrouve l’ex-chef du gouvernement. En dehors des coulisses et de la suspicion politicienne, plus exactement sur les tribunes, ce sont les militants et partisans des différentes obédiences citées qui ont occupé les lieux en brandissant des pancartes où l’on pouvait lire des messages encenseur en faveur d’Abdelaziz Bouteflika et d’autres qui affirment un soutien appuyé à l’Armée nationale populaire (ANP), comme le veut cette manifestation. Aussi, la salle a vibré tout le long de la matinée au rythme incessant de chants louangeur en faveur, tantôt de l’actuel chef de l’État et tantôt à Amar Saâdani. En parallèle à cette scène d’animation, deux écrans géants diffusent des scènes retraçant la vie et le parcours politique de Bouteflika, depuis le temps où il occupait des postes ministériels au sein de l’État jusqu’aux années où il siège à la Magistrature suprême. Ces images sont suivies par d’autres qui passent en revue des défilés, des parades et autres démonstrations de force des éléments de l’ANP. C’est à une heure avant midi, que les premières têtes des responsables des partis, de membres du gouvernement et autres personnalités de l’État ont donné le coup d’envoi de ce regroupement. L’entrée de ces personnalités parmi lesquelles figurent Saâdani, Ghoul, Sahli, le président de l’APN, Larbi Ould-Khelifa, du chef du FCE, Ali Haddad, des membres du gouvernement comme Tayeb Louh, Abdelmadjid Tebboune, Houda Feraoun pour n’en citer que cette poignée qui a fait soulever l’assistance qui nourrit la scène d’applaudissements. Intervenu le premier, le chef du FLN, revient encore une fois pour dire, entre autres, «Bouteflika s’est engagé à instaurer un État civil et voilà qu’il s’est concrétisé, et vous êtes témoins de ce fait». Des propos par lesquels, l’homme tonitruant affirme son soutien au président de la République et l’ANP, ne manquant pas d’ailleurs de rendre hommage aux 12 militaires tués lors d’un crash d’hélicoptère survenu près d’Adrar au début de semaine. Ghoul, Sahli et autres personnalités n’ont fait que suivre sur la même ligne, à travers leurs communications. Par ailleurs, faut-il souligner que le SG du MPA, Amara Benyounès, a également brillé par son absence lors de cette manifestation.
Farid Guellil
Le MPA et le RND, les grands absents
Les participants au meeting de l’Initiative politique nationale pour le progrès dans la cohésion et la stabilité, lancée par le Front de libération nationale (FLN), n’ont pas manqué d’exprimer, hier, à la salle la Coupole à Alger, leur loyauté au président de la République et faire face aux dangers extérieurs, tout en soutenant l’Armée populaire nationale. Ainsi, tout en affirmant que la porte est toujours ouverte pour les autres partis dans la perspective d’adhérer à ladite initiative, ces derniers ont tenu néanmoins à préciser que la non participation du Rassemblement démocratique populaire (RND) et le Mouvement populaire algérien (MPA) ne constitue guère un échec. À cet effet, selon Yamina Meftali, cadre du Front de libération nationale (FLN), et non moins membre du Bureau politique de ce parti, a affirmé que le SG du FLN, Amar Saâdani, a voulu faire de l’initiative politique dite «Front national», un mur pour protéger l’Algérie de tous les dangers qui la guettent. «Ce Front est construit par les partis politiques, les parties civiles…, et ce, afin de protéger le front intérieur du pays», nous a-t-elle affirmé, en marge du meeting d’hier. «Nous savons tous que l’Algérie est entourée de dangers. L’initiative se veut donc un rempart pour faire face aux tentatives d’ingérence étrangère dans les affaires du pays», a-t-elle rajouté, en se félicitant du nombre important de militants ayant fait le déplacement à la salle. Ceci témoigne que l’Algérie peut toujours compter sur ses «nationalistes». Pour ce qui est d’une éventuelle adhésion d’autres partis politiques à l’initiative, Meftali a assuré que la «porte reste toujours ouverte aux acteurs politiques, associations et toutes autres personnalités qui pouvant s’inscrire dans cette démarche, comme l’a assez souvent signalé le secrétaire général du parti». Revenant sur la non-participation du RND, le membre du bureau politique a affirmé que «des militants du parti ont pris part à cet évènement». Elle affirmera, entre autres, que «l’Algérie appartient à tous les Algériens». Ainsi, elle a expliqué que «de nombreux militants ont pris part au meeting, à l’instar, de Nouria Hafsi». Aussi, elle a déclaré que «je ne crois pas que les militants du RND aient reçu des directives de ne pas faire part au meeting». Pour sa part, Abdelkader Zehali, membre du bureau politique du FLN, a affirmé que le meeting constitue un «grand succès». Allant jusqu’à qualifier l’évènement de «grande fête», Abdelkader Zehali a affirmé que «la grande participation des militants témoigne du succès de l’initiative». Au sujet de l’absence du RND et du MPA, il a affirmé que «les parties désirantes d’adhérer, la main leur est toujours tendue. Les autres sont libres de ne pas faire part». Néanmoins, il a assuré, que les militants du FLN sont venus nombreux pour apporter leur soutien, ce qui constitue une grande base populaire qui peut «protéger l’Algérie». Notons que, à l’instar de tous les événements des partis politiques au pouvoir, les jeunes et femmes venus des différentes régions du pays ont profité de cette occasion pour se défouler, chanter et danser sous les rythmes de chants populaires. Hélas, la salle s’est vidée, dès la fin des discours d’Amar Saâdani et de Amar Ghoul, ce qui reste un «point noir» du bon déroulement de l’évènement. Surtout que celui-ci était censé être une démonstration de force, et un message à l’opposition. Décidément, le meeting n’a pas eu l’écho souhaité, surtout avec l’absence de deux pionniers de la scène politique, à savoir le RND et le MPA.
Lamia Boufassa